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Nous reprenons l’autoroute, et le silence s’est installé. Chacun dans ses rêveries..
A quoi pense-t-elle ?

Je ne me suis pas pris une tarte, c’est déjà ça.
Sa répartie m’a surpris et décontenancé.

Mais j'apprécie.

En plus d’être physiquement agréable, elle a de la personnalité ! Je la regarde d’un autre œil.
Je ne la vois plus uniquement comme l’objet du challenge que je me suis bêtement fixé, mais j’ai réellement envie d’elle. Elle m'attire.

C’est Guillaume qui reprend le premier la conversation avec moi.
« Je devrais faire comme vous et boire du café. Ca me ferait moins de mal que de fumer »

« Et il y a longtemps que vous avez commencé »

« Oui. Comme beaucoup, j’ai tiré mes premières tafs au collège »

« Et vous fumez beaucoup ? »

« Entre 5 et 10 cigarettes par jour »

« Vous n’avez jamais essayé d’arrêter ? »

« Non. Mais j’ai essayé la pipe »

Je jette un œil à Carole.
Jusque là, elle semblait indifférente à nos échanges, et à ce dernier mot elle tourne la tête, inquiète, vers son mari.
Peut-être se demande-t-elle quelle ânerie il va encore sortir.

Guillaume poursuit.
« Mais ce tuyau dur dans la bouche ! Je n’ai pas accroché »

Je bois du petit lait…

Et il prend à témoin Carole.
« N’est-ce pas chérie, que je n’ai pas aimé la pipe ? »

J’ai du mal à garder mon sérieux et Carole s’en aperçoit.

« Tu n’as peut-être pas assez insisté » Elle dit cela et elle ne peut s’empêcher de sourire.

J’adore ces phrases à double sens. Surtout quand l’un des sens n’est pas perçu par tous les personnages.

A condition que ce ne soit pas moi la victime.

Mis en confiance je rajoute.
« C’est peut-être une question de tabac ? »

Je vais bénir Saint Claude !

Guillaume persiste dans cette voie.
« Et vous Antoine, vous avez déjà essayé la pipe ? »
« Non, ça ne me tente pas »

« La pipe en bois, d’accord. Mais il y a d'autres pipes ? »
« … » Je ne comprends pas la question... ou je n'ose pas comprendre.

« Vous devriez essayer, c'est super »
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? » Je me crispe.

Alors Guillaume précise en s’exclamant.
« Cerise n’a jamais eu envie de tailler une pipe ! » Et il éclate de rire.
J’ai un moment de flottement avant de rire à mon tour. Mais un rire forcé !

Carole n’a pas perdu un mot de l’échange et elle paraît être aux anges de voir ma gêne, tant son sourire est épanoui.
« Bon Guillaume, on pourrait parler d’autre chose. Tu mets Antoine mal à l’aise, je crois »

Les dernières paroles de Guillaume m’ont effectivement troublé. Je ne sais pas si c’est du lard ou du cochon ? A-t-il déjà sucé un mec !

« Tu as raison ma chérie. Parlons d’autres choses »

Je remercie intérieurement Carole d’avoir mis un terme à cette discussion plutôt dérangeante.
Seulement pour moi apparemment.

Après un petit moment de calme, nous parlons de mes études en fac de sciences économiques, de mes loisirs, de ski, cinéma.
Je retrouve des thèmes plus classiques qui me permettent de me ressaisir.

Et régulièrement, je jette un œil dans le rétroviseur pour essayer de me faire une idée plus précise de Guillaume. Je le voyais plutôt « bas de plafond » mais je commence à revoir mon jugement.
Lui aussi m’observe et ça ne me plaît qu’à moitié !

Vers 13 heures nous nous arrêtons pour déjeuner sur une aire d’autoroute.

Je profite que Guillaume nous laisse prendre de l’avance pour fumer une cigarette.
« Carole, je voudrais vous poser une question… ça m’embarrasse un petit peu »
« Allez-y, posez là. Si je n’ai pas envie d’y répondre je vous le dirais »

« Bon, c’est à propos de la discussion de tout à l’heure … »
« Je m’en doutais un peu » et elle sourit.

« Oui, et je ne sais pas comment le dire… »
« Vous voulez savoir si Guillaume a déjà couché avec un homme ? » Carole m’enlève une épine du pied en devinant mes pensées.

« Ben…heu… oui, c’est ça »

Elle s’arrête et me regarde.
« Guillaume est bi. Et à l’occasion ça ne le dérange pas d’enculer ou sucer un mec… ou l’inverse »

La réponse est claire.
Et Carole n’a pas l’air le moins du monde embarrassée !

Sont-ils en train de me mener en bateau ?

En se remettant à marcher vers la cafétéria, elle poursuit :
« Est-ce que vous portez un slip en zinc »
« Pardon ! »

« Je crois que vous lui plaisez. Alors si vous vous baissez, faites attention à vos arrières »

Tout d’un coup, je ne me sens plus très bien.
De chasseur je deviens gibier… et ça ne me plaît pas du tout. Vraiment pas.

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