Je sais que c'est une mauvaise idée, mais j'ai toujours eu la faiblesse de vouloir pardonner. Alors je fixe son regard presque larmoyant, puis lui fais signe de me suivre. On arrive rapidement dans l’arrière-boutique… Enfin, plutôt le coin détente, comme l’appelait grand-père. Par contre, c'est tout aussi poussiéreux et sale.

J’attrape une vieille chaise en bois qui semble encore en état, puis la couvre d’un tissu poussiéreux que je secoue avant. D’un coup d’œil, je vois que personne n’est venu ici depuis des années.

• Tu veux à boire ? Je pense que le robinet marche encore, dis-je d’une voix calme, tandis que Lise tremble comme une feuille balayée par le vent. J’expire doucement, puis lui prends la main avant de m’agenouiller devant elle. Son regard évite le mien, ce qui m’irrite énormément.
• Eh ! Regarde-moi ! Ma voix se fait un peu colérique, mais c'est elle qui voulait me parler.
• Désolée... souffle-t-elle, presque inaudible. J’expire de nouveau.
• Bon… qu’est-ce qui t’arrive ? T’as changé, Lise.

Je ne peux pas m’empêcher de vouloir l’aider, même si je sais qu’elle m’a trahie autrefois. Je suis sûrement une cruche, mais c’est plus fort que moi. Finalement, elle me regarde avec timidité. Pourtant, autrefois, elle avait ce regard sauvage et assuré.

• Tu te rappelle Jack ? me lance-t-elle d’une voix fluette.
• Oh oui, c’est pour sortir avec lui que tu m’as humiliée publiquement. Ma voix se teinte de colère, et elle baisse de nouveau les yeux.
• Désolée...
• Arrête de t’excuser, dis-moi plutôt ce qui se passe.
• En fait… on s’est mariés après la fac et…
• Et quoi ? voilà, maintenant je suis curieuse
• Il s’est montré violent… et il…

Ok, je vois le tableau. Il la bat, ou je me fais des films ?

• Tu as prévenu la police ?
• Je… je peux pas…
• Pourquoi ?
• Je peux pas le dire…
• Et tu attends quoi de moi au juste ?
• Je… je peux rester ?
• Pourquoi tu veux rester ?
• S’il te plaît…

Super. Voilà que je me retrouve face à un nouveau choix. J’ai plusieurs options :

1/ Je la laisse rester et j'avise au fur et à mesure.

2/ J'appelle la police et j'essaie de voir de quoi il en retourne.

3/ Je lui dit de partir et je continue ma vie tranquillement.

Personnellement, je sais déjà la quelle je vais choisir, mais qu'en est-il de vous qui lisez ce passage de ma vie, qu'auriez vous fait, je suis curieuse de le savoir. Bien que personne ne vous force à me lire. D'ailleurs, j'ai ce vieux souvenir du lycée qui remonte, moi, me retrouvant nue en plein milieu de la cour, à cause d'elle... Merde je veux pas me souvenir de cette journée pourrie !