Comment sortir de la haine ? Tout d'abord faire le tour de la haine, inspecter les lieux à tâtons, comme si on était perdu dans le noir. Une fois que nos yeux se sont habitués à l'obscurité, j’allais dire à l’obscurantisme (quel lapsus), regarder tout autour de soi. En haut, et en bas aussi ! Il y a peut-être un panneau pour indiquer le chemin de la sortie...
Bon, on ne trouve rien, on est vraiment perdu, cherchons encore. Il y a une lueur verte, au loin... Approchons-nous d’elle. Il faut faire attention où on met les pieds, le terrain est boueux, ça pourrait déraper. Ce serait une bonne idée de tous se donner la main. En cas de glissade, on se retiendrait les uns et les autres, comme des alpinistes, en cordée.
Pourquoi ne pas appeler, à tout hasard ? « Ohé ! Y a quelqu’un ? Chut... Écoutez voir... Il m’a semblé entendre une réponse ! Ohé ! Y a quelqu’un ? » Ben non, pas de réponse, c’était juste l’écho de ma propre voix. Maintenant, on ferait mieux de se taire... On entendrait sûrement autre chose que le retour de nos pitoyables cris. Généralement, les gens perdus agissent en dépit du bon sens. Ne faisons pas comme eux.
La lumière verte ne se rapproche pas. Cependant, elle ne s’éloigne pas non plus. C’est comme qui dirait, une lueur d’espoir. Il y a longtemps qu’on marche dans le noir, on en a plein les bottes... On a envie de renoncer. S’il n’y avait pas cette lumière là-bas, tout au fond, je crois bien qu’on aurait déjà tous posé notre barda !
Enfin, nous y voilà, on se rapproche d’elle... Moins d’une lieue ! Comme elle brille ! On marche vers elle avec plus de vigueur ! Il y en a même qui courent ! D’autres se traînent à genoux... Ils ont encore un peu de force. Ils se mettent à chanter tous en chœur. Je ne connais pas les paroles de leur chanson pourtant je chante avec eux ! Quelqu’un nous intime de faire silence. On se tait.
Sur le bloc verdâtre, trois mots lumineux m’aveuglent. Nous sont-ils destinés ? Je plisse les yeux, j’arrive à distinguer un message, le divin message : issue de secours. Frénétiquement, je cherche des yeux cette fameuse issue de secours... Il n’y a pas l’ombre d’une ouverture ! Pas d’échappatoire ! Pas de sortie ! Aurait-elle été murée ? Et par qui ?
Serait-ce par nous ?