Une blessure avec sursis.

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Je suis une femme des plus ordinaires qui aime sa famille et son mari.

Je ne suis pas regardant sur son travail, car il est disons… un homme d’affaires très important, selon ses termes. Bien sûr, je sais qui il est vraiment, vente de drogues, d’armes, jeux d’argents et blanchiment de ces derniers. Je l’aide dans sa gestion comptable, après tous j’ai le diplôme.

Dans le nord de l’Italie, mon très cher Alberto Agnesio est important, ses relations avec les autres familles sont bonnes, lorsqu'il y a grand un projet, il fait partie des premiers contacter.

Dernièrement, il a implanté une branche en France.

J’ai un fils de dix ans Marco et une fille de huit ans Natalia, tous les deux sont à l’école, ils y sont amenés par une femme de confiance. Bien payer surtout.

Aujourd’hui dans notre villa, nous accueillons des membres importants des familles, des hommes uniquement. Il fait soleil dehors, mais un orage arrive au loin. J’entends son grondement.

Nous sommes tous euphoriques autour d’une table, la réunion se passe bien. Je quitte la table pour aller aux toilettes, à mon retour je vois leurs visages tétanisés.

Je vois mon mari, sans sa tête. Sans… Sa tête !

Une forme noire qui glisse sur la table. Le temps dehors est devenu si sombre et l’orage tonne soudainement plus fort qu’il ne le devrait ! Toutes les têtes sont tombées avec le tonnerre qui résonne dans toutes les pièces. Faisant trembler tous les meubles, toutes les vitres et mon cœur.

Je hurle « à l’aide ! » je fais à peine un pas en arrière que la masse se jette sur moi et me plaque contre un mur. Elle dit quelques mots en français, la masse est une femme, habillée d’un étrange costume qui est parcouru de veine lumineuse bleutée.

Quel châtiment va-t-elle m’infliger? Je ne veux pas mourir !

- Pitié, épargnez-moi je ...

D’un italien parfait.

- Épargnez-moi vos jérémiades Bianca Agnesio .

Elle connait mon nom ?!

- Surprise on dirait. Attendez la raison de ma venue, très simple à comprendre. Je ne vous aime pas.

Je pleure sous la pression de cette main et de son masque, un démon souriant qui va dévorer mon être.

- Pourquoi moi ?! Pourquoi nous ?! Ne nous somme pas les seuls à faire ce genre d’activité !

- Vous ne niez pas ; bien. Votre réseau de trafiquants va jusqu’en France n’est-ce pas ?

J’acquiesce.

- En France, une sœur a perdu un frère, à cause de vos produits et des gangs. C’est ainsi que j’ai commencé à vous traquer.

Juste pour ça ?! Parce qu’une pleurnicheuse se plaint d’avoir perdu son idiot frère ?! Ce n’est pas comme si nous l’avions tué !

- Vous vous moquez de moi ?!

Elle rit.

- Oui, sinon pourquoi à votre avis je souris ?

Elle serre encore ma gorge.

- C’est un très bon prétexte pour vous tuer, vous, les mafieux. Rassurez-vous, tout le monde profitera de votre mort, vos nombreuses victimes dont j’ai une longue liste de noms, ainsi que ma personne. »

- Garce ! Vous ne vous en tirez pas comme ça !

Elle me soulève d’une main.

- Et comment comptez-vous me nuire, petite comptable ? Vous ne savez que manier les chiffres et blanchir de l’argent, mais pour vous venger, vous en êtes incapable.

Même pour ça elle est au courant !

- Vous et votre mari auriez dû accepter ma proposition.

- Quelle proposition ?! Je n'en ai jamais entendu parler !

- Oh...

Elle lâche prise

- Il ne vous a rien dit.

J’essaie de fuir, mais sa lame sous ma gorge m’en empêche

- Restez, vous avez des enfants. Il serait dommage qu’ils soient orphelins aussi de leur jolie maman adorée.

Elle a raison, mais cela veut dire…

-Vous avez l'intention de m’épargner ?

Elle hoche de la tête doucement comme si la réponse pouvait changer.

- mais seulement grâce à vos enfants. D’ailleurs, vous êtes droitière ?

- Oui pourquoi ?

Elle prend mon bras droit et dit

- ne bougez pas.

Elle m’inflige une entaille, je n’ai même pas mal

- Une cicatrise pour vous souvenir que je suis bien réel, mais que je n’existe pas. Vous ne ferez nullement mention de ma personne à vos enfants. Je n’ai tué personne de votre famille et je ne vous ai jamais blessé. Souvenez-vous-en.

J’ai si peur.

- Je…

Elle a ce regard froid qui pénètre ma chair et engourdit toute volonté de me rebeller. Elle attend une réponse.

- Oui, j’ai compris.

- Bien, je vous laisse bruler la maison; personne ne doit voir ce massacre.

- Pourquoi donc ?

- S’il y a enquête pour meurtre, je vous tue.

Me dit-elle froidement tout en me tournant le dos

- Attendez ! Je veux savoir la vérité ! Avez-vous vraiment discuté avec mon mari ?

Elle se retourne

- La vérité ; tiens donc. Bien, je vais vous dire tout. J’ai laissé une chance à votre mari, qu’il cesse ses activités en France et me donne 80% de sa fortune personnelle. J’ai tué des gens appartenant à son organisation pour lui faire comprendre, mais il a refusé. Je l’avais prévenue qu’il était le prochain. Maintenant je prends tout.

- Je vais donc finir pauvre avec une maison joncher de cadavre.

- Rassurez-vous, je vous laisse de quoi vivre vous et vos enfants jusqu’à la fin de vos jours. Ainsi que l’équivalent en euro de votre maison qui va de toute façon bruler.

Elle contrôle ma vie, pour autant je peux encore user un peu de ma voie.

- Vous êtes lâche, vous ne pouvez même pas faire ça vous-même.

- Vous avez trois heures avant la venue de vos enfants, faite le deuil de cette vie en brulant tous. J’ai d’autres têtes à couper. C’est la raison pour laquelle je vous confie cette tâche ingrate, sinon je l’aurai faite moi-même.

Elle ouvre la porte d’entrée, le vent de l’orage s’engouffre, puis elle part avec ce dernier.

J’ai tous brulé, mentis à mes enfants, à leur nourrisse et aux autorités. Je n’avais aucun choix ! Mais au moins je suis vivante, entière et surtout toujours là ; apte à m’occuper de mes enfants. Je dois les protéger et mon silence y contribue.

Mais j’en souffre tellement, la nuit, seul dans mon lit, l’étreinte de mon mari me manque. Mes seuls compagnons sont le froid de la solitude et le souvenir oppressant de cette main noire. Je la sens encore sur ma gorge, appuyant sur mes cordes vocales dès que l’idée de parler me vient à l’esprit.

L’angoisse et les sursauts dus à mes cauchemars me dévorent lentement. L’entaille devient une honte que je cache avec des manches longues.

Plus tard, d’autres femmes, membres de la mafia, viennent me voir, des amies, des collaboratrices, des concurrentes.

Certains sont en larmes, d’autres ont le visage vide de toute émotion. Nous discutons de ces évènements avec la crainte qu’elles nous tuent pour ça. Mais tous ces sentiments doivent sortir, cette frustration et cette peine. Jamais elle ne nous a interdit de nous voir et n’a à aucun moment manifesté sa désapprobation de quelque manière que ce soit ; mais tout ceci reste risqué.

Nous décidons, malgré tout de continuer à vivre ; nos différents ont disparu. L’une d’entre nous Rosa a eu une idée, crée une entreprise de vente alimentaire biologique. Chacune de nous a trouvé cette idée intéressante, nous apportons nos savoirs et nos finances.

Amies dans la peine, réunie dans le même quartier, nous sommes collaboratrices.

Régulièrement, nous nous réunissons dans une de nos maisons ; cette pression se libère petit à petit. Quel plaisir de rire et se projeter dans le futur, oublier un instant son existence.

Aujourd’hui il pleut et c’est à mon tour d’accueillir mes amies.

C’est autour de la table avec du thé, café selon les goûts, que nous entamons des conversations futiles et innocentes pendant que nos enfants sont à l’école.

Je vais aux toilettes, quand je sors, l’orage tonne comme ce jour-là. Oh non, pas encore !

J’accours dans la salle à manger.

Elles sont en vie, mais inquiète de me voir aussi pâle. Rosa la première s’en étonne.

- Tu vas bien Bianca ?

Puis un éclair bleu illumine toute la pièce. L’ombre se tient au beau milieu de nous. Avec ce sourire et cette voix sombre.

- Puis-je me joindre à vous mesdames ?

Elle est là !

- Non !

Sournoise, elle se rit de ma faible opposition.

- Ce n’était pas vraiment une question.

De son index, elle touche la table puis tourne autour de cette dernière avec une démarche provocatrice ainsi qu'un déhanché exagérer tout en laissant son doigt glisser sur le bord.

- Alors on reprend les affaires à ce que je vois, mais toutes unis.

Elle s’assoit sur le meuble, les cuisses croisées, la main droite posée dessus et l’autre sur la gaine de son arme. Impossible de dire si elle joue volontairement la garce ou si elle en est une pour vraie.

Rosa qui halète, les yeux baissaient, ose malgré sa peur lui parler.

- C’est juste un commerce de produit biologique. Vous n’allez pas nous tuer pour ça ?

- Si je suis là, c’est pour vos petites réunions. Vous me mijotez quoi au juste ?

Elle nous jette des regards inquisiteurs.

-Alors, personne pour répondre ?

Je réponds

- Rien, Ombre Bleutée.

- S’il n’y a rien alors pourquoi discutez-vous ?

Adria, la plus forte d’entre nous physiquement hausse le ton et ose s’approcher.

- Nous n’avons plus de compte à vous rendre ! Vous nous avez punis assez sévèrement, alors maintenant vous allez dégagez de nos vies définitivement ou sinon !

En un battement de cil, l’Ombre la prend par le col et la plaque sur table, l’arme sortie, alors je hurle.

- Non, pitié ! Pas encore dans ma maison ! Ombre bleutée, n’avez-vous pas fait couler assez de sang !?

Tout en fixant Adria elle rétorque.

- Dans le cas où j’aurais voulu prendre vos vies, vous n’auriez même pas vu mon visage une seconde fois. Le sang, celui que vos maries ont fait coulaient, a marqué ce monde d’une douleur impossible à soigner même dans la mort.

Comme un prédateur, elle se redresse son cou et le haut de sa colonne vertébrale métallique saillante, tout en maintenant l’emprise sur Adria, je vois en elle une louve impitoyable. Elle a faim et le tonnerre continue de gronder.

- Alors je pose cette question, dont je connais déjà la réponse ainsi que la vérité qu’elle cachera. Dois-je à votre avis, me méfier encore de vous toutes ?

Adria n’a pas une once de crainte en elle. Tenant toujours tête à L’Ombre Bleutée.

- Vous avez peur de nous à ce point ?

L’Ombre lâche prise et laisse Adria libre de ses mouvements.

- Peur ? Moi ? La seule chose dont j’ai peur, c’est de la noirceur de mon cœur et de la violence dont je peux faire preuve. Alors, répondez ma question. »

Je réponds pour calmer cette situation.

- Non, vous n’avez aucune raison de vous méfier de nous.

« Vous parlez pour vous, la vérité, c’est que certaines de vos amies ont toujours des contacts au sein de la mafia. »

Certaines me fuient du regard.

Adria alors parle

- Je ne suis pas concerné par ça. J’ai envoyé balader tous mes contacts.

L’ombre approche son visage d’Adria.

- Vous croyez que je n’ai pas connaissance de vos faits et gestes ? Vous continuez à voir vos vieux amis. Notamment celui avec qui vous aviez trompé votre Mari.

Adria la gifle, mais sa tête bouge à peine

- Dois-je l'abattre lui aussi ?

La Silence brève, soutenue par Adria qui se mord la lèvre inférieure.

- Oui ; je vais le tuer. Il a repris des affaires en France.

Notre solide amie fond en larmes tout en essayant de cacher avec ses mains les yeux, mais en elle la colère monte en elle au point qu’elle devient rouge.

- Pourquoi faut-il que vous tuiez les hommes que l’on aime ?! D’abord nos époux, puis maintenant nos amants ! Ça suffit, je n'en peux plus !

Elle s’effondre totalement, le bras comprimé contre son buste. La tête inclinée en avant, laissant tomber ces longs cheveux châtain cachant son visage. Elle qui est d’habitude si forte la voilà réduite à une sorte de crise d’angoisse. Jamais je ne l’ai vue comme ça.

D’autres femmes laissent échapper des larmes, Rosa fait de même.

- Mon mari, il offrait toujours un cadeau à notre fils quand il rentrait de voyages. Il me manque tellement et je me sens si seul. Mon cœur à moi il est vide.

Je regarde mon bras et je me souviens

- Ombre bleutée.

Sans aucune émotion elle me soutient le regard. Alors je lui tends notre vérité.

- cette blessure, elle doit s’exprime. Pourquoi venez-vous nous empêcher de nous consoler ? Qu’allez-vous encore nous prendre ?

Et l’Ombre alors pointe sa lame droit sur mon cœur

- vos maris étaient bons avec vous, avec vos enfants. Mais ce n’est pas en tant que mari ou père que l’on juge un homme. C'est en tant qu’être humain. La souffrance, c'est elle qui m’a attiré à leurs victimes, la perte d’être aussi chère que l’étaient vos compagnons et le sont vos enfants. Aujourd’hui encore la souffrance m’a menée en ces lieux. La vôtre et celle que vous pouvez infliger à autrui, encore.

Adria lui hurle au visage avec toute sa colère et sa peine. Avec son caractère sanguin, j’ai peur que cette fois elle nous fasse un AVC.

- Mais nous y sommes pour rien cette fois !

Elle a de la salive qui coule de sa bouche en plus d’une respiration saccadée et soutenue. L’Ombre Bleutée la point avec sa lame pour mettre de la distance entre elles.

- Dites-vous porteuse d’une de mes marques, vous savez ce que je peux faire à celui que vous aimez. Comme vous saviez que j’allais venir ce jour de pluie. Pas comme votre amie Bianca et…

Elle regarde les autres

- pour la plupart mon arrivée n’était pas un mystère.

Et pour moi, ça l'était. Elles ne m'ont rien dit !

- Lors de nos rencontres, j'avais dit de ne pas parler de moi à vos enfants, celle qui les a faits orphelins de leurs pères, mais pour les autres mafieux dit le leur, ce que je peux faire.

Cécille qui était en retrait avoue.

- Moi, j’ai des dettes envers ces gens à cause de mon mari, mais aussi à cause de vous. Je n’ai ni enfant ni famille, vous m’avez tous juste laissé de quoi les rembourser !

Certaines d’entre nous ont ce genre de problème, Cécille est là plus en difficulté de nous. C’est aussi par solidarité que nous avons aussi décidé de monter cette entreprise.

L’ombre bleutée alors réagit, ces yeux se sont baissés comme sa lame. Une pensée de regret l'a peut-être traversée, mais je sens qu’une idée sombre lui est venue en tête au moment où elle redresse le tout.

- Alors je les tuerais tous. Je vois très bien que qui ont parle et je ne les porte pas dans mon cœur. Je vous ai pris vos maris, vos avenirs, alors je peux vous donner un nouveau départ.

Nous sommes surprises.

- Mais j’ai deux conditions. La première ; faites en sorte que vos contacts encore vivants sachent qui je suis. La deuxième ; vous collaborez avec moi.

Un démon qui vient enfin de nous dire ses intentions ; que nous signions un pacte.

- Vous nous demandez de trahir nos derniers proches.

- Vos proches ?

Elle rehausse son menton, ferme les yeux et soupire, comme fatiguer

- vos proches...

Dit-elle à nouveau plus longuement et calmement.

- Vous ont-ils aidés lors de votre faillite personnelle ? Ont-ils eu la bonté d'effacer vos dettes ?

La réponse est non, elle le sait, je réalise qu’elle les connait toute à l’avance, elle nous manipule, dans le regard de mes amies je sens qu’elles aussi comprennent cette réalité terrifiante.

Je réponds alors.

- Non.

Elle s’approche de moi, jusqu’à ce que je puisse sentir son souffle glacial et une odeur de réglisse

- Vous semblez comprendre la situation. Alors, choisissez.

Adria qui a repris son calme.

- Avons-nous vraiment le choix ?

L’ombre répond.

- Comme toujours, il vous appartient. Demain à midi je veux votre réponse.

Le lendemain, après réflexion et à contrecœur, nous, ses victimes, acceptons sa protection et ce qu’elle implique. À notre grande surprise, elle s’implique beaucoup. Celles qui avaient des dettes peuvent dormir apaisées entre deux terreurs nocturnes.

Mais en y pensant, ses objectifs concernant la mafia sont de la détruire et de la terrifier, ce dernier par notre biais est très efficace. Son nom, nous l’avons propagé, plus personne dans l’Italie n’ose penser au moindre projet à destination de la France et les rares qui s’y essaient se retrouvent avec l’ombre sur leurs traces.

Un jour comme un autre, ma sonnerie retentit. Une femme en pleure marquer comme nous qui attend au pas de ma porte ; elle s’est vue privée de son époux alors qu’ils étaient aux États unis.

Nous le savons tous, elle chasse, la trace qu’elle suit est le sang d’innocent, la marque de son passage est une blessure. Nous la portons toutes avec notre deuil et à jamais nous nous souviendrons.

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