La laideur de ce monde.

17 minutes de lecture

Dans une base qui sert principalement de terrain d’entrainement, je contrôle les entrées et les sorties de la base.

Aujourd’hui on a beaucoup de livraison en retard qui devait venir donc l’une d’entre elles est spéciale.

Rhaaa ; maudite neige, tous seraient plus faciles sans elle. Y compris poiroter attendant qu’un fou vienne à entrer dans la base à cette heure tardive de la nuit.

Toute ma vie j’ai attendu, déjà à l’orphelinat j’ai attendu que l’on m’adopte, j’étais trop turbulente ; résultat ? Me voilà dans l’armée. Au moins ça canalise mon énergie débordante. Ou devrais-je dire ; cela devait. Car mise à part prendre racine, je ne fais rien d’autre, et autant vous dire que je déteste ça.

Les camions arrivent, je vois leurs phares allumés au loin. Une fois qu'ils sont mon niveau, je demande le manifeste de livraison, ainsi que de voir les chargements. Je ne constate rien d’anormal y compris l'étrange coffre de métal rangé au fond d’un des camions. Oui j’ai fait du zèle en fouillant toute la cargaison et cela exaspère tout le monde. Si cela les gonfle ils ont cas me muter ailleurs !

On ne va quand même pas me faire des reproches, car je fais mon travail correctement !

Je les laisse entrer, je vais pour les aidées à décharger les camions et leur montré où ils doivent entreposer chaque cargaison. Dans l’entrepôt où je les emmène, il y a beaucoup d’armement, et d’ailleurs c’est justement ce qu’ils ont. Le camion qui a attiré mon attention c’est celui avec l’armoire de métal ; surement le chargement spécial, on m’a demandé expressément de le surveiller. Pourquoi moi ? Parce que c’est mon putain de job ! Plus sérieusement, car j’ai une bonne mémoire et que je sais où les choses se trouvent dans ce hangar. Oui, j’en passe beaucoup du temps là-dedans.

Tout est rangé à sa place y compris cette sorte de caisson blindé qui pourrait contenir un homme.

Me voilà maintenant seul à guetter encore une fois, près du caisson, mais cette fois en intérieur. L’avantage est que j’ai moins froid.

Quelqu’un arrive, c'est une femme en uniforme, un officier, elle porte une écharpe noire et des lunettes.

Je la salue.

Elle me dit repos.

- Alors voilà le chargement spécial.

Son accent est plutôt étrange, de quelle région elle vient ? Soudain, une explosion retentit à l’extérieur.

- Allez voir, moi je veille sur le caisson.

- À vos ordres !

Je sors en courant de l’entrepôt et je constate que l’explosion vient de l’endroit où on entrepose nos munitions.

Une minute, cette femme est une gradée ; pourquoi elle reste là-bas ?

Et si elle était là pour voler le caisson ?! L’accent !

Je reviens quatre minutes après l’avoir quitté, le caisson est ouvert. Je pointe mon arme sur la grader.

- Mains en l’air !

Elle semble coopérer.

- Retournez-vous !

Ce qu’elle fait.

- et bien vous m’avez percé à jour…

Je tire à ses pieds ; elle ne flanche pas.

- Taisez-vous !

Deuxième explosion.

- Vous êtes l’autrice de ces détonations ?!

- Il va falloir vous décider ; dois-je me taire où dois-je au contraire m’exprimer ?

- Répondez à ma question simplement ! D’ailleurs vous n’êtes pas russe, votre accent vous a trahi. Qui êtes-vous ?

- Si je réponds, votre vie sera condamnée à changer d'une façon insoupçonnée.

Elle pose sa main sur le caisson

- Ce qu’il y a là-dedans n’appartient pas à la Russie.

Je lui hurle.

- les mains en l’air ! Et arrêtez vos énigmes à la con !

Elle sort quelque chose du caisson, une sorte d’armure.

- Regardez-moi ça. N’importe qui portant cette armure devient une machine de guerre.

Je tire dans son genou, mais elle ne bouge pas. Elle regarde sa jambe ; la balle retombe. C’est impossible !

-Vous n’auriez pas dû faire ça. Selena Belov.

- Mettez-vous face contre terre ; exécution !

Quelque chose se fracasse contre l’entrepôt, j’entends un moteur qui rugit comme un tigre, l’engin surgit de derrière elle, projetant les éclats des caisses en bois et leur contenu. Des Lumières de phares m’aveuglent, je peux à peine distinguer l’engin.

Un char a l’allure étrange, comme si c’était une voiture de sport, mais avec une tourelle, des chenilles et pas de vitre bien sûr.

- Je n’imaginai pas partir avec un si joli souvenir de Russie.

- Pardon ?!

Elle court vers moi, j'ouvre le feu sur elle avec mon arme. Son uniforme brule littéralement d’un feu bleu, il s’estompe et elle disparaît.

Puis je me fais saisir par la gorge et un bras s’enroule autour de mon ventre.

- Derrière vous.

J’essaie de la fuir, mais elle a une force incroyable et me désarme.

- Vous allez venir avec moi.

Elle me met sur son épaule comme si j’étais un vulgaire sac et me balance dans son char puis ferme l’écoutille!

J’entends qu’elle charge l’arrière, j’essaie de manipuler l’engin, il n’obéit pas !

La revoilà ! J’essaie de sortir, son pied se colle à mon visage pour m’enfoncer dans l’habitacle.

- Restez là, blondinette aux yeux bleus.

Elle ferme avec rapidité l’écoutille.

Je me débats avec elle, mais elle me plaque contre la paroi avec une main et conduit de l’autre, je sens une sorte de joystick se planter dans ma cuisse. Elle porte un masque souriant, noir, des yeux bleus et une sorte de combinaison noire imitant un corps écorcher.

- Vous avez décidé d’être pénible ; très bien. Dommage, j’allais vous autoriser à vous assoir sur mes jambes ; à la place vous serez obligé à rester dans cette posture inconfortable entre mon bras et ma commande de tourelle.

J’entends une explosion, très fort, ça tremble.

- Qu’est-ce qui se passe ?!

- J’ai fait sauter tout l’entrepôt.

- L’entrepôt ?!

Des images apparaissent devant nous, le feu nous entoure !

- Vous êtes complètement malade !

- On ne risque rien.

Elle avance dans les flammes, sors vers l’aérodrome

- Ils doivent tout avoir évacué maintenant.

- Mais qu’est-ce que vous allez faire ?!

Le char détruit nos avions au sol ainsi que nos hélicos en leur tirant dessus avec son canon principal. La tour de contrôle a son antenne qui explose en des centaines de fragments.

- Putain de …

-Arrêtez de vous agiter comme ça, vous allez vous faire mal.

- Mon cul oui ! Vous n’en avez rien à faire !

Elle se met à glousser comme un dindon, j’aimerais tellement la rôtir avec un lance-flamme !

- Justement, c’est pour ce dernier que ça m’inquiète.

- Lâchez-moi !

- D’accord.

Elle m’éjecte derrière, je saisis l’occasion, l'écoutille est verrouillée !? Je la regarde, elle a appuyé sur un bouton rouge avec un verrou. D'où il y a une option sécurité enfant dans un tank ?!

- Vous n’avez toujours pas compris, tout est automatisé. Je n’ai même pas besoin de commande pour conduire cet engin ou pour l’ouvrir.

J’enrage d'être aussi impuissante ! Je hurle et cogne cette saleté d’écoutille ! Des années d'entrainement pour être au final arrêté par une pression de bouton !

- Je sais, c’est frustrant. Oh…

- Quoi, oh ?

- Aucun de vos petits camarades n'essaye de nous poursuivre ; c’est merveilleux. De plus une tempête va nous tomber dessus. Ça va effacer mes traces.

Elle s’enfuit dans la forêt et son véhicule des enfers n’est même pas ralenti par la tempête alors que nos chars eux se seraient arrêtés à cause de la visibilité quasi nulle.

Je remarque que du sang coule, une blessure légère à la gorge. Elle a de sacrés ongles en même temps, ou des griffes. Bref, ce n’est qu’une égratignure.

- Vous conduisez à l’aveugle avec toute cette neige, vous allez nous tuer !

- Vous êtes bien sotte de croire que je conduis à l’aveugle, je connais chaque arbre de cette forêt ainsi que le lac gelé vers lequel je me dirige. J’ai tout prévu, sauf vous.

- Vous allez me jeter dans le lac ?!

- Si mon intention était de tuer un soldat russe, j’aurai fait exploser toute la base.

- C’est ce que vous avez fait.

- Uniquement les véhicules et les systèmes importants de la base. Il leur faudra une journée avant de pouvoir prendre contact avec Moscou ; il m’en faudra moins pour quitter ce pays.

On s’arrête au milieu du lac de glace. La femme en noir sort du véhicule et je fais de même ; le froid mord ma chair et mes os.

Elle fixe du regard le sol un instant et le tâte du pied, ce qui est un peu tard pour ça. Ensuite c'est moi qu'elle fixe.

- Vous n’essayez même pas de vous enfuir.

- Si je fuis, je meurs de froid.

- Et si vous restez là, vous mourez. Montez dans le char.

La glace est étrange devant nous, lumineuse. Elle se craquelle de part et d’autre, des vapeurs d’eau en sortes.

- Mais qu’est-ce que…

La réponse sort en brisant la glace, une masse plate est embrumée de vapeur, en son centre il y a un œil bleu lumineux qui bouge et balaye tout du regard pour se focaliser sur nous. Deux autres apparaissent toujours au même endroit ; je suis au centre de son attention, comme si la chose était vivante et qu'elle m’a reconnu comme étant un danger potentiel. C'est le sentiment qu'elle me donne.

L’ombre fait un signe de la main, il s’approche et sors de la brume.

Son bruit de réacteur remplace celui du vent, un halo bleuté l’entoure et des flammes sortent du ventre. C’est un engin d’au moins cent mètres d’envergure et de quarante de longueur, une sorte d’aile delta noire similaire a un bombardier furtif américain b-2 spirite en plus mastoc. Autour du cockpit sont disposés en triangle les trois yeux qui m’épient. Il se place juste au-dessus de nos têtes et une trappe s’ouvre lentement.

Puis étrangement plus aucun flocon ne tombe autour de nous, j’ai des picotements au bout de mes doigts, tout est si silencieux et paisible. Mes poils ainsi que mes cheveux se hérissent ; celles de ma kidnappeuse flottent alors qu’il n’y a plus de vent. Elle me saisit le bras.

- Montons sur le char.

Ce que l’on fait pour aux finales se retrouvait attrapé par huit bras articulés pourvus de mains. Elles pourraient me broyer sans difficulté. Je me retrouve dans la soute de l’engin qui se ferme, l’intérieur est chromé de noir, l’appareil est étonnamment spacieux.

- Bel engin n’est-ce pas ? Je l’ai conçu moi-même.

- Quel pays serait assez fou pour envoyer un tel prototype juste pour prendre un coffre !

Elle ouvre celui du véhicule, sort et ouvre le caisson en chuchotant des mots dans une langue familière. Où l’ai-je entendu ?

Cette armure de métal polie qu'elle caresse du bout de ses doigts semble plus précieuse que je ne serai l’expliqué à ses yeux. Elle fixe la visière blindée en forme de V. Elle l’observe comme une mère qui a reconnu son enfant. Elle la manipule avec soin, amenant la main jusqu’à elle délicatement, encore, prononçant des mots teintés de déception.

J’en reconnais un « pauvre… » Ce n’est pas de l’anglais pour sûr !

- vous êtes française.

Elle repose l’armure et ferme le couvercle tout en se tournant vers moi.

- En effet.

- Alors la France a décidé de…

Elle me coupe.

- Ne rien faire, comme d’habitude. Je suis seule maîtresse de mes choix et de mes actions.

C’est me prendre pour idiote, de croire que je vais gober ça. Vous ne me duperez pas.

Et le dindon recommence à se moquer.

- Vous êtes déjà dupé, votre uniforme en est la preuve. Maintenant, allez vous assoir près de la porte là-bas et attachez votre ceinture.

-Non je…

Elle m’attrape et m’oblige à m’assoir, la ceinture se ferme sur moi.

- Bien, maintenant j’ai un itinéraire à confirmer.

La porte blindée à coter de nous s’ouvre, c’est celle du cockpit, une seule place.

Elle se referme, ensuite vient une accélération que je ressens. Le char maintenu par les mains, ne bouge pas d’un seul centimètre.

J’entends les réacteurs accélérer, quelques turbulences secouent l'avion, jusqu’à ce que tous se stabilisent.

La porte s’ouvre

- Entrez donc j’ai une surprise. »

La ceinture me libère, j’entre dans le cockpit et quelle belle surprise.

Nous sommes si hauts que les nuages sont tous en dessous de nous. Le soleil à l’horizon rouge comme un rubis se lève et s’extrait des nuages teintant le ciel de nuance d’orange flamboyante, il fait place au bleu petit à petit.

- C’est beau n’est-ce pas ?

Je peux qu’acquiescer, son engin fait lentement demi-tour pour se diriger vers l’ouest.

- L’aube va nous suivre un moment.

J’entends l’accélération, lente, mais l’aube ne nous rattrape pas, il commence même de nouveau à faire nuit. Je retourne m’assoir. Quelque temps après, au ressenti de la décélération, je dirais que l’on est arrivée. Je sors de l’engin et qui se trouve dans un hangar sous-terrain à l’éclairage jaune.

- Bienvenue dans mon antre secrete.

Dis ma kidnappeuse avec enthousiasme ; elle a presque bondi en disant cela. C’est une barge ; elle aura beau vouloir se donnait un air sympathique, il en est rien.

La cargaison est sortie de la soute et quant à moi, j’attends mon sort. Il y a une porte qui mène surement à l’extérieur, mais je sais déjà qu’elle est verrouillée comme le char.

Elle remarque enfin mon attitude après avoir passé une demi-heure à s’occuper de son matériel et de l’armure voler qu’elle a branchée sur des appareils reliés à un moniteur géant en suspens.

- Vous êtes bien silencieuse Selena Belov.

- J’espérai que vous m’oubliez. D’ailleurs votre nom ?

- Ombre Bleutée. De plus, comment oublier un bagage comme vous? C’est tout bonnement impossible. J’y pense.

Elle montre ma base qui passe aux informations russes.

- ils sont très réactifs dans votre pays.

Je souris.

- Évidemment, il ne leur faudra pas longtemps avant de découvrir qui est le responsable.

J’entends des mots comme terroriste, elle se bidonne et tape son ventre à mainte reprise.

- évidemment les islamistes sont accusés vu que les explosifs viennent de chez eux.

- Pardon ?!

Elle tourne sa tête, essuie une larme qui coule de l'un de ses yeux.

- vous avez vraiment cru que je me serai ennuyée à en acheter? Pourquoi donc alors que je peux tuer des radicaux islamistes et renvoyais aux Russes leurs armes ?

Je vois où elle veut en venir.

- Vous nous accusez de fournir des armes à nos ennemis, mais vous savez très bien que depuis l’effondrement de L’URSS il y a des tas d’armes qui circulent librement.

- Rien n’empêche le gouvernement russe de les reprendre et de les renvoyer. D’ailleurs, il me semble qu’une fois un convoi humanitaire russe était suspecté de donnée des armes à des terroristes. Comme ceci est étrange.

Inutile de lui parler.

- De toute manière les Russes sont les méchants, vous nous en voulez et cherchez des prétextes pour justifier votre haine, ainsi que votre politique anti-russe.

- En même temps, vous nous en donnez la preuve chaque jour, n’est-ce pas vous qui faites des invasions préventives, car vous considérez les autres comme une menace ? Laissez-moi rire, en quoi les Ukrainiens et les peuples de la baltique sont-ils une menace pour la grande Russie ? La vérité c’est qu’il y’en a quelques-uns parmi vous qui veulent une domination russe sur le monde et pour ça ils feront de l'ingérence tout en soutenant les pires criminels de guerre du monde.

- Parce que vous êtes meilleur peut-être ? Il me semble bien que votre pays fît de même avec Napoléon.

Elle se moque de moi

- Oh oh , la phrase magique , vous avez fait pareils. On sent bien la propagande de victimisation du régime russe paranoïaque, qui dit grossièrement, ce n’est pas nous les vilains, ce sont les autres, regarder il y a des siècles déjà on était des victimes. Ou alors. Ah, vilain impérialiste colonisateur occidental, tout est de votre faute si telle ou telle région est instable, ce sont les faits. Oui, ce sont des faits et alors ? Cela excuse vos crimes ? Moi j’ai une histoire du présent à vous raconter. Le saviez-vous…

Elle caresse mon cou, il n’y a ni agressivité ni tendresse. Elle cherche juste à m’atteindre, moi et ma foi en la Russie.

- En Russie, un groupe de hackeur se livrait à un acte de piratage informatique sur une centrale nucléaire, juste pour pénaliser une industrie. Le saviez-vous…

Elle tourne autour de moi comme un vautour cherchant une faiblesse.

- On a tenté de truquer nos élections en France et aux états unis. Oh le saviez-vous, ma chère blonde aux yeux bleus acier ? Le saviez-vous…

J’attends, mais rien ne vient.

- le saviez-vous, quoi ?

- Le saviez-vous que le mensonge se pare des plus beaux atouts et que la vérité est laide, affreuse et insondable ?

J’ai envie de le dire, oh oui, dit lui.

- Comme vous.

Elle me prend le menton.

- Mais c’est qu’elle a du répondant, la petite soldate. Évidemment votre pays n’est pas le seul à faire tout cela, mais avouez-le, vous êtes tout aussi coupable que les autres.

Je rejette sa main qui essaye d’avoir une emprise bien plus vicieuse que physique.

- Ça suffit, tuez-moi ! J’en ai assez de vous entendre !

- Mais, vous êtes déjà morte, regardez.

Sur l’écran s’affiche mon nom, au journal téléviser de mon pays on parle de moi.

- morte pour la patrie. Félicitation Selena Belov, pauvre orpheline.

- Je… Attendez… Comment…

-Je sais tous de vous, votre nom, ainsi que...

Elle secoue sa tête de surprise.

- Oh ça alors… Elle se tait un moment.

- Quelque chose vient à moi ; une nouvelle vérité. Par toutes les divinités et les saints qui ont existées. Jamais je n’aurai cru ceci possible …

Le ton de la peine ? Elle m’observe avec un intérêt très fort.

- Je ne suis pas superstitieuse, mais là, je vais finir par croire au destin.

- Quoi ?

- Ma pauvre chérie.

Pourquoi ce ton de compassion soudain ?!

- Oui et alors !? Je ne connais pas mes parents ni les noms de mes ancêtres ! Oui je porte un nom de famille qui ne m’appartient pas vraiment, c’est quoi le problème !?

- Cette fois, ce n’est vraiment pas drôle.

Dit-elle sans émotion.

- De quoi on parle ?!

- Vous voulez le savoir pas vrai, cette vérité laide et affreuse que j’ai eue.

- Non !

- Oh que si vous voulez la connaître, mais si cela vient de moi, vous aurez du mal à le croire. Votre sang m’a révélé quelque chose de sordide.

- Mon sang ?

Elle me montre sa paume grande ouverte, avec mon sang dessus.

- Oui, celui-là même que j’ai prélevé avec mes ongles.

Je ne la crois pas et elle le comprend.

- Je sais, je sais, c’est ridicule dit comme ça. Mais j’ai des outils performants. J’ai comparé mes résultats à ceux de la police judiciaire russe.

- La police ?

- Oh oui, regardez-vous, prête à croquer la pomme rouge à pleines dents, le péché interdit de votre gouvernement.

- Vous mentez.

- Je suis tous sauf une menteuse.

- Dans ce cas, dites-moi la vérité.

- Vraiment ? Oh non, je la garde, à moins de me faire une promesse.

- Laquelle ?

- Je suis sûr que vous allez aimer, elle est toute simple. Confirmer cette vérité.

- Si ce n'est que ça, alors j’accepte.

- Fort bien ; la vérité, la voici. Vos parents sont morts assassinés, peut-être même par le régime. J’ai même leurs noms, regardez donc.

Quand je vois leurs visages, une partie de moi me chuchote.

- C’est bien eux…

Et pourtant je refuse de le croire, ma mère, elle me ressemble, non, c’est une coïncidence !

- Non, non, ça ne peut pas être vrai.

Mes jambes me portent plus, l’ombre bleutée me rattrape. Je me ressaisis et la frappe au visage pour ensuite lui hurler.

- Comment osez-vous vous servir de ça pour me faire du mal ! Vous êtes ignoble !

Elle reste stoïque.

- Je vous avais prévenu, Selena Belov ou devrais-je dire, Selena Alexandrovna Blinov.

Je vais cogner plus fort, mon poing est saisi ; la vache, elle serre fort !

- Aïe ! Mes doigts craquent ! Lâchez-moi !

Ce qu’elle fait ; j’ai cru qu’elle allait me les réduire en miettes.

- Faite moi plaisir Selena ; allez donc confirmer cette information.

- Je ne suis pas à votre service !

- Certes, mais si on ne connaît pas le fin mot de cette histoire, on va avoir du mal à dormir toutes les deux. Je vais apporter toute mon aide pour que vous puissiez découvrir la vérité.

Elle me tend la main comme si ses intentions sont évidentes pour moi.

- Alors ? Vous allez rester là à attendre comme vous l’aviez faite toute votre vie? Ou vous allez prendre en main votre destin ?

Serrer cette main, c’est trahir mon pays, mais si c’est vrai, alors on m’a déjà trahi. Oh non, bon sang cette torture !

J’ai peur, de tout savoir et pourtant j’ai accepté.

Si elle a raison, je ne pardonnerai jamais à la Russie cette trahison, si elle a tort, alors au moins je saurais jusqu’à quel point l’Ombre Bleutée est détestable.

- Mais attendez, comment je vais faire ?

- Avec mon aide et mes outils, ce sera très facile.

- Mais plus encore.

La lueur azur s’intensifie un peu plus.

- Ont va trouver un ancien du KGB qui a fait ça et on lui soutirera toutes les informations avant de le tuer.

- Ont ?

- Oui ; on ira ensemble. Vous toquerez à sa porte, vous direz votre nom, il répondra par ; c’est impossible. Nous révèlerons les informations que nous possédons, il crachera le morceau et ensuite nous le tuerons.

- Non, mais sérieusement ? Ça ne se passera pas aussi facilement Ombre Bleutée. Ces gens-là ne parlent pas et…

- Il a une famille.

Elle plaisante là ? Oh mon dieu, ce regard déterminé et pénétrant ; elle ne plaisante pas !

- Je refuse de menacer…

- Je menace, vous posez vos questions ; inutile d’en arriver à l’action, le sous-entendu suffira et s’il faut j’emploie les grands moyens.

Je n’aime vraiment pas ça…

- La torture ?

- Oui, sur le physique et le psyché en plus des menaces ; en précisant bien que ce n’est pas moi qui irait faire du mal à sa famille, mais les services internes de son pays.

- Vous pouvez faire ça ?

- Avec l’attaque de la base, un simple coup de fil et des preuves fabriquées qui mènent à certains membres de sa famille ; oui.

Mon souffle est coupé ; je n’en reviens pas. Comment peut-elle osez dire des choses si graves aussi et abjecte ! On parle d’individus innocents dont des enfants ! Enfin, j'imagine qu'il y a des enfants.

- Vous êtes une grande malade ! Vous ne pouvez faire ça ! En plus des études, montre que ce genre de procédé peut pousser les gens à dire des vérités qui ne le sont pas !

- Mais on les a ; tout ce que vous demanderez ne sera que des confirmations.

- Je refuse de le faire ainsi !

- Alors vous n’aurez jamais d’aveux ; une réalité alternative tout au plus. Mais jamais la vérité pleine, entière et absolue, comme ce qui s’est vraiment passé ce jour-là. Comprends les motivations réelles derrière ce meurtre ; connaître l'origine des décisions tout en n’oubliant pas de demander l’intérêt de chacune des parties prenantes de cette affaire. Et sans compter le pourquoi on vous a épargné. C’est surement l’une des plus fascinantes des interrogations sachant qu'ils n'épargnent personne.

- ça n’en reste pas moins abominable !

Dis-je plus sèchement.

- ces gens-là ne se soucieraient même pas de savoir si cela l’est oui ou non. De plus, ce n'est que justice de leur faire sentir cette peur de perdre un proche.

- Mais là encore ; qui vous dit que ça se passera comme prévu ?

- Moi je le dis, ce que je prévois s’accomplit dans les grandes lignes. Mon plan est parfait et le moindre imprévu a déjà une réponse adéquate en arme létale ou non.

Exaspérant.

- Dire que c’est nous que l’on caricature comme étant des gens à la gâchette facile et au sang chaud.

- Et sinon ; appliquons-nous mon plan ou pas ?

-Rhaaa… seulement si ça ne va pas plus loin que les menaces.

Son hochement de tête et trop accentué à mon goût, celui d'une enthousiaste fanatique qui est persuadée d'avoir convaincu quelqu'un.

- Vous verrez ; tout va bien se passer.

J’espère du plus profond de mon âme que je n’aurai pas en plus de la trahison, des meurtres sur la conscience.

Annotations

Vous aimez lire Wilfried.c ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0