Chapitre 13

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Dahlia et moi rejoignons la sortie du palais et arpentons les rues du centre d’Eldora. Les habitants nous jugent du regard ou chuchotent dans notre dos. Je me retiens d’en attraper un et de lui dire que l’on n’a pas tous la chance de pouvoir s’acheter des vêtements et des accessoires à des prix exorbitants.

- Tu crois que le plan d’Ambre fonctionnera ? me demande Dahlia en passant sa main dans une robe verte posée sur un étalage.

- Je n’en sais rien, mais j’espère. Arrête de regarder des robes, Dahlia, soupiré-je en la tirant.

- Attends, tu me demandes d’arrêter de vivre dans le luxe alors que c’est la première fois que j’en ai l’occa…

- Dahlia, coupé-je, exaspéré.

- D’accord… cède-t’elle en lâchant la robe.

Nous nous éloignons du marché pour rejoindre les lotissements moins luxueux. Ce côté de la ville est plutôt calme, les habitations sont moins extravagantes et se ressemblent toutes. Nous longeons un étang avant de nous poser dans l’herbe verte.

- J’adore cette ville, murmure Dahlia en attrapant une fleur. J’y resterai pour toujours, si je le pouvais.

- Tu aimes surtout l’idée de vivre dans un palais…

- C’est vrai…

Elle rit, se lève et me tend la main.

- Et si tu me montrais ton niveau de combat ?

- Ici ?

Je désigne les habitations et les gens richement habillés qui passent. Dahlia hausse les épaules.

- Allez ! Tu ne pourras jamais me surpasser, j’en suis sûre.

- Un jour, j’y arriverai, grincé-je en me relevant.

- On verra. Pour l’instant, je suis plus forte que toi, et je vais te le prouver.

Je me place face à elle, les poings légèrement serrés. Elle se met à courir autour de moi, ses boucles brunes flottant derrière elle.

- Tu ne me toucheras pas. Je suis trop rapide, lance-t’elle avec un sourire arrogant.

Je fonce, prêt à l’attraper et à la frapper, mais elle bondit en arrière et je tape le vide. Elle rit.

- Je le savais. Tu es encore trop nul.

- Tu es sérieuse ? m’énervé-je.

- Non… Mais en tout cas, je t’ai vexé… Tu es susceptible !

Dahlia éclate de rire à nouveau et je rougis.

- Je ne suis pas susceptible.

- Oh que si ! Ça aussi, il faut que je te le prouve ?

- Laisse-tomber.

Je m’avachis dans l’herbe et elle s’allonge à mes côtés.

- Aaah, Hyuk, je t’aime bien, tu sais ! s’exclame-t’elle.

Je la regarde, surpris par sa déclaration. Je m’attends à une plaisanterie, mais il y a de la sincérité dans ses yeux. Je me sens un peu gêné, ne sachant quoi répondre.

- C’est… gentil.

Dahlia se tourne sur le côté pour me regarder, un sourire en coin. Elle hausse les sourcils, visiblement amusée par mon malaise.

- Tu es trop sérieux, Hyuk. Il faut que tu apprennes à vivre un peu.

- Je suis sorti de prison il y a à peine sept mois.

- Et alors ? Ne te cherche pas d’excuses, tu n’en as pas.

Elle roule de sorte à être allongée sur le ventre et commence à faire des couronnes de fleurs. Elle en pose une sur sa tête.

- C’est ma mère qui m’a appris quand j’étais petite.

Elle tire légèrement la langue, une habitude qu’elle a lorsqu’elle est concentrée.

- Tes parents… ils sont où ? demandé-je.

- Morts dans une tempête qui a frappé Sorrana. La ville a été reconstruite rapidement, en huit ans.

- Ils sont décédés quand tu avais sept ans ?

- Oui… Bravo, je vois que tu sais faire des maths. C’était une bonne idée d’aller à l’école. Passe-moi la marguerite qu’il y a à côté de toi.

J’arrache la fleur et la lui tends. Pourtant, je remarque un trouble, et j’ai l’impression qu’elle ne m’a pas dit la vérité sur ses parents. Que depuis le début, elle me ment sur son passé.

- Merciiii !

Je souris légèrement et soupire.

- On devrait rentrer au château.

- Mais pourquoi ? On est bien ici.

Je hausse les épaules.

- Il n’y a rien à faire.

- Il n’y a rien à faire au château non plus, me fait remarquer Dahlia. Je vais t’apprendre à vivre, tiens… En ayant vécu dans une prison, tu n’as pas dû voir ou faire grand-chose… Tu sais grimper aux arbres ?

- J’ai une tête à vouloir grimper aux arbres ?

- Tu as une tête à vouloir mourir, surtout. Viens, je te montre.

Dahlia lâche sa couronne de fleurs et se redresse.

- Tu es en robe.

- J’ai une protection en dessous, sourit-elle en relevant la jupe pour dévoiler un pantacourt.

Elle s’approche d’un arbre et s’agrippe à une des branches, avant de poser son pied sur une autre. Je la regarde faire, et elle atteint rapidement les hautes branches.

- Tu me rejoins ?! hurle-t’elle.

- Je ne sais pas monter !

- C’est simple, allez, essaie !

Je m’approche de l’arbre et prends appui sur une racine. La première branche craque et je sursaute, ayant peur qu’elle se casse sous mon poids.

- Hyuk, tu es aussi lourd qu’une plume, la branche ne va pas casser ! lance Dahlia, mi-moqueuse mi-amusée.

Je grimpe prudemment pour éviter de faire une chute embarrassante. Je parviens à me hisser sur une branche à peu près stable.

- Tu as vu, ce n’était pas si compliqué, dit-elle en descendant pour me rejoindre.

- Je préfère être en bas.

- Et moi, je préfère être tout en haut, pourtant je suis redescendue à cinq centimètres du sol pour toi. On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Allez viens, on grimpe un peu plus.

J’obtempère et la suis à travers les feuillages. Je me griffe avec des branches et quand j’arrive en haut, j’ai les mains égratignées et le visage pleins de griffures. Dahlia se moque à nouveau.

- Tu ne trouves pas qu’on est bien, là ? On ne voit, on n’entend personne. Ici, il y a juste toi et moi.

Je grimace.

- Si tu le dis.

J’observe le château au loin et soupire. À l’heure qu’il est, Lucy répand des rumeurs sur Hyujin et Aria.

- Redescendons.

Dahlia dévale les branches rapidement, me laissant seul en haut.

- Hé ! crié-je.

- Descendre c’est plus simple que monter, débrouille-toi !

- Dahlia, je… enfin… j’ai… j’ai peur du vide ! finis-je par dire, les joues brûlantes.

J’entends son rire d’ici et je me renfrogne.

- Je te déteste, c’est à cause de toi que je suis bloqué en haut !

Dahlia éclate de rire en bas de l’arbre, amusée par mes réactions. Je serre les dents et regarde en bas, le cœur battant. Je suis sûrement ridicule. Pourquoi faut-il que Dahlia me fasse perdre ma dignité ?

- Tu rigoles, mais je vais finir par me casser la figure.

Pile à ce moment-là, la branche sous moi craque bruyamment. Je me fige et tente de calmer ma respiration. La branche se brise sous mon poids et je hurle. Je n’entends plus Dahlia rire, mais plutôt crier :

- Accroche-toi à une branche !

Je fais ce qu’elle me dit mais je n’ai pas assez de force dans les bras. Je me rapproche dangereusement du sol, alors je crie plus fort et ferme les yeux.

Deux bras amortissent ma chute. J’ouvre les paupières et vois Dahlia qui me retient. Déconcerté, je la regarde dans les yeux. Elle me redresse et je me mets debout. Je m’éloigne le plus possible d’elle, gêné.

- Merci… susurré-je.

- Mais de rien… Allez, rentrons au château !

Elle sourit et tourne les talons.

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