Les déchirures

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Si vous demandez aux sages ce qu’ils savent de la nature du monde, vous aurez droit en guise de réponse à de surprenantes questions : "Lorsque vous rêvez, le monde et les créatures de votre rêve ne vous semblent-ils pas aussi réels que le monde dans lequel vous vivez ? Jusqu'à votre réveil, pouvez-vous faire la différence entre ce rêve et le monde réel ? Et même en ce moment, comment pouvez-vous savoir que vous ne vous trouvez pas dans un rêve ?" Vous n’aurez guère le temps de vous interroger réellement qu’ils vous diront qu’on ne peut faire la distinction entre un rêve et la réalité parce que, simplement, nous vivons tous dans un Rêve. Un rêve démesuré qui englobe le monde et toutes ses créatures, né des songes des plus grands rêveurs, les Dragons. Les songes de ces Grands Rêveurs forment le monde dans son ensemble ainsi que toutes les créatures qui l'habitent. Mais si leurs songes se mêlent pour former le monde, chaque personne qui vit en ce monde trouve sa source dans le rêve d'un seul dragon. Tant que dort le dragon qui vous rêve, vous vivez dans le rêve des dragons. Mais lorsqu'il se réveille, et les dragons se réveillent toujours à un moment ou à un autre, votre étincelle de vie s'éteint. Il ne reste de vous qu'une dépouille mortelle car elle fait partie de l'ensemble du rêve des dragons. Heureusement, les dragons se rendorment toujours et reprennent le cours de leurs rêves. Quand votre dragon retombe dans les songes, votre vie reprend, ailleurs, loin de l'endroit où vous avez vécu. Une nouvelle vie commence réellement pour vous.

Vous pouvez voir cela comme les élucubrations d'esprits séniles tant cela semble fou ou stupide mais il y a les hauts-rêvants, ces hommes et ces femmes capables d'altérer la réalité du monde, capables de magie. Ces hauts-rêvants savent approcher les Grands rêveurs et à leur murmurer à l'oreille des paroles qui vont troubler leur sommeil et altérer le cours de leur rêve et donc le cours de notre réalité. Mais approcher ainsi de la conscience des dragons ne se fait pas sans péril et des cauchemars terribles viennent régulièrement le rappeler à ces intrépides qui s'y risquent. Au réveil, ils gardent des traces de leurs rencontres avec ces géants dans les Hautes Terres et tremblent au souvenir de cette silhouette gigantesque qui les balaya d'un coup de queue. Ou pire encore.

- Et bien, nous y voilà. Je t'avais bien dit qu’on finirait par trouver notre chemin. Voilà la forêt perchée.

- Oui, il aura juste fallu dix jours de plus que ce que nous avions prévu. Je me demande ce qui m'a pris de t'écouter et de ne pas engager un véritable guide.

- Parce que tu crois qu'il y a des guides qui connaissent les Terres des Grandes Cicatrices. Si on t'avait écouté, nous n'aurions pas encore fini de faire le tour des villages de la région en demandant si quelqu'un peut nous guider jusqu'ici. Et quand on voit les spécimens rencontrés dans le dernier hameau, on se demande ce qui nous attendait ensuite. Personne ne vient jamais ici.

- Mais on nous a bien parlé de voyageurs venus explorer cette région. On a trouvé des informations sur ces terres, ça prouve bien que des gens les ont explorées.

- Disons plutôt qu'ils en ont vu le début avant de repartir d'où ils venaient. Ceux qui ont continué ont certainement erré sans fin là-dedans. Si certains ont trouvé comme nous la sortie, personne n'en a en tout cas entendu parler.

-Tu me dis cela mais quand il s'agissait d'emporter assez de vivres pour cette expédition, ça te semblait inutile de nous charger.

- Dis! Tu as vu ce qui se trouve là devant nous ? Ça nous a pris plus de temps mais cela fait partie des aléas du voyage. Faut toujours que tu te plaignes pour des clopinettes.

- Ben justement, dix jours à manger des clopinettes, tu crois vraiment que tu peux la ramener avec ça ?

- Tu exagères. On n'a pas mangé que cela.

- Tu veux vraiment qu'on reparle des floumes ?

Lézandre souriait en assistant à une énième querelle entre les jumeaux. Depuis plusieurs mois qu'il voyageait avec eux, il n'avait pas le souvenir d'une seule journée sans une prise de bec entre le frère et la sœur. Leur mère disait souvent que cela avait commencé en son sein. Danka ne manquait d’ailleurs jamais de rappeler qu'elle avait eu le dessus lors de leur première querelle en passant la première la tête pour voir le jour. Et Yanel de répondre qu'il ne s'agissait là que de sa bonne éducation et sa galanterie. Et Danka de rétorquer qu'il l'avait laissée passer en premier car il ne manque jamais une occasion de mirer les fesses d'une jolie fille. Lézandre avait rapidement compris qu'il ne s'agissait que d'un jeu entre eux.

Sachant que la querelle allait vite se terminer, Lézandre observa la paroi rocheuse, haute de plus de vingt mètres, au sommet de laquelle s’étendait la forêt. Maintenant qu'il la voyait, elle lui apparaissait telle qu'il l'avait vue dans son rêve. Sauf qu'il ne voyait ici aucun accès permettant d'atteindre les arbres. Même s'il y avait ici et là des prises visibles, la presque verticalité de la paroi rendait l'escalade impossible pour eux. Ils n'avaient ni les compétences ni le matériel pour cela.

- Bon, il nous reste à trouver cette faille que nous avons vue dans notre rêve. Car sans elle, on ne parviendra jamais là-haut.

Les jumeaux tournèrent à leur tour la tête pour examiner la paroi qui s'élevait devant eux. Regardant à droite et à gauche, ils voyaient qu'elle s'étendait à perte de vue des deux côtés.

- On dirait, commença Yanel. On dirait qu’une main géante a soigneusement creusé un cercle autour de cette forêt, prenant soin d'éviter d’abîmer la moindre racine. Mais au-delà de ce cercle, de cette enceinte creusée, on voit plutôt les cicatrices laissées par des griffes sauvages qui ont labouré ces terres sur des lieues et des lieues, découpant ces ravines profondes dans lesquelles nous avons erré pendant tant de jours.

Au cours de leur voyage qui avait débuté trois saisons plus tôt, ils avaient déjà eu l'occasion de découvrir des régions bouleversées par le cataclysme marquant la fin du Second âge, tel le port de Grandevague qui donnait maintenant sur une vaste plaine sur laquelle ne naviguaient plus que d'étonnants esquifs montés sur roues et poussés par des vents capricieux. Ils avaient sous les yeux un nouvel exemple du chaos engendré par le réveil massif des dragons.

- Vous avez remarqué, commença Danka, le sol. Il n'y a rien, pas le moindre rocher, le moindre caillou. On a marché pendant des jours dans un chaos de roches et d'éboulis laissé par les forces qui ont autrefois déchiré ces terres. Mais là, il n'y a rien.

- Oui, vraiment bizarre, approuva Lézandre. Mais bon, on a vu d'autres choses étranges depuis qu'on voyage. On trouvera plus tard l'explication ou alors ça restera un mystère.

- Au moins cela va faciliter notre marche à partir de maintenant, fit remarquer Yanel. Vu qu'il ne nous reste plus grand chose à manger ni à boire, tant mieux si on peut trouver rapidement l'accès vers la forêt. On va de quel côté ?

- Allons par là, répondit aussitôt Danka en désignant leur gauche. On profitera ainsi des derniers rayons du soleil avant la nuit.

Sans attendre l'approbation de ses compagnons, elle hissa sur son épaule le sac qu'elle avait posé à terre et s'engagea dans le large défilé en direction du soleil, les deux hommes à sa suite. Bientôt, seul le bruit du bâton de Lézandre rythmait leur marche et troublait le silence. Ils n'échangeaient pas la moindre parole, absorbés par leurs pensées et la contemplation des lieux. Le trio avançait d'un bon pas, heureux de trouver un terrain si propice à la marche. Danka marchait en tête, elle avait rejeté le capuchon de son manteau et sa longue tresse blonde pendait jusqu'à ses hanches. Une esparlongue, héritage qu'elle tenait de sa mère, battait le long de sa hanche à côté d'une petite aumônière dans laquelle elle gardait sa fronde et quelques pierres. Son manteau, bien fermé à cause du froid, ne laissait voir que ses bottes encore peu usées et le foulard turquoise sale noué autour de son cou. Son frère la dominait d'une bonne tête. Tout dans sa tenue et son attitude avait un côté négligé soigneusement entretenu. Tant ses cheveux qui lui tombaient sur les épaules, vaguement noués par un lacet de cuir que sa tunique aux manches relevées jusqu'aux coudes. Il n'y avait que son pourpoint en cuir épais qu'il ajustait avec soin, tant pour le confort que pour lui assurer une protection aussi bonne que possible. Lui portait l'épée dragonne que son père avait utilisée durant ses propres voyages. Il posait souvent la main sur sa poignée, geste qui lui rappelait les longues heures passées à s'entraîner avec lui. A côté du fourreau pendait un carquois emplit d'une dizaine de flèches. Il n'avait commencé à s'exercer au maniement de l'arc que depuis quelques mois, après le début de leur voyage, et n'avait encore jamais réussi à toucher une proie ou un ennemi. Ses tentatives infructueuses de chasser faisaient toujours rire Danka qui elle, manquait rarement sa cible avec sa fronde. Lézandre n'emportait aucune arme de jet ou de tir, il préférait sa solide épée sorde et son bouclier même si, disait-il, éviter un combat restait la meilleure tactique qu'on puisse employer. Il comptait plus d'années dans sa vie que les deux jumeaux réunis mais avançait toujours d'un bon pas. Comme Yanel, il portait une épaisse armure de cuir sauf que la sienne couvrait également ses bras et tombait jusqu'au haut de ses genoux.

Ils avaient pour habitude de faire halte un peu avant la fin de l'heure du dragon, ce qui leur laissait le temps de préparer un campement pour la nuit mais aussi parce que les deux jumeaux manquaient encore de l'endurance nécessaire pour tenir plus longtemps. Dans les villages ou les villes où ils font étape, les récits des voyageurs laissent penser qu'ils vivent au quotidien des aventures étranges et trépidantes. Et bien après leur départ, on se raconte encore longtemps, au coin du feu, ces histoires qu'ils ont laissées. Mais ils ne parlent guère des longues journées de marche qui forment leur quotidien avec pour seule compagnie, la monotonie des heures qui s'écoulent, la fatigue, la faim, la soif, la rigueur des éléments... Et jamais ils ne parlent des ampoules qui empoisonnent leurs premières semaines de voyage, comme Danka en avait fait la douloureuse expérience.

Aujourd'hui pourtant, ils avaient dépassé leur heure habituelle. La découverte de la forêt perchée avait eu raison de leur fatigue. Danka menait le groupe à une allure qui étonnait Lézandre. Il lui tardait de découvrir la faille qu'elle avait vue en rêve et qui leur permettrait de prendre pied dans cette forêt. Elle en oubliait donc les tiraillements dans ses mollets et forçait ses jambes à enchaîner un pas après l'autre. Elle s'arrêta soudain, stoppée par la main de son frère qui l'avait saisie par l'épaule.

- Attendez ? dit Yanel à voix basse. J'entends quelque chose au loin. On dirait une sorte de grondement, quelque part devant nous.

Danka et Lézandre, tendant l'oreille, finirent également par entendre le bruit. Un bruit lointain et régulier qui, alors qu'ils continuaient leur marche, ressemblait de plus en plus à celui d'un torrent. Alors que débutait l'heure des épées, ils découvrirent un torrent d'eau qui jaillissait de la paroi rocheuse sur leur droite, du côté de la forêt, à une dizaine de mètres au-dessus de leurs têtes. L'eau fusait de la roche avec une telle force qu'elle n'atteignait même pas le sol du défilé mais frappait la paroi opposée. Le jet d'eau avait creusé la roche sur plus d’un mètre jusqu'à trouver une crevasse dans laquelle il disparaissait dans les profondeurs du sol. Plus bizarre encore, de petits poissons gisaient sans vie au pied de la paroi fracturée.

Tandis que les jumeaux restaient captivés par le spectacle, Lézandre lui examinait le torrent qui jaillissait au-dessus de sa tête. S'il n'avait su ce qu'il cherchait, il ne l'aurait certainement pas remarqué mais il ne voyait aucune autre explication à la présence de ces poissons.

- Une déchirure du rêve ! conclut-il à haute voix. Regardez bien l'endroit d'où sourd l'eau, vous voyez cette moirure jaunâtre ?

- Comme celle qu'on avait trouvée dans l'épave du navire ? fit remarquer Danka après avoir vu ce que le vieux voyageur désignait. Je ne savais pas qu'on en trouvait de si minuscules. On pourrait la boucher avec notre casserole.

- Il en existe de toutes tailles ai-je entendu dire. Mais je n'en avais jamais vu d'aussi petite. Elle doit s'ouvrir au fond d'un lac ou d'une mer, ce qui explique la force du jet et les poissons.

- Les poissons ont l'air frais en tout cas, ça nous changera des racines et des baies. Dommage que nous n'ayons plus de bois pour faire du feu.

Yanel récupéra aussi un peu d'eau dans le creux de sa main et la goutta du bout des lèvres.

- De l'eau douce ! lança-t-il joyeusement. Tu vas avoir droit à ta douche petite sœur.

- Oui. Commençons par remplir nos outres puis vous irez installer le campement cent mètres plus loin pendant que je me lave. A cette distance, le bruit du torrent ne devrait pas nous empêcher de dormir cette nuit. Vous pourrez ensuite profiter à votre tour de cette douche. Ça ne vous fera pas de tort.

Les deux hommes ramassèrent et lavèrent les poissons avant de s'éloigner d'une bonne centaine de pas. Arrivés sur l'emplacement de leur campement, Yanel s'affala par terre et enleva ses bottes en poussant un soupir de soulagement. Lézandre lui sortit de son sac un bol en bois et un cruchon bien fermé puis commença à écailler et nettoyer les poissons. En l'absence de feu, il comptait simplement les faire mariner un peu dans du vinaigre. Il aurait préféré du jus de citron mais cela faisait un moment qu'il n'avait pu en trouver sur les marchés.

De son côté, pendant que ses compagnons s'éloignaient, Danka avait tiré du fond de son sac un morceau de savon et se dévêtit pour commencer son décrassage, ce qui allait lui prendre un bon moment pensait-elle. Depuis qu'elle voyageait, elle avait pris l'habitude de se laver dans les points d'eau que le hasard lui offrait. Parfois, elle avait droit à un broc d'eau chaude dans une auberge, ce qui lui paraissait maintenant un luxe de roi. Et alors qu’elle se frictionnait avec l’eau glacée du torrent, le souvenir des thermes de Chandrapore semblait remonter à une autre vie. Mais après plus de dix jours à devoir rationner l’eau et juste un peu d’eau de pluie en guise de toilette, ce torrent suffisait amplement à son bonheur.

Après vingt minutes, propre et aussi sèche que possible, elle s’apprêtait à passer sa première botte lorsqu’elle capta du coin de l’œil un reflet violet étrange. Levant les yeux, elle pu voir avec stupeur que tout le défilé qu’ils venaient de parcourir cette dernière heure se paraît de couleurs violettes. Occupée à sa toilette, elle n’avait pas remarqué le changement et le découvrait à moins de soixante pas d’elle.

- Peste de mariol, jura-t-elle avant d’attraper son sac et ses deux bottes et de s’élancer en courant vers le campement.

- Une déchirure ! hurla-t-elle à vingt mètres du campement, arrachant les deux hommes à leurs occupations.

Tournant la tête vers elle qui courait pieds nus comme une dératée, il ne leur fallut qu’un instant pour reconnaître ce qui avançait sur eux. Objets de nombreux récits, les déchirures du rêve constituent pour ceux qui entendent ces récits un véritable émerveillement. Mais pour les voyageurs qui les approchent, ces déchirures représentent mystère et danger et seuls des fous se risquent à les traverser volontairement. Ces déchirures offrent de véritables passages entre les rêves, entre les mondes. Vous pouvez traverser une déchirure en pleine montagne et vous retrouver dans un désert aride ou dans une riche cité. Mais il s’agit d’un passage à sens unique, avec une déchirure violette comme entrée et jaune pour la sortie. Nul ne peut en remonter le cours de sorte qu’on ne peut jamais savoir ce qui attend l’intrépide qui se risquerait à la traverser. Il peut se retrouver dans un pays de cocagne comme en pleine mer voire au cœur d’un volcan. Traversez une déchirure du rêve et jamais vous ne reverrez le pays qui vous a vu naître.

La déchirure avançait à bonne allure, plus vite qu’un homme qui marche. Yanel et Lézandre récupérèrent toutes les affaires et partirent en courant à la suite de la jeune fille qui les avait dépassés. La déchirure occupait toute la largeur du défilé, ils devaient la tenir à distance ou trouver un passage leur permettant d’en sortir. Ils avaient démarré assez vite puis avaient dû adopter un rythme plus lent mais régulier. Ils avaient gagné ainsi un peu de terrain et les kilomètres défilaient. L’heure de la lyre avait succédé à celle du dragon qu'ils couraient toujours, d’un pas de plus en plus lourd. Toutes la fatigue accumulée pendant la journée rendait leurs jambes de plus en plus rétives à l’effort. Lézandre avait pris le bras de Danka et la forçait à continuer d’avancer mais il sentait lui-même qu’il atteignait les limites de son endurance. La lumière déclinante ne leur permettait plus de distinguer les moirures violettes de la déchirure qui avançait inexorablement, sans connaître elle la moindre fatigue. Alors que l’obscurité se faisait de plus en plus épaisse, la plus grande des deux lunes leur apparut soudain, révélant sur leur gauche une pente d’éboulis qui s’élevait vers les hauteurs des terres fracturées. Sans hésiter, ils se ruèrent sur cette planche de salut, oubliant leur épuisement. S’aidant des mains et des pieds, malgré les pierres qu’ils délogeaient dans leur course éperdue, ils réussirent à atteindre le point le plus élevé et se plaquèrent contre un mur vertical. Quelques instants plus tard, ils virent dans le défilé la lumière de la lune se parer de teintes violettes alors que la déchirure dépassait le pied de l’éboulement, emportant avec elle les pierres qui avaient roulé jusque là. La déchirure disparut ensuite dans la nuit.

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