— Ferdor ! Que s'est-il passé ici ?!

— Celle que l'on appelle le "Désastre Rouge"... Elle est venue pour se venger. Elle a tuée tous les autres. Chef, n'essayez pas de la retrouver. Cela vaudrait mieux pour vous.

— Comment oses-tu ?! Elle a tuée tous mes hommes ! Tes compagnons ! Elle va le payer de sa vie !!!

— Vous allez mourir ! S'il vous plaît chef, ne commettez pas cette erreur. Ce serait du suicide.

— On ne s'attaque pas à moi de la sorte ! Elle a signé son arrêt de mort ! Le "Désastre Rouge" va devenir poussière !

Le repaire Moccka, qui abritait de nombreux tueurs, pilleurs et violeurs, se sont fait décimer par celle que l'on surnomme le "Désastre Rouge". On l'avait aussi surnommé la "Fille Écarlate" à cause de ses cheveux de base d'un noir profond, qui avait fini par prendre la couleur rouge de son aura magique. Ils avaient eu l'audace de s'attaquer à July, son village natal. Nombre de villageois l'avaient payé de leurs vies, notamment sa mère et sa sœur qui n’avaient pas voulu céder leurs biens. C'est comme ça que Syndia avait eue connaissance de ses pouvoirs. Une fois que la jeune femme se met à pleurer, plus rien ne pouvait l'arrêter.

Elle devenait ce démon entouré de cette aura rouge brûlante. Accompagnée de Salamandre, son épée d'enfance, elle était invincible. Elle avait détruit de nombreux repaires similaires à celui de Moccka. Au fil des années, elle avait réussi à contrôler le monstre rouge qui sommeillait en elle. Syndia ne savait pas comment elle avait acquis ce pouvoir. Pour la jeune fille, cette chose n'était pas un don, mais clairement une malédiction.

Un jour, alors qu'elle commençait à peine à connaître ce monstrueux maléfice, elle tenta de se suicider en essayant de se trancher la gorge avec Salamandre. Seulement le monstre rouge s'était manifesté et l'en avait empêché. Soudain, elle se rendit compte qu'une voix était en train de lui parler. C'était le monstre rouge. Son propre pouvoir lui parlait. Syndia était effrayée et en même temps fascinée par ce phénomène peu commun. C'était l'occasion rêvé pour enfin connaître les origines de cette mystérieuse puissance mystique.

— Qu'es-tu ? Que suis-je ? Pourquoi moi ?

"Je ne peux répondre à ces questions. Seul ton cœur te le dira."

— Mon... cœur ? Comment ça ?

"Écoute ton cœur, Syndia. J'ai toujours été là. Depuis ta naissance. Depuis tes premiers pas. Depuis tes premiers mots. Depuis que tu es devenue une femme magnifique. J'ai toujours été là."

— Je ne comprends pas ! Tout est confus dans ma tête ! Dis-moi qui tu es ! Pourquoi as-tu fait de moi le "Désastre Rouge" ?! A cause de toi, je me déteste ! Tu as fait de moi un monstre ! Je n'ai jamais voulu tuer qui que ce soit ! Et pourtant, je me rappelle chaque visage meurtri que j'ai envoyé de vie à trépas, chaque village que j'ai détruit ! Je ne veux plus de toi ! Sors de mon corps !

"C'est impossible. Je suis là pour te protéger. J'ai toujours été là pour ça. Et puis tous ceux que tu as tué, ils le méritaient. Spécialement ceux qui s'en sont pris à ta maman chérie et à ta sœur. Ensemble, nous devons protéger le monde des monstres de ce genre."

— Je n'ai jamais voulue être une tueuse !!! Maman n'aurait jamais voulu que je sois une meurtrière ! Maman m'a bien élevée ! Mais toi, tu en as décidé autrement ! Tu n'avais pas le droit ! Tu n'avais pas le droit de t'interposer dans l'éducation que m'a donné la femme la plus importante de toute ma vie !

"J'étais autant impliqué dans ton éducation que ta maman, Syndia !"

— Quoi ? Qu'est-ce que cela veut dire ?!

Mais après cette ultime phrase, il ne répondit plus. Huit mois s'étaient écoulés depuis. Après avoir fait un long voyage de paix et de spiritualisme sans avoir à utiliser son pouvoir, Syndia était retournée au village July pour y enterrer sa mère et sa petite sœur Merza. Avec l'aide des villageois, elle dirigea la reconstruction du village. Après tout ce temps, Syndia repensait à la conversation qu'elle avait eu avec le monstre rouge qui dormait en elle. C'était encore un mystère. Pourtant, il fallait que toutes ses questions aient des réponses. Et elle n'avait qu'un seul moyen pour ça : Le Lac Vérité. Cependant, il lui avait été interdit d'y pénétrer par sa maman. Elle lui disait qu'il était dangereux de s'y aventurer toute seule.

Nombreux sont les villageois à y être allé et n'être jamais revenus de cette promenade mortelle. Mais Syndia avait grandie depuis. Elle n'était plus un bébé. Sa maman n'était plus là à présent. Il était temps de connaître toute la vérité sur son existence. Le lendemain, elle se mit en route pour le lac. En quittant le village, elle tomba sur une petite fille. Bizarrement, elle n'avait pas l'air d'être réelle. On aurait dit un fantôme. En regardant d'un peu plus près, Syndia fit les gros yeux. Elle voulait pleurer, mais il fallait absolument qu'elle se retienne ou sinon, elle risquerait de déclencher son pouvoir dévastateur. Elle détruirait le village July sans aucun espoir de reconstruction. La petite fille qui se tenait face à elle, était sa sœur Merza.

— Que tu es devenue belle, grande sœur. Dit-elle, un large sourire aux lèvres.

— Merza... Es-tu heureuse dans ta seconde vie ?

— Oui, grande sœur. Plus que jamais.

— Et maman ? Est-ce qu'elle est paisible ?

— Oui. Elle a retrouvé Papa. C'est comme si on formait de nouveau une vraie famille. Il ne manque plus que toi, Syndia.

— Je n'ai pas encore le droit de vous rejoindre. Pas tout de suite. Je dois encore protéger le monde des monstres qui le peuple. Une fois ma mission terminée, je pourrais mourir tranquille.

— Je compte sur toi, grande sœur ! Excuse-moi, je m'emballe un peu trop. Il faut dire que ça fait longtemps que je voulais te parler. Si je suis apparue devant toi aujourd'hui, c'est pour te persuader de ne pas aller au Lac Vérité.

— Pourquoi ? Et comment sais-tu que je me rendais au Lac Vérité ?

— De là où je suis, je peux tout voir et je peux tout entendre, même tes pensées les plus intimes. Alors je te regarde, tout le temps. Je te regarde accomplir de grandes choses. Je t'accompagne dans les bons et les mauvais moments de ton existence. A chaque fois, tu t'en sors avec brio. Je n'ai de cesse de t'admirer, grande sœur. Quant au Lac Vérité, tu n'as pas besoin d'y aller. Écoute ce que te dit ton cœur. Et tu sauras toute la vérité.

— Mon cœur ne fait que battre dans ma poitrine ! Il ne me parle pas !

— Ton autre cœur. La lame que tu portes derrière ton dos.

— Derrière... mon dos ? Tu veux dire que... !

— C'est bien ça. Adieu, grande sœur.

Merza s'en alla rejoindre le second monde, tandis que Syndia resta plantée au même endroit sans prononcer le moindre mot. Après une minute d'immobilisation, Syndia pris Salamandre de derrière son dos et la posa par terre. Elle fit de même en s'asseyant sur le sol. Elle cherchait un moyen de s'exprimer pour pouvoir faire parler son "deuxième cœur". Sa maman disait souvent que Syndia et Salamandre étaient liées par le sang. Au-delà de cette phrase, il y avait quelque chose à creuser. Elle tenta alors quelque chose : Elle prit Salamandre et se fit une taillade sur la main. Elle ne ressentie aucune douleur. "Salamandre" a été conçue avec le sang de cette dernière. Il était donc impossible qu'elles puissent se faire du mal.

Syndia et Salamandre était comme deux sœurs jumelles. La jeune femme serra le poing et fit goutter son sang sur la lame de son épée. Il n'avait pas fallu attendre très longtemps avant de voir Salamandre se manifester. Elle devint alors multicolore. Quelque chose était en train de se passer. Pas seulement Salamandre avec les couleurs de l'arc-en-ciel, mais aussi chez Syndia, dont les yeux sont maintenant révulsés. Tout se passait dans sa tête : Elle se vit enfant, entourée de ses merveilleux parents. Elle se voyait se lever pour accomplir ses premiers pas, encouragé par son père qui pleurait à chaudes larmes tellement il était joyeux. Ses premiers mots, elles les entendaient. Elle voyait son père dire adieu à sa mère.

Il est parti en guerre et il n'est jamais revenu... Mais il était toujours là, dans son cœur, son cœur d'adoption. Son âme se scinda en deux parties : L'une transféré dans Salamandre, l'autre en elle. Pourquoi avait-elle cette puissance magique écarlate ? Car bien avant elle, c'est son père qui était le Désastre Rouge. Elle le voyait combattre, c'était un vrai guerrier. Personne ne lui arrivait à la cheville. Jusqu'à ce qu'il soit désobéissant envers son chef de guerre et qu'il alla défier le légendaire Roi de Kensor, Benzar.

Il se fit d'abord battre à plate couture, puis tomba sous les coups meurtriers de l'impitoyable Roi Maléfique. Soudain, les souvenirs s'estompèrent et Syndia repris ses esprits. Salamandre ne brillait plus à présent. Syndia était encore un peu secouée, mais elle savait enfin qui elle était. Elle est Syndia, le "Désastre Rouge", fière et digne fille de son père, le valeureux guerrier rouge. Et n'avait maintenant qu'une seule chose en tête :

— Je dois venger la mort de mon père en réduisant le Royaume Noir de Kensor en cendre.