Collège 6e à 3e ( V2 réécriture de texte )
V2
Les années de collège, de la 6e à la 3e, sont une période charnière dans l’éducation d’un enfant. C’est un moment où l’on découvre de nombreuses matières différentes, censées aider à trouver une voie qui nous correspond. Mais c’est aussi une étape où l’on fait face à de nouveaux professeurs, chacun avec sa propre pédagogie et sa vision de l’apprentissage.
Malheureusement, je me suis encore retrouvé en cours de français, un endroit où je ne me sentais pas à ma place. Instinctivement, je cherchais toujours à me positionner au centre d’une rangée, entre les élèves du fond et ceux de devant, pour être le plus discret possible. Comme en primaire, les journées étaient rythmées par des dictées, qui, à mon grand malheur, étaient toujours synonymes de notes catastrophiques. Pourtant, à ma grande surprise, la pédagogie de ma professeure de français était différente.
Elle était d’un certain âge, et son regard sévère lui donnait un air strict, presque intimidant. Mais derrière cette apparence rigide, elle enseignait avec une méthode bien plus humaine. Contrairement à mon instituteur de primaire, elle écrivait la dictée au tableau après nous l’avoir dictée, prenant le temps d’expliquer chaque piège, chaque mot de liaison, chaque règle qui pouvait nous induire en erreur. Puis, elle nous demandait de nous corriger nous-mêmes.
Même si je finissais toujours avec un zéro, cette méthode me paraissait plus juste. Je n’étais plus humilié devant tout le monde. Il n’y avait plus cette sensation d’être traqué, exposé à la moquerie collective. Je me suis souvent demandé : et si cette professeure avait été là plus tôt ? Si elle avait été mon institutrice en primaire, est-ce que les choses auraient été différentes pour moi ? Est-ce que j’aurais vu l’écriture autrement ?
Je me souviens particulièrement des cours de poésie. Nous devions écrire nos propres poèmes ou réciter ceux qu’elle nous distribuait, imprimés sur une vieille machine d’époque. L’encre, d’un bleu pâle, avait une odeur de solvant particulière qui me reste encore en mémoire. Cette machine ajoutait un aspect ancien aux feuilles, presque comme si elles venaient d’un autre temps.
Le passage au tableau pour réciter un poème réveillait évidemment en moi de mauvais souvenirs. Mais cette fois, ce n’étaient plus les mêmes élèves, ni le même instituteur, ni les mêmes humiliations. Bien que ma récitation ne fût pas parfaite, j’ai obtenu, pour la première fois, une note au-dessus de la moyenne en français. Ce n’était peut-être rien pour les autres, mais pour moi, c’était énorme. Une victoire. Un moment où, pour une fois, je ne me sentais pas totalement nul dans cette matière.
Cette professeure a laissé une empreinte en moi, malgré son ton sévère et son apparence rigide. Dans sa salle, il y avait un vieux mot français affiché chaque jour, un mot qui m’avait marqué, mais dont le souvenir s’est effacé avec le temps. Elle fut l’une des rares personnes qui me fit apprécier la poésie, même si aujourd’hui, j’ai oublié presque tout ce que j’ai appris.
Mais ce qui m’a le plus soulagé au collège, c’était la diversité des matières. La musique, l’art plastique, la SVT, la technologie... Autant de cours où l’écriture n’était plus un obstacle constant. Ces matières me permettaient de découvrir autre chose, de m’exprimer différemment, sans être jugé sur chaque mot mal orthographié. En SVT, il suffisait de connaître les noms des organes du corps humain. En géographie, on devait mémoriser les océans et continents. Ici, la connaissance passait avant la perfection de l’écriture, et cela changeait tout pour moi.
Mais cette pause fut de courte durée. Car bientôt, une nouvelle épreuve arriva : mon premier stage en entreprise.
Nous devions rédiger un rapport de stage, où il fallait détailler l’entreprise, les activités effectuées, les outils utilisés… Une épreuve terrible pour quelqu’un comme moi, qui faisait une faute à chaque mot. Comment rédiger un texte quand chaque phrase est un champ de mines orthographiques ?
On me disait souvent : "Relis-toi, corrige-toi." Sauf que l’auto-correction ne m’aidait pas… au contraire. À force de douter de chaque mot, je rajoutais parfois des fautes là où j’avais écrit juste.
À cette époque, les outils informatiques de correction n’existaient pas. Mon seul allié était le dictionnaire, qui me permettait d’écrire un mot correctement… mais sans forcément respecter la conjugaison ou les accords. Un outil utile, mais insuffisant pour quelqu’un qui peinait à comprendre toutes les subtilités du français.
Mais ce qui m’a le plus marqué dans ce rapport de stage, ce n’était pas tant mes fautes… mais le chaos autour de leur correction.
Quand ma mère me corrigeait, ma sœur repassait derrière et changeait encore des choses. Ensuite, le professeur relisait et disait que ce n’était toujours pas bon. À la fin, j’avais trois versions différentes, et personne ne semblait vraiment d’accord.
Et c’est là que j’ai compris quelque chose d’important :
Même ceux qui savent écrire font des fautes. Même eux ne sont pas infaillibles. Alors comment moi, qui n’y arrivais pas, pouvais-je espérer faire juste ?
Avec le recul, je réalise que cette période est vraiment importante pour un enfant, car elle lui permet de découvrir différentes matières et d’envisager son avenir selon ce qui lui plaît. Elle a été moins frustrante pour moi, mais j’étais toujours marqué par mon incapacité à écrire.
V1
L'arrivée au collège est un grand changement : de nouvelles matières, de nouvelles choses à apprendre et surtout de nouveaux professeurs, chacun avec sa propre pédagogie.
À contrario de la primaire, le collège a été une grande surprise en raison du nombre de matières où l'écriture devenait moins omniprésente. Les mathématiques demandaient l'apprentissage de nombreuses formules, et il y avait des projets, de la musique, de l'art plastique – des matières où l'on n'avait pas toujours besoin d'écrire. C'était déjà un soulagement.
Mais parmi ces découvertes, il y avait une professeure de français qui incarnait parfaitement l'image classique de la discipline : stricte, rigoureuse, et attachée aux méthodes d'une autre époque. Elle utilisait encore d'anciennes machines d'imprimerie dont l'encre dégageait une forte odeur d'alcool, car elle réalisait elle-même certains de ses documents.
Cependant, malgré sa sévérité, cette professeure était bien plus pédagogue que mon instituteur de primaire. Elle nous enseignait la poésie avec passion et avait même un panneau dans sa classe où était affiché un mot marquant, que tout le monde voyait chaque jour. Malheureusement, avec le temps, ce mot précis m’échappe, mais il restait gravé dans l’esprit des élèves qui passaient par sa salle.
Le collège a aussi marqué l’arrivée des premiers rapports de stage, que nous devions remplir. Une épreuve de plus pour quelqu'un comme moi, qui avait déjà du mal avec l'écriture et devait en plus détailler précisément ses activités. Mais le plus drôle, ce n'était pas tant mes fautes que les corrections elles-mêmes. Une personne corrigeait mon texte, puis une autre repassait derrière et trouvait encore des erreurs. Finalement, je me suis rendu compte que même ceux qui se disaient bons en français n’étaient pas infaillibles : ils corrigeaient les fautes des uns et des autres en boucle, comme si personne ne savait vraiment écrire parfaitement.
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