BEP, BAC et BTS ( V2 réécriture de texte )
L’arrivée en BEP, BAC et BTS fut aussi étonnante. Contrairement au collège, où nous découvrions plusieurs matières différentes pour éveiller nos intérêts, ces formations se spécialisaient sur un domaine précis. Dans mon cas, c'était l’électrotechnique.
Cela marquait aussi la fin de certains cours, notamment celui de français. Désormais, je devais tout gérer seul, sans soutien ni explication. Chaque rédaction liée à un cours devait être écrite par moi-même, et même si mes fautes ne m’empêchaient pas de me relire et de me comprendre, elles étaient toujours présentes. Heureusement, on nous fournissait souvent une documentation complète, ce qui me permettait de m’appuyer davantage sur ces supports écrits.
Ma formation ne nécessitait pas de rédiger de longs textes. L’essentiel reposait sur la réalisation de schémas électriques, la maîtrise des symboles techniques et l’application des connaissances en pratique. Nous travaillions sur des panneaux de bois pour les installations électriques et réalisions des formules mathématiques sur l’électricité, ce qui ne me posait aucun problème à ce moment-là.
Mais la réalité a vite rattrapé mes espoirs. Les fameux rapports écrits étaient de retour, encore plus complexes que ceux du collège. Cette fois, il ne suffisait plus de rédiger quelques pages : il fallait produire un document détaillé, structuré et argumenté… et, bien sûr, sans fautes. En prime, il fallait accompagner tout cela d’une présentation orale avec un PowerPoint, ce qui ajoutait une autre difficulté.
L’avantage, cette fois-ci, était l’évolution des outils informatiques. Les correcteurs orthographiques s’étaient améliorés et me permettaient de corriger mes erreurs plus efficacement. Mais ils restaient encore insuffisants. Ils ne détectaient pas toujours les fautes de conjugaison, les tournures incorrectes ou les phrases mal construites. Et surtout, je commençais à ressentir un autre problème : mon manque de vocabulaire.
Petit à petit, je réalisais que le seul vocabulaire que je développais était le vocabulaire technique de mon métier. Je maîtrisais parfaitement les termes liés à l’électrotechnique, mais j’avais du mal à exprimer certaines idées de manière claire et fluide dans des textes plus généraux. Ce manque de mots devenait un frein, sans que je ne m’en rende compte sur le moment.
Heureusement, sur la partie technique, j’arrivais toujours à compenser cette lacune.
Le passage en alternance : une confrontation au monde du travail
Pour le BAC et le BTS, j’ai suivi ma formation en alternance, ce qui m’a permis de découvrir directement le monde du travail. Ce fut ma première douche froide.
Retour à la réalité. Cette fois, le jugement des autres ne venait plus d’adolescents, mais d’adultes.
Dans mon travail, je devais rédiger des e-mails pour commander des pièces, mais aussi rédiger des rapports précis sur les problèmes rencontrés sur les machines sur lesquelles j’étais intervenu.
Et là, je l’ai revu, ce regard de jugement.
Celui des gens qui recevaient mes mails et mes rapports.
Ce regard qui analysait plus mon écriture que mon travail.
Certains me corrigeaient maladroitement, d’autres me donnaient des leçons avec condescendance. Certains le faisaient peut-être avec de bonnes intentions, d’autres sans doute pour me rabaisser. Qui sait ?
Mais pour moi, chaque remarque sur mon écriture était une corde sensible.
Et encore une fois, je me retrouvais réduit à mes fautes, comme si elles définissaient ma valeur.
V1
L'arrivée en BEP, BAC et BTS fut aussi étonnante. À contrario du collège, où nous découvrions plusieurs matières différentes pour éveiller les intérêts de chacun, ces formations se spécialisent vraiment sur un domaine précis. Dans mon cas, c'était l'électrotechnique.
Grâce à cette orientation, je n'avais besoin d'écrire autant. Mon apprentissage reposait surtout sur des plans électriques, des schémas et la compréhension de symboles, ce qui m'a permis d'évoluer sans avoir à maîtriser parfaitement l'écriture du français.
De plus, nous entrions dans une époque où Internet, les ordinateurs et les correcteurs d'orthographe commençaient à se démocratiser. Cependant, d'un point de vue dyslexique, ces outils restaient largement insuffisants. Ils n'étaient pas encore assez performants pour corriger toutes les fautes, en particulier celles liées aux conjugaisons et aux structures complexes qui posent problème aux dyslexiques.
Les rapports, qui devaient être rendus pour chaque niveau d'étude, devaient toujours contenir plus de pages, et bien entendu, les fautes étaient interdites. Cela revenait toujours à la difficulté de trouver un correcteur compétent.
Je n'avais pas réellement de solution pour éviter les fautes à cette époque. Les correcteurs d'orthographe limitaient certes les erreurs, mais ils ne suffisaient pas. Il me fallait donc ruser d'une autre façon : en écrivant le moins possible et en m'appuyant davantage sur les documents techniques.
Lorsque je suis arrivé dans le milieu professionnel en apprentissage pour le BAC et le BTS, je me suis rapidement rendu compte que le jugement des autres sur l'écriture était encore plus marqué. La moindre faute d'orthographe ou de grammaire suffisait à me faire passer pour un incompétent, comme si mal écrire signifiait être incapable de réfléchir ou de travailler efficacement.
Pourtant, en parallèle, je me révélais très performant dans mon domaine. J'étais capable de réaliser des tâches complexes que certains de mes collègues, pourtant excellents en orthographe, ne maîtrisaient pas du tout. Cette contradiction était frustrante : pourquoi la capacité à bien écrire semblait-elle primer sur les compétences techniques et professionnelles ?
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