Chapitre 5 Un rencontre décisive

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Samantha suivit la servante. Elle remarqua que cette dernière dissimulait des dagues sur elle. Pour plus de sécurité, l'un des gardes lui avait emboîté le pas. Chaque action se suivait avec aisance, comme une mécanique bien huilée. Les soldats comme les employés étaient entraînés et capables. C'était d'ailleurs la force de l'organisation qui tenait cette auberge : ordonnée et hiérarchisée, elle formait des membres aguerris aptes à rágir rapidement. Elle ne serait pas venue en rencontrer le chef si ce n'eut été le cas.

La jeune femme devant elle marchait rapidement sans se retourner.Elle respirait l'assurance et la jeune femme resta admirative.Son chef étiat sans aucun doute une personne d'exception pour l'inspirer ainsi et lui conférer cette confiance.

À la suite de son guide, Samantha gravit un escalier et emprunta un passage dissimulé derrière une tapisserie. Devant une dernière porte, la demoiselle s'effaça pour laisser la voyageuse continuer .

  • Je vous laisse, Damoiselle.

La semi-elfe lui adressa un signe de tête pour la remercier . Elle lissa d'une main distraite les plis de sa cape et poussa la porte. À son grand étonnement, cette dernière n'ouvrait pas sur une pièce, mais sur un couloir. Une lumineuse peinture occupait le mur et faisait face à une balustrade de bois sculpté qui dessinait un large carré. Des portes s'ouvraient tout autour et on apercevait un immense hall à l'étage inférieur.

  • Mademoiselle.

Samantha observa attentivement le majordome qui venait de l'interpeller. Tout en longueur, son visage anguleux et ridé reflétait un calme impassible, la noblesse et le sérieux.

  • Dois-je vous débarasser ?, ajouta-t-il avec cérémonie.

La jeune femme le remercia poliment, mais préféra garder sa cape.

  • Dans ce cas, je vais vous conduire, damoiselle.

Samantha emboîta le pas de son guide. Elle modéra son impatience en supposant que cette succession de déplacements était une protection supplémentaire. Elle traversa à sa suite différents couloirs. Le bâtiment était vraiment imposant. Ils s'arrêtèrent devant une simple porte sans ornements, qui se trouvait à peu de distance de l'escalier qui donnait sur le rez-de-chaussée.

  • Qui dois-je annoncer ?
  • Samantha.

La réponse lui était venue tout naturellement. Elle sourit au majordome qui semblait attendre un nom de famille, un titre, une quelconque précision.

  • S'il vous plaît.

Il inclina la tête et obtempéra, frappant deux coups d'une main impeccablement gantée de blanc.

  • Monsieur, la Damoiselle Samantha sollicite l'honneur d'un entretien avec votre Honneur.
  • Faites-la entrer, Adélius.

Le serviteur ouvrit la porte et s'écarta pour céder le passage à la jeune femme. Il referma derrière elle et le bruit de ses pas décrut tandis qu'il s'éloignait.

Samantha était face à un homme qu'elle rencontrait pour la première fois. Sa personne reflétait rigueur et force morale. La pièce dans laquelle ils se trouvaient n'était pas un bureau, comme elle l'avait d'abord cru, mais plutôt une chambre de soldat. Elle était meublée d'un lit étroit, une large table couverte de cartes en occupait le centre. L'un des murs supportait des armes en tous genres affutées comme des rasoirs, mais certainement moins que le regard de l'homme qui fouillait le sien.

Il détailla sa silhouette et jugea sa personne en une fraction de seconde. Croisant les bras dans une attitude de semi-défi, la guerrière ne se laissa pas démonter par tant de froideur : il n'était pas menaçant, seulement méfiant et prudent, et elle le comprenait. Elle savait qu'elle devait prouver qu'elle méritait son respect.

Elle esquissa un salut. Il ne s'était pas passé plus d'une minute depuis son entrée dans la place, mais elle avait eu le temps de se faire une idée du Duc de Freewood.

  • Mes respects, Votre Honneur.

Brorel leva une main pour l'arrêter.

  • Croyez-vous me les devoir , Damoiselle Samantha ?

Cette dernière eut un étrange sourire. Il avait volontairement utilisé le titre qu'elle avait donné à son serviteur pour se présenter, en appuyant sur la "damoiselle". Elle inclina légèrement la tête à gauche.

  • J'en suis sûre.
  • Humm...

Il s'inclina à son tour.

  • Je ne pensais pas que vous feriez le déplacement vous-même, Votre Altesse, dit-il.
  • Ah oui ?

Brorel ne répondit pas directement.

  • Votre voyage, s'est-il déroulé sans encombre ?
  • Fort heureusement oui. Mais je ne crois pas être là pour échanger des politesses avec vous, Duc.
  • Bien sûr. Je ne crois pas que la seconde princesse de l'Empire Elfique ne se déplacerait sans raison.
  • Duc, je vois que vous êtes bien informé.
  • Rien de plus naturel.
  • Évidemment. Mais je souhaiterais que mon identité reste secrète pour le moment, si vous le voulez bien. Je ne souhaite pas être connue pour mon rang, mais pour ma valeur réelle. De plus, cela m'empêcherait d'aller librement.
  • Entendu, ma Dame.
  • Pour plus de simplicité, j'aimerais que vous me traitiez comme l'un de vos coéquipiers et non comme une demoiselle. Appelez-moi par mon prénom. Je n'aprrécie pas toutes ces formules de politesse qui sont à l'usage, surtout venant d'un soldat de votre valeur. Je ne mérite pas tant de respect. Je vous le demande simplement.
  • La princesse se courba légèrement pour appyer l'humilité de sa demande. Elle connaissait l'homme de réputation, et quoiqu'elle n'eut jamais eut à la fréquenter, elle le savait noble, fier, courageux et courtois, même s'il refusait toutes les demandes en mariage qui lui avaient été faites jusqu'ici, ce qu'elle comprenait. Les pères voulaient le général et riche duc pour gendre, les filles l'homme charismatique et puissant.

Il ordonna quelques dossiers sur sa table :

  • J'accède à votre demande, Samantha, si vous faites de même. Vous dites aimer la simplicité, moi aussi. Il me semble que nous aurons bientôt à travailler de concert, et j'apprécie particulièrement de tisser des liens personnels avec mes frères et sœurs d'arme.
  • Entendu Brorel. Je ne suis pas certaine de mériter cet honneur de votre part. Votre renommée vous précède au sein des chevaliers, et j'ai beaucoup entendu parler de vous à l'Académie, sans savoir que je me trouverai un jour face à vous. Je tiens à vous prouver ma valeur avant tout.
  • Je n'ai aucun doute que la fille d'Yllalfil et d'Alfaren soit digne de mon respect.

L'elfe le remercia.

  • Samantha, restez-vous ici le temps de votre séjour à la capitale ?
  • Je pensais dormir à l'auberge. Mon cheval et mes équipements y sont restés.
  • Adélius vous fera préparer une chambre.
  • Si vous insistez si galamment, j'accepte volontiers.

Le chevalier ouvrit la porte.

  • Après vous, princesse.

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