09/04

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J’avais brûlé les ailes des phalènes dans le fourneau des doutes et mes yeux de clarté à trop puiser le soleil, j’avais brûlé mes mains pour construire des avenirs fous le long de pistes intracées et creusé mes rides en rigoles, à la craie de tes mots. Le feu en valait la chandelle, et la cire comme du miel rougissait l’éternité de ses sceaux de l’ange. J’avais soif de méandres et d’ivresse et je prenais la fuite à pleine bouche, en morsures fugitives sous les gouttières de demain. Éblouis de pluie, je dansais averse et à ton bras comme la flamme follete et folatre et folle flambée, crépitante d’épine dans le crépuscule dépeint. Tu m’offrais du bout des doigts quelques gouttes de vertige comme des fleurs de pensées interdites et profanes à peine cueillies. Dans le liseré de tes pas que remplissaient les nuages, ramasser les étoiles que tes chevilles abandonnent, en allumer mon ciel pour que cesse l’orage et s’estompe la nuit. Accrocher la grande ourse à la queue des comètes et quelques grains de sel à la crinière des luths réconciliés, sous la voûte d’une tente de couette et de ciel tandis qu’au dehors, quelques orteils tépides se frolaient d’innocence. Je tissais des vers à toi dans les muriers de la jeunesse et des vérités invariables que je conjugais aux prosodies blotties sous des serments de treilles et d’étrilles. Tu avais alors encore ces délassements de félins affamés qui gravitaient de gestes aimants sur la paille de fer et les poussières d’étain détonnantes dont tu poudrais tes yeux d’ocelle et moi docile comme la voile et l’épure sous le souffle de ta voix de fossette, envolant mes jupes traversières dans les layons sylvains à l’ombre verte de tes charmes centenaires. Et le tonnerre ne grondait que dans les orages des corps échoués, ravis par les rivières en crues des chevauchées amazones, et puis s’éloignait lorsque l’eau s’affaisse et dévoile, sous l’écume, la nacre des chairs étendre à l’infini leurs pieds d’argile. Et le ventre creux des famine d’antan et les doigts noués de rubans enchevelés, nous sautions dans des reflets de lune sécher les larmes des saules et voler les heures les plus sombres au marchand de sable. Réfugiés dans des châteaux de mots et le duvet des douves, à l’abri des assauts sommeils, se faufilant dans l’émail épuisette des bras amorphes et s’écroulant vaincus dans des ruines de sourire. Le pied leste et la tête à l’ouest, tu dansais sur le tapis bigarade des soucis en fleurs jusqu’à en devenir floue et te pendre au cou des girofles comme un collier de lierre au parfum épiphane des frangipaniers. Murmure de mots groseilles dans mes oreilles et la fuselure nivéale d’un trapèze qui se balance allègre sous le chapiteau des phantasmes. Le bourdon doux de nos coeurs à cloche pied, dans le grelot des muguets au bord de l’étang des soupçons déshabillés. Et dans les prêles, un de l’autre, éclaboussures de loutres à l’ombre dentelée des frênes ignorés par l’été survenu là, au fil des jours découverts et mordorés. Plonger nus dans l’inconnu et les vesces des loups abajourant les feux du ciel, fragiles comme des ailerons de jambes à la surface des langueurs d’ondes. Sans l’ombre d’un doute s’ambrer dans l’ébat résine des pins parapluies, à la valse des cyprès et pourtant si loin dont on s’épuise de poursuites infinies et de danses à distance.

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