16/06

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Pommes de pin, pommes d’amour, paumes de main jetées sur le ficus des lendemains qui fuitent comme des plafonds troués. Le pâle sans bleu du ciel ivoirait l’horizon de blafardes cicatrices, à s’en vouloir aux côtes des remèdes d’absence et d'absinthe, de verts poisons et de verres pinsons, plein de vide qui s’évitent et de plein qui se plaignent, qui se jettent l’amour comme des javelines, des sagaies tristes pour chasser les souvenirs vitriols qui trouent le ventre, tordent et essorent, comme pour cracher jusqu’à la dernière goutte de larme trop salée, qui brûle la joue, se la jouant cigarette oubliée. Le gravier ronge et sonore, honneurs étriqués de jardinet propret, coupé à quatre épines des rosiers fanés, des haies noueuses et haineuses que l’on sécateurent jusqu’à plus tard, jusqu’à bientôt, jusqu’à la berge où la vie se précipice et se remugle, la nausée des retours d'ascenseur sans musique. Le plein soleil, et le vide lune, lunaire, lunatique, l’une qui plonge, sous l’estampe aquatique des surfaces où noircissent les étoiles et s’aubent les narcisses, et les sanglots, violons violets qui pleurent en clé de saule. Solitude d’une rivière qui ne sort plus de son lit, qui laisse s’écouler les jours dans les nuits et les torrents dans les fleuves, les moires ondées qui crépitent sur le plafond des verres d’antan, dans le souffleur n’a plus de mot et les acteurs plus de rôle. Sur la paille des faubourgs et des faux semblant, rougis de larmes et bleuis d’équinoxes, d’ecchymoses d’automnes à en perdre la feuille. L’avant se mélange dans les silos à souvenirs où ne se broie plus que l’ombre d’eux même, dilués au bon gré de l’ivraiesse, du houblon et de l’ogre qui perle les crânes au collier des migraines. Où vont les cailloux polis quand ne restent que les gravillons de semelle, qui font clocher le pied entre la terre et le ciel sur la marelle des remontrances. Gravir l’échelle des échecs sur l’arbre des pendules, comme des lundis qui s'éludent aux trapèzes des ventres noués. Le parfum des abricots chapardés au rameau des étés vacants, sur l'aire des autoroutes raturées et le vin glacé éventé qui se chalume au creuset des ondées qui n’en pleuvent plus. L’arpège se meule au linéament esquissé des sanguines entoilées, s’endiable d’opprobre et d’eaux-mères sur les labiales archipel des laïus en semonce. Le vif sarabande sur le nu, comme des rubans de lumière liquide, de braise à la broche, de baisers citrons dans des bouches ananas aux caresses caraïbes. La canopée s’évase aux pignons des rues parasols et des lavandes d’hier et de jamais plus, des sentiers trop battus qui se sont murés dans le silence des pierres sèches, abruptes et lézardées, où la fatigue se fige à la tige des figuiers lourds, assommés de siestes catatones. L’outil rossignol qui fissure la terre en grelots de poussière, bergeronant les jardins à carreaux et les trèfles millefeuilles, les serpentes en terrasse et les lamies crinolines. La mare où sèchent les renoncules, comme un faisceau d’impala par dessus la jambe des venaisons lambrissées, se mirage dans le ciel, un peu de ce pâle sang bleu des roitelets hortensias, tombé là, au milieu des reflets qui se rident d’un courant d’ère, d’un instant qui passe, que la mémoire ne retient pas.

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