Sur le chemin de l'Olympe
Elle avait eu le malheur de naître au milieu d'êtres avides de pouvoir et de reconnaissance, ayant abdiqué à toutes valeurs morales ou les ayant communément et d'un accord tacite, totalement inversés de telle sorte que la lâcheté passait pour du courage, la cruauté pour de la magnanimité, et les plus vils et immondes fourberies pour d'habiles jeux de stratégies. Elle essayait parfois de se figurer ce que représentait la violence, la torture et la persécution dans leur logique inversée ?
Peut-être était ce la seule jouissance qu'ils assumaient telle qu'elle était, et pour ce qu'elle était. Ils acceptaient dans le secret qui les liait et les autorisait à se délester de leur humanité, et redevenir des bêtes aux entrailles putrides s'abandonnant dans une ivresse barbare, catharthique, à leur folie méthodique et destructrice.
Voilà! C'est ainsi qu'elle les voyait.
C'était particulièrement difficile pourElse d'écrire sur ce dont elle ignorait tout. Sur ce qui aurait pu pousser des proches à la trahison, des personnes avce lesquelles elle avait joué au ballon sur le terrain de jeu en marge de leur tranquille zone pavillonnaire. Pour lesquelles elle avait reçu des beignes, ou au contraire s'était triomphalement battu, et quelque soitle risque pris, qu'elle avait toujours protégé.
Elle avait failli effacer les précédentes lignes écrites en italique, et péniblement délivrées car il lui était immpossible de comprendre les motivations justifiant une aussi infâme trahison. Elle ne pouvait que les imaginer, et très mal: le déni avait toujours été plus confortable.
Ces personnes qui avaient été son monde avant de devenir sa prison, et peut-être même son mouroir lui étaient désormais aussi étrangers que ces dieux et déesses modernes de l' Olympe, aristocratie des célébrités, vie parrallèle à la leur, qui sous la surface parfaite et à l'abri des flashs, reçelait d'unions arrangés par des agents plus soucieux de leur image que de leur bonheur, des existences avortées sous le poids d'une homosexualité cachée, des outings instrumentalisés.
Et des secrets encore plus lourds impliquant drogues et déviances sectaires, sous fond de cannibalisme et pédophilie ritualiste.
Il arrivait que ces élus de l' Olympe se fatiguent de tout cela, et que pour les distraire de l'ennui précédant l' éventuelle prise de conscience de leur profond désoeuvrement et de la vacuité de leur vie, on leur offre une nouvelle drogue encore plus addictive que les précédentes, le voyeurisme. Porte ouverte, via les applications du Dark-web devenus dans leur version moderne le méta, sur le spectacle ordinaire et frustre de ceux qui observaient habituellement, dans l'anonymat de la masse, leur décadence.
Ces fonctionnalités inédites, confidentielles et non connues du grand public particulièrement désarmé et désinformé, leur permettaient d'avoir à toute heure de la journée ou de la nuit, un accès immédiat, illimité et absolu sur la vie du quidam, observé à son insu, ainsi qu'une interactivité imposée, asymétrique et démiurgique avec celui-ci pour les options les plus avancées.
Ils avaient même la possibilité pour les plus fortunés d'acheter ces êtres inférieurs et exercer sur eux la tyrannie la plus extrême, dans une totale et vertigineuse impunité. En continuant à sourire sous le crépitement des flashs, tous les lendemains et surlendemains du monde, poir ce public dont ils étaient devenus le miroir avili.
Cela aussi, elle ne pouvait que l'imaginer. Très mal!
Else n'avait jamais eu accès à cette frange de la société, contrairement à une partie de sa famille, sa fratrie et de ses anciens amis. Ces cercles occultes ou criminels ne l'avaient jamais approché, sachant qu'il n'aurait pas eu l'ombre d'une chance, quelque soit les pressions exercées sur elle, quelque soit le prix proposé, de la faire renoncer à l'estime qu'elle avait d'elle même , à la satisfaction profonde de faire correspondre dans un alignement parfait ses valeurs et son mode de vie.
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L' été où j'allais mal, j'ai lu toute l'oeuvre de Maryse Condé, ça m'a fait gagné 10 ans dans ma vie, apporté le recul et la maturité pour faire face à l'épreuve.
Le livre qui nous affranchira en tant que peuple noir de la servitude de l'économie de marché dont l' esclavage a été le premier succès
(nous qui avons vécu des milliers d'années dans une paisible économie réciprocitaire, y sommes devenus des marchandises!)
ET de la tutelle que les "cousins" orientaux entendent faire peser ad vitam aeternam sur nous,
le livre des espoirs pas encore brisés, et des illusions tranquillement apprivoisées, de la grave légèreté de nos existences,
je le cherche encore.
Je NOUS souhaite, peuple noir, de le vivre, et non de l'écrire.
Il y'a eu un temps pour les mots.
Mais là, on est fatigués des mots: il est temps pour nous de reprendre notre destin commun en main, A L'EXCLUSION DE TOUS CEUX QUI NE SONT PAS NOUS
(Cela vaut aussi pour les traitres passeurs, libéraux, etc...qui sont nés "accidentellement" noirs).
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