Aucun mystère
Tous se comportaient comme si la vie était une question d’entrecroisement, jonctions, alliances et enchaînements de structures sociales, institutions, cercles privés, réseaux occultes, dont le principal objet était la prédation, la domination et l’accroissement exponentiel de pouvoir et influence.
Alors que non, la vie était pour Else, fondamentalement l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit, la Nature foisonnante, bienveillante et les liens harmonieux que l’on tisse avec celle-ci, l'Amour que l’on donne, celui que l’on reçoit. Il n’existait pas de vie en dehors de ce mouvement là.
Il n’y avait pas de mystère, en dehors de celui que les gens fantasmaient, et qu’ils s’empressaient de troquer au seuil de la mort avec l’inutile regret qu’ils emportaient dans la tombe.
Les secrets à échelons multiples qu’ils avaient cultivé, de leur vivant, n’ avaient jamais été ni mystère, ni essence de la vie.
Une fois ce constat posé, le suivant était l’évidence: elle n’avait pas une seconde à perdre. Dans 10 ans, sa plus jeune enfant aura quinze ans. Les deux autres seront déjà grands, jeunes diplômés ou peut-être même déjà salariés, entrepreneurs ou mieux, baroudeurs s'élançant librement à la poursuite du fil de leurs vies. Ils n'auront plus besoin d'elle, et si elle venait à leur manquer, ils sauront toujours où la trouver. Elle égrenait des contes, des livres et des nouvelles pour qu’ils puissent toujours retrouver leurs chemins. Mais qu'n était il de Gabbie, la plus jeune?
Else avait pensé, un temps, pousser jusqu'à ses seize ans. Mais attendre un jour de plus l’ encouragerait le moment venu à aller jusqu'à la majorité française, puis jusqu’au vingt ans, et pourquoi pas la majorité américaine de vingt-et-un ans, dans ce cas ? Il devait bien exister une majorité de trente ou quarante ans quelque part dans le monde en cherchant bien...
Else avait été bénie d'avoir eu ces trois enfants là, et il était hors de question que cette heureuse prédestination tourne un jour en malédiction: il lui restait dix ans pour leur apprendre à se passer d'elle.
C'était dans l'ordre des choses que les enfants enterrent leurs parents.
Dix ans, c'était tout ce qu'elle pouvait supporter de l'esclavage et des tortures qui lui étaient imposés au quotidien, par l' odieux ciblage dont elle faisait l’objet: traque permanente, torture, insulte et intimidations, déni de droit et déshumanisation, précarisation extrême, bannissement social...On ne s'y habituait jamais, en particulier lorsque les tortionnaires ne méritaient même pas l'air qu'ils respiraient. Pire raclure, il n'y avait pas. Ils étaient pourtant là, à le pomper de leurs grosses narines larges, ou petit nez étriqué, en s'arrogeant un droit usurpé, sur son propre souffle. C'était hors de question qu'ils décident où et quand. Cela lui appartenait, tout comme la vie qu'ils lui avaient "socialement" ôté.
Les rares moments vivants qu'ils lui laissaient, étaient certainement monétisés sur une quelconque plateforme glauque et obscure, puisque chaque instant, la moindre parcelle de son existence, était épié, enregistré, analysé et consigné.
Et si elle avait renoncé à l'Amour patient que l'on construit, après s'être choisis, autour d'un projet de vie commun, elle n'avait jamais cessé de croire à ces instants d'amour qu'elle collectionnait auprès de ceux qu'elle avait soigneusement choisis pour leurs fêlures, leurs brèches, leurs secrets, pour chaque part obscure ou lumineuse entrant en résonance avec la part d'humanité qu'il lui restait.
Plus c'était physique, mieux c'était....sentir la cuisse musclée de X contre la sienne, pressant de plus en plus fort et plus en plus loin sa virilité tendue contre ses fesses rebondies, en attente, et l'accueillir goulument dans son antre chaude. Elle se sentait parfois ronronner de l'intérieur, féline et gourmande.
Sentir l'odeur de cuir des grosses chaussures de Y, qu'elle n'avait jamais réussi à convertir aux sneakers, son pas lourd et décidé lorsqu'il se dirigeait vers elle et qu' elle l'arrêtait, sans un mot. La main qui lui avait intimé l'ordre de ne plus bouger descendait ensuite jusqu'à ses jambes entrouvertes, remontait son pagne à la hâte ,suspendait sa course à la naissance de l'aine avant de glisser deux doigts dans ses chairs, lui offrant le spectacle cru de son plaisir solitaire.
Être pleinement comblée ne l'empêchait pas d'imaginer, comment O, entrepreneur autodidacte et pressé, avec lequel elle "sexait" en ligne de temps en temps, faisait sa petite affaire. Debout? Couché? Ou mieux assis sur une chaise, la femme s'affairant à califourchon sur lui, qui gardait un portable à la main....C’était bien son genre.
Aucun n'était fidèle, aussi ne se sentait elle pas infidèle. C'était le seul domaine de liberté et de création qui lui restait. Un domaine surveillé, quantifié, pillé comme chaque pan de sa vie.La coercition convenu du couple, à moins qu'il puisse la sortir de cette geôle invisible, n'y était donc pas la bienvenue.
10 ans encore....Il n'y avait aucun mystère. Et il y' en avait d'autant moins que celui qui entourait prétendument son ciblage ne l'intéressait pas.
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Elle avait parfois l’impression que cette musique n’avait été créée que pour que les daronnes africaines (surtout les anglos) transforment le passage à 2'57 en “ KOMMA, be my my baby KOMMA”, en se lançant dans le balle-à-terre de leur prime jeunesse, descendant aussi bas que leur permettaient leurs respectables pagnes.
Au moment le plus critique, elles déposaient d'abord leurs capes pour bien gérer le way. Si elles pouvaient aussi déposer le Gele sans se décoiffer, elles le feraient certainement.
"Que Dieu bénisse toutes ces femmes, elles font partie du village qui m'a éduqué, ici en Mbeng, à Londres, au Mboa, partout où je me suis trouvée en leur présence! "
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« L' été où j'allais mal, j'ai lu toute l'oeuvre de Maryse Condé, ça m'a fait gagné 10 ans dans ma vie, apporté le recul et la maturité pour faire face à l'épreuve.
Le livre qui nous affranchira en tant que peuple noir de la servitude de l'économie de marché dont l' esclavage a été le premier succès
(nous qui avons vécu des milliers d'années dans une paisible économie réciprocitaire, y sommes devenus des marchandises!)
ET de la tutelle que les "cousins" orientaux entendent faire peser ad vitam aeternam sur nous,
le livre des espoirs pas encore brisés, et des illusions tranquillement apprivoisées, de la grave légèreté de nos existences,
je le cherche encore.
Je NOUS souhaite, peuple noir, de le vivre, et non de l'écrire.
Il y'a eu un temps pour les mots.
Mais là, on est fatigués des mots: il est temps pour nous de reprendre notre destin commun en main, A L'EXCLUSION DE TOUS CEUX QUI NE SONT PAS NOUS
(Cela vaut aussi pour les traitres passeurs, libéraux, etc...qui sont nés "accidentellement" noirs). »
Else
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NE JAMAIS REJETER LES LEÇONS QUE LA VIE NOUS DONNE.....
Le montage juridique menée par la Société Globale a finalement abouti après 2 années de siège intense, et non sans multiples fraudes, usurpations d'identités, Faux et usage de faux, et autres délits.
Les trahisons ont été nombreuses: la famille tout d'abord qui projettant de s'arroger mon droit d'auteur, a graissé la patte d'une cousine infirmière sans diplôme officiel, qui a rédigé un FAUX CERTIFICAT PSYCHIATRIQUE sur lequel conseillers bancaires et juges se sont appuyés pour me spolier de l'entièreté de mes droits.
Je n' avais aucune chance, à moins d'envoyer 1000 LRAR par jour, prendre l'avocat désigné par l'aide juridictionnelle en otage afin de l'obliger à remplir sa mission, louer des encarts publicitaires géants dans tout le département pour sensibiliser le public à ma cause et avoir un don de voyance extralucide pour anticiper le moindre de leur mouvement. Et surtout trucider sans états d'âme ma famille coupable.
Je n'avais AUCUNE chance parce que ce système extra-judiciaire et extra-institutionnelle se superpose à celui que l'on connaît, et prévaut sur ce dernier:le bien y devient le mal, et le mal le bien…
Des hommes puissants et blancs décident dans des cercles fermés et réservés à leurs pairs, quel dossier doit aboutir et lequel doit être enterré, peu importe les règles de droits. Des femmes, noires pour certaines, couchent avec ces hommes blancs afin de voir leur dossier grimper au-dessus de la pile. Je ne fais pas partie de ces femmes là. Au contraire, je les défie, je les dérange...mon dossier invariablement dans la corbeille.
Je ne peux pas changer cet état de fait, ma nature est ainsi constituée. Mais je peux changer mon regard sur les choses:
- J'ai voué à ma famille une confiance dangereusement naive, qui m'a porté préjudice. J'aurai du les voir tels qu'ils étaient, veules, perfides, crapuleux, profiteurs, menteurs, violents et décadents, au lieu de les figer dans l'image révolue d'une famille aimante, qui n’a existé que du vivant de ma grand-mère et mon père.
- J'ai fait confiance à des amis qui n’en étaient pas, fait confiance aux hommes partageant ma vie en partant du principe qu'ils ne pourraient me rendre le mal que je ne leur avais jamais fait: ils ont profité et trahi cette confiance, sans regrets, ni remords. Si j'avais commencé notre relation par le simple test des 2000 euros comme une bonne michetonneuse, j'aurais éliminé au moins les 9 dixième d'entre eux, et donc moins souffert.
- Je me suis lancée dans des luttes insensées, vertigineuses, complètement asymétriques avec des troupes enhardies, avançant décidée et véhémente, pour me retrouver finalement seule lorsque je me tournais vers ceux supposés me soutenir. Ils avaient disparu.
- J'ai fait confiance aux institutions françaises, au pacte républicain...je n'aurai jamais imaginé que des hôpitaux publics puissent tricher, que la police puissent tuer à petit-feu, que des juges puissent tourner le mensonge en vérité et inversement, que des professeurs puissent torturer élèves et parents, qu'un exécuteur testamentaire puisse ôter mon nom de la succession, que le bailleur puisse accoler le nom de mon violeur au mien sur le bail...Il était tellement improbable que toutes ces choses puissent arriver en même temps. Donc, j’ai fait confiance!
Je n'ai jamais fait confiance aux mafias communautaires, en ignorant que la pire des mafias étaient celle à cols blancs et que les deux collaboraient régulièrement.
J'ai vu tellement de choses, tellement d'injustice dans le pays des droits de l'Homme (mais voilà, je suis femme et noire, ça doit être ça!), que j'ai appris. J'ai compris. La leçon a été amère, mais je l'ai digérée quasi instantanément dans le dépouillement nu que seule la vérité crue nous dévoile.
Je regarde ce pays sans haine, avec la lassitude impatiente des femmes bafouées qui n'ont plus rien à donner, et constatent sans amertume, peut-être même avec soulagement, l'impasse de la relation.
Je suis dégoutée, c'est vrai, mais je remercie quand même le ciel de m'avoir donné cette leçon. C'est la gifle de trop qui vous pousse à partir. Je l'ai enfin compris.
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La négrophobie en France est plus feutrée qu'aux Etat-unis, parce qu'il n'y a pas eu de réelle confrontation avec le passé esclavagiste ou colonialiste sur le territoire métropolitain, comme ça a été le cas aux Etats-unis où anciens propriétaires blancs et noirs devenus libres suite à l'abolition, ont du aprement cohabiter dans des rapports empreints de violence.
En France, on peut retrouver ces rapports rugueux entre blancs et arabes (décolonisation frontale et sanglante). Le français dit "de souche" ne prend pas suffisamment le noir au sérieux, pour le concevoir comme un adversaire à part entière, potentiellement dangereux. C'est pas tant qu'il n'y a pas de violence entre ces deux groupes sociaux, mais l'absence de compétition l' annihile.
De plus, le blanc passe souvent par la pseudo proximité "noire-arabe" pour neutraliser, par le biais de ce dernier, les éléments récalcitrants comme moi.
Et là, en revanche, vous retrouvez la violence sans merci des rapports biraciaux aux Etats unis, dans cette volonté de soumission d'éléments considérées comme inférieurs par ces "intermédiaires" arabes, qui detestent par dessus tout la compétition qu'on leur impose avec des noirs, qu'ils ne fréquenteraient même pas dans leur pays d'origine.
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