La combativité, comme la légèreté, est quelque chose qui se lègue et s'apprend

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Ma douce grand-mère me disait sur le chemin du school, que si on me tapais...je devais taper encore plus fort. Puis devant les maitresses...."Ma chérie, surtout pas de bagarre, hein".

C'est un double langage qu'il faut apprendre à maitriser car là se fait la véritable transmission, dans le non-dit codé et explicite. Unpeu comme les "Hum, hum" qui suivant la tonalité peuvent vouloir dire "oui", Non" ou encore "T'as vu?! Elle abuse, en vrai! Non, mais c'est quoi ça!"

C'est donc ma grand-mère qui me déposait le matin à l'école. Et je la regardais d'éloigner avec ses vieilles chaussures émilées, se rendant au travail à Tissus-Reine. Je me promettais intérieuremet de lui acheter plus grande un chateau :) Oui, je revais déjà grand!

J'étais la meilleutre élève de ma classe, et aussi la plus mal habillée. Je ne m'en plaignaispas: nos habits étaient certes passés de mode, mais propres et bien repassés. Nos chaussures en revanche, toujours neuves...contrairement à ma grand-mère qui a attendu que l'un de nous travaille pour se voir enfin offrir les couteuses chaussures orthopédiques dont elle avait besoin depuis si longtemps.

Son salaire passait dans les choses "utiles, immortantes et urgentes". Son repas de midi n'entrait pas dans cette catégorie. Aussi, elle se contentait d'une gamelle et nous offrait chaque samedi, avec ses ticket-resto un MACDO!...Hum, le chausson aux pommes-cannelle de McDo à l'époque, le goût de ça, Massa! C'était aussi le temps où ils faisaient du vrai poulet frit!

Donc lorsque ma grand-mère me disait devant la maittresse: "Pas de bagarre, hein! en clignant d'un oeil avec la malice enfantine qui l'a caractérisé toute sa vie, je répondais:

- Oui mémé, promis! En reçevant 5/5, le message implicite.

Je me suis tellement battu, enfant! J'avais même un carnet de baston sur lequel je notais les nom des gars que je tabassais à la sortie des classes ,pour ne pas finir dans le bureau du directeur.

Quand je rentrais et que j'expliquais ensuite à ma grandmère les insultes et les vexations subies dans la cour de récré avec souvent des insultes racistes (racial ou social) qui n'avaient même pas de sens dans la bouche d'enfants...d'ailleurs nous rejouions ensemble après la bastonnade.

Ma grand-mère me demandait l'oeil rier: "-O dipi mo bwam*?"

(Trad: * Tu l'as bien tapé?)

Elle voyait déjà, à l'âge adulte, le comportement de certais membres de notre "famille" à mon égard, et là encore, elle m'a transmis ce dont j'avais besoin:

- Si tu jettes ton stylo au sol, QUI peut le ramasser, Nana?"

Il faut l'avoir connu pour comprendre la portée prophétique de ces mots!

J'ai FOI en ma destinée, qui est suivant nos lois Africaines et Animistes, la poursuite de la sienne.

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