Un pas de plus
Trois jours plus tard…
Un nouveau nom. Un nouveau visage. Alice Leroy. Trente-huit ans. Comptable. Deux enfants. Divorcée. Fragile. Parfaite. Je marche dans la rue, mon sac à la main. Mon costume propre. Mon sourire bien huilé. Je la croise “par hasard”, dans un café que je fréquente désormais. Je la bouscule légèrement. Je m’excuse avec sincérité. Elle me regarde. Je souris. Elle sourit. Premier contact.
Le piège ne s’ouvre jamais d’un coup. Il se referme lentement, silencieusement, avec des gestes doux et des mots mesurés. Elle croit que je suis gentil. Un peu seul. Un peu différent. Elle projette sur moi ce qu’elle veut voir. Je l’encourage. Je m’adapte. Je deviens exactement ce dont elle a besoin. C’est facile. Trop facile. Mais ce n’est pas la facilité qui m’attire. C’est le moment. Celui que je traque. Quand l’espoir surgit dans les yeux d’une proie, comme une dernière lumière dans une pièce obscure. Ce moment où elle croit être sauvée. Aimée. Choisie. Et juste après… l’éclipse. Le basculement. Le vide. C’est là que je la verrai vraiment. C’est là que je me verrai, moi. Encore une fois. Et jusqu’à ce que je trouve enfin ce que je cherche — ce reflet parfait de ce que je suis — je recommencerai. Toujours. Parce que c’est ça, la vérité : Je ne tue pas pour détruire. Je tue pour comprendre.
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