57 - Valuation [Cynisme chez le N.O.M.] {anticipation}=3

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— Je mets la barre à 10 %.

— Mais ce n’est pas assez ! Ce qu’il faudrait, c’est qu’il n’en reste que 10 %.

— Nous sommes d’accord quant à la finalité, mais si je mets la barre à 10, c’est parce qu’ON met la barre à 10. Au-delà, l’hécatombe est considérée comme une catastrophe. S’il faut, en plus des fatalités, gérer les séismes, on n’en sort plus.

— Le ON qui décide, c’est qui ?

— Les projectionnistes. Différents think tanks arrivent au même résultat. Le but est quand même qu’on y gagne des plumes et que ce soient d’autres qui en perdent.

— OK pour 10 %. Mais ça représente quoi, un 10 % final ?

— Un milliard.

— Ça je sais. Ce n’est pas ce que je voulais dire. Si l'on réduisait la population à un milliard d'individus, quelles seraient les ressources, les types d’échanges, les rouages sociétaux ? À quoi comparer ? Moyen Âge, Empire romain ?

— En termes de population, cela correspond à ce qui existait en 1800. C’est-à-dire au lendemain de la Révolution française et à l’aube de la révolution industrielle. Le mode de vie à cette époque n’était pas si différent du nôtre et s’est adapté rapidement aux changements de technologie.

— On en viendrait à croire que la révolution industrielle est responsable de l’explosion démographique…

— Ce qui est faux, bien sûr. Elle n’a été qu’un facteur d’accroissement. Les véritables responsables ne sont que nous-mêmes. Personne n’a pris la responsabilité de doucher l’euphorie.

— Soyons pragmatiques… Au vu des tableaux, 10 %, c’est à peu près la tranche des plus de 65 ans. On dégomme les plus de 65 ans et on rend stériles les plus jeunes. Enfin, pas tous les jeunes, une portion congrue qui permettra de stabiliser la population à P moins 10 %. Remarque, en regardant l’Afrique, on s’aperçoit qu’ils ne se débrouillent pas si mal. Le problème est chez nous, les Occidentaux : on a trop de vieux.

— Qu’on ait trop de vieux, c’est un fait, mais les supprimer, c’est mettre toute la structure de la société en danger. Ils font circuler l’économie. Et si l’on en venait à seulement supprimer que les plus de 80 ans, qui eux ne manqueraient à personne, cela n’engendrerait qu’une baisse de 1,5 %.

— Il faut donc combiner plusieurs facteurs. Imposer une politique de natalité à la baisse, faire en sorte que les vieux disparaissent plus vite, s’arranger pour que beaucoup de jeunes deviennent stériles, surtout s’ils sont issus des couches basses de la société, ceci afin de préserver nos valeurs, peut-être aussi encourager certains dogmes religieux qui bloquent les émancipations. Pour la technologie, j’hésite : faut-il la freiner ou bien l’accélérer ?

— Je lui laisserais le champ libre. Avec d’importantes avancées technologiques, on ira coloniser le système solaire et augmenter notre espace vital disponible. Le plus tôt sera le mieux. Quant au reste, mis à part la politique de natalité qui n’est pas encore acceptée, les avancées sont sur de bonnes voies. Le taux de mortalité a baissé, continue à baisser. D’où le besoin de le remettre régulièrement à niveau de manière artificielle ; c’est en passe d’être maîtrisé. La natalité baisse nettement, partout, la contraception volontaire se généralise. En Europe, la courbe de natalité aurait tendance à vouloir remonter et c’est là qu’il faudra agir, certainement sur d’autres leviers, plus psychologiques que technologiques. La stérilité des jeunes gagne du terrain, notamment par le biais d’addictions diverses. Il faut encore travailler dessus, inciter aux comportements à risques, encourager les replis communautaires, voire l’isolement social, sachant que la technologie est à notre service en ce domaine.

— L’expansion démographique vit ses dernières années, mais après ? Comment tacler à nouveau ? Et quand ? Si la courbe s’infléchit, qui dit où elle s’arrêtera ?

— Il n’y a, a priori, pas de danger tant qu’on n’agit que sur une population stable. Cela laisse le temps d’intégrer la gestion des ressources naturelles, humaines, technologiques, économiques, et spirituelles il en va de soi. En y allant d’une baisse de 10 % en 10 % sur plusieurs siècles, l’évolution tendra naturellement vers un socle solide. Il faut juste prévoir, et prévoir juste ; ne pas en arriver à l’urgence de ces derniers temps. Éviter les remous sociaux, éviter surtout qu’ils ne dégénèrent en révoltes reniant les acquis, y compris ces contraintes inhérentes aux pièges d’une surpopulation.

— N’aurait-on pas intérêt à éduquer les foules ?

— La foule, si elle le voulait, serait déjà éduquée. On lui en a laissé, si ce n’est donné, les moyens. On n’éduque pas une foule, c’est un monstre au ventre creux. Ce qui est en notre pouvoir, c’est l’orienter, et quand ça ne suffit pas, l’entraver.

— Si je comprends bien, le seul choix qu’il nous reste est de sélectionner les miettes qui tomberont de la table. Le monstre s’en satisfera-t-il ?

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