CHAPITRE 9

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La pièce était immense, semblable à une salle des fêtes. Sur ma droite se trouvait la scène, une estrade d’un mètre de haut environ où était installé des platines et deux enceintes trônaient de part et d’autre de celle-ci. D’autres enceintes étaient accrochées aux murs tout autour de la pièce. Un micro sur pied trônait au milieu de la scène avec un rideau en velours noir en guise de fond. Sur ma gauche à l’autre bout de la pièce était dressée une table infiniment longue où des amuse-bouche et boissons étaient à disposition : un véritable banquet pour mon estomac qui criaient famine.

Entre la scène et le buffet, l’espace était noir de monde en tenues de soirée, toutes plus extravagantes les unes que les autres. La musique était forte, stridente, un air de violon sans voix. Je m’installai près du buffet, une place stratégique qui me permettait d’avoir une vue périphérique sur tous les convives tout en ayant accès direct à la nourriture et néanmoins proche de la sortie.

La musique se coupa soudainement faisant taire la foule et le silence s’installai tandis que quelqu’un montait les quelques marches pour accéder au micro sur la scène. Tous les regards étaient rivés sur lui. Il avait capté l’attention de tout son auditoire sans avoir prononcé le moindre mot. J’étais moi-même subjuguée par sa prestance. Habituellement, il m’en fallait beaucoup pour être impressionnée mais ce garçon dégageait quelque chose de puissant. Il n’était pourtant ni effrayant ou intimidant, sa carrure n’était pas même impressionnante, c’était quelque chose d’autre, quelque chose d’invisible, perceptible même les yeux fermés. Le genre de sensation que l’on ressent plus qu’on ne la voit : une atmosphère. Une aura. Derrière son masque, son visage me semblait familier sans que je ne puisse le reconnaître pour autant.

Il débuta son discours d’une voix claire :

« Mesdames, Messieurs, Bienvenus !

Je me présente, je suis Dimitri votre hôte pour la soirée et Major de L’Elite pour l’année qui vient de s’écouler. Chers membres, comme vous le savez chaque année nous organisons une soirée d’initiation à laquelle sont conviées les nouvelles recrues. Deux éditions se déroulent en parallèles ici-mêmes et à l’université aux abords de la ville. Par la même occasion nous en profitons pour introduire le nouveau Major pour l’année à venir. Voici donc le programme de ce soir, je m’assurerai personnellement du bon déroulement des festivités. »

Il poursuivit son élocution, en faisant les cent pas sur la scène et agitai ses bras pour appuyer ses propos. Il se mouvait lentement, jouant avec le fil de son micro ou le passant d’une main à l’autre. Indéniablement, il était à l’aise et le rôle de maître de cérémonie lui allait à ravir.

« Je serais votre guide. Dans un premier temps, je vous propose un petit exercice pour la cohésion de groupe. Je vous prie de bien vouloir tous remettre vos masques et de les garder bien en place. Que diriez-vous d’un jeu, disons comme le chat et la souris ? Membres confirmés, vous serez les souris : vous êtes restés discrets et avez préservé votre identité jusqu’ici, vos invités arriveront-ils à vous démasquer ? Et vous, chers invités serez les chats, si vous voulez faire partie intégrante de l’Elite, prouvez votre mérite, usez de vos talents. Si vous retrouvez l’identité de votre hôte anonyme vous serez récompensés. Que le jeu commence !! »

Au top départ, la musique redémarra et une ouverture de bal très rock s’éleva dans la salle. Dans le même instant, l’agitation repris et les recherches assidues commencèrent parmi les aspirants. Pour ma part je restai en retrait, je grignotai quelques petits fours pour me donner une contenance tandis que j’observais scrupuleusement les convives. Un détail me frappa : les seuls qui se présentaient le visage découvert étaient des membres de l’Elite plus vieux. Parmi ceux qui portaient des masques je reconnus immédiatement la plupart d’entre eux, trahis par d’infimes détails. Comme Kayla et ses longs cheveux blonds qui contrastaient avec sa robe noire.

Je balayai la pièce du regard à la recherche du moindre indice quand quelqu’un fit irruption dans mon champ de vision. Un jeune homme aux cheveux décolorés en un blanc argentés très grand et à la silhouette longiligne. Il portait un costume noir très serré avec une chemise rouge et un masque de médecin de la peste, la moitié haute seulement laissant sa bouche découverte. Une broche en forme de fleur était accrochée au revers de son col.

- Bonjour jolie fleur, c’est moi que tu cherches ?

Je ne répondis pas, dubitative. Je continuai de l’observer avec insistance, essayant de déterminer son identité à travers ces horribles lunettes teintées et ce gigantesque bec de vautour. Même sa voix ne me disait rien. Voyant que je ne réagissais pas, il se montra un peu plus insistant en attrapant ma main. Ses doigts étaient longs et fins, sa peau encore plus pâle que la mienne. Je levai le regard vers lui, il affichait un sourire…Carnassier. Je compris rapidement ce qu’il attendait de moi. Je repoussai d’abord ses avances, ne lui prêtant guère plus d’attention et me hissai sur la pointe des pieds pour voir par-dessus son épaule.

- Pas intéressée, je cherche quelqu’un, lâchai-je.

- Comme tout le monde ici, tu ne fais pas exception.

Il marquait un point. De toute évidence, il cherchait à me provoquer pour éveiller une quelconque réaction de ma part. Sans succès, mais plus il se rapprochait, plus je faisais un pas de recul jusqu’à ce que mon dos heurte le mur opposé à l’entrée. Je tentai de m’extirper lorsque mes yeux se posèrent sur quelqu’un au fond de la pièce. Il me tournait le dos mais je le remarquai immédiatement, il se démarquait nettement du reste. Même vêtu de blanc – couleur inhabituelle pour lui – je pouvais reconnaître sa silhouette entre mille. Alex se tenait là, quelques pas plus loin et discutait avec son groupe habituel, prenant part à la fête et semblait s’y amuser. Il était très élégant, habillé d’un jean slim blanc agrémenté de chaînes et d’épingles à nourrices ainsi qu’une veste de blazer blanche très classique. Je reportai mon attention sur l’inconnu aux cheveux blancs qui n’avait pas bougé, j’étais peut-être venue pour aller à la pêche aux informations mais après tout, je pouvais en profiter pour m’amuser aussi. Je me détendis et fis courir mes doigts le long de sa cravate avant de le tirer à moi pour chuchoter à son oreille.

- Tu veux danser ?

Sans lui laisser le temps de répondre, je l’entrainais sur la piste de danse. Portée par la musique, je fermai les yeux et me déhanchai au rythme des percussions. Je me sentais légère et décomplexée. Mon corps ondulait dans une danse sensuelle face à mon interlocuteur qui avait l’air très réceptif. Il saisit ma taille pour accompagner le mouvement et rapprocher mon bassin du sien. Collée à lui, si près que mes seins s’écrasaient sur son torse, je descendis le long de son corps. Glissant mes mains sur lui jusqu’à me retrouver accroupie puis je me relevai tournant sur moi-même. Dans cette chorégraphie savamment élaborée, je me plaçai naturellement dos à lui. Une de mes mains remontait vers sa nuque tandis que je sentis l’une de ses mains glisser de mon ventre à ma poitrine mais je ne la laissai pas terminer sa course et l’attrapai de ma main libre pour la guider vers mes cuisses. Je remontai ma jupe dans un geste élégant pour laisser apparaître la dentelle de ma jarretière. Dans cette posture, j’avais le contrôle absolu de ce qui m’entourait : tant que je sentais les mains de mon partenaire j’avais son attention et mon champ de vision me permettait d’avoir une vue dégagée sur l’ensemble de la salle. Alex n’avait pas changé d’interlocuteur mais il avait changé de place. Il ne me tournait plus le dos et s’était finalement positionné face à moi. Même s’il semblait plongé dans sa conversation, il avait les yeux rivés sur moi. Je ne détournai pas le regard et continuai de me trémousser dans des postures toujours plus lascives.

J’étais en sueur et essoufflée, il faisait une chaleur amazonienne, due probablement à la foule et au degré d’alcool. Plus à l’aise, je me laissai aller et fermai les yeux pour profiter pleinement de la musique. Je sentais de la sueur perler sur ma poitrine et dans le creux de mon cou, quelques mèches de cheveux collaient à mes tempes. Portée par l’ambiance j’étais comme en transe. Je me délectai de cette sensation. Mon compagnon de danse se montra soudainement plus impatient et voulu faire évoluer le jeu à un tout autre niveau. Il m’attrapa fermement les poignets et me tira hors de la piste de danse pour me plaquer dos au mur. Il posa ses mains de part et d’autre de ma tête pour me bloquer mais je n’avais pas l’intention de m’enfuir. En revanche, je me montrai moins docile lorsqu’il essaya de m’embrasser. Il s’était approché et sans que je n’aie le temps de réagir, avait collé ses lèvres contre les miennes passant sa langue pour leur demander l’accès. Ce à quoi je répondis par une morsure, le poussant à prendre quelques pas de recul. Il porta sa main à sa bouche et lécha ses lèvres comme pour apaiser la douleur. Je le fusillai du regard et ne me laissai pas démonter.

- Une fleur sauvage alors, sourit-il, j’adore.

Il revint à la charge, et cette fois, m’embrassa dans le cou. Je me laissai faire tout en jetant quelques coups d’œil par-dessus lui. Apparemment ce fût trop pour Alex qui nous surprit et rappliqua vers nous d’un pas vif. Lorsqu’il fût presque à notre niveau, il interpela mon anonyme par son nom.

- Wilfried !

Le principal concerné se crispa un instant avant de reprendre ses baisers. Alex se rapprocha encore jusqu’à poser sa main sur l’épaule de Wilfried avant de lui murmurer quelque chose à l’oreille. Le garçon sembla hésiter un instant puis il leva les yeux au ciel mais Alex ne lui laissa pas le temps de continuer et insista, toujours en chuchotant. Je ne parvenais pas à saisir ce qu’il lui disait mais cela sembla efficace. Je pu lire la peur puis la frustration sur son visage, il fit volte-face et siffla entre ses dents avant de rejoindre la foule percutant l’épaule d’Alex au passage.

Bien que satisfaite par cette petite démonstration, je fusillais Alex du regard.

- T’es sérieux ? De quel droit tu te permets de casser mon coup ?

- Ce mec est un prédateur, lâcha-t-il, crois-moi je viens de te sauver.

Je haussai les épaules et tentai de le contourner mais il me retint.

- Je t’offre un verre pour me faire pardonner ?

J’acquiesçai et le suivi jusqu’au bar. Il remplit deux verres de bière aux trois quarts et deux shooter : dans le premier il versa une liqueur épaisse et lactée semblable à du BAILEYS mais de couleur vert anis, dans le second il mit un liquide de couleur rouge sombre presque noir comme un alcool de myrtilles. Je trouvai le mélange particulièrement étrange mais j’étais curieuse de goûter. Alex me présenta les deux shooter.

- Un choix s’offre à toi, élixir ou poison ?

Il me tendit d’abord la boisson verte avant de développer.

- Si tu choisis l’élixir, tu passeras une soirée incroyable, la meilleure de ta vie. Mais demain tu auras tout oublié et la vie aussi morne qu’elle puisse être reprendra son cours sans retour arrière possible. Tu auras une vie moyenne ni heureuse ni malheureuse, rythmée de banalités et tu vivras dans le manque sans savoir de quoi.

Il marqua une pause puis me tendit ensuite la boisson rouge et poursuivit.

- Si tu choisis le poison, tu vivras une soirée d’enfer, au sens littéral du terme, précisa-t-il. Tu connaîtras une souffrance incommensurable, telle que tu voudras mourir plutôt que de la subir. Ce sera la nuit la plus longue et la plus douloureuse de ton existence mais le lendemain tout sera différent et les portes d’un tout autre univers te seront ouvertes. Tu devras vivres dans le secret pour le restant de tes jours et tu devras braver le danger, mais tu ne t’ennuieras plus jamais.

L’effet dramatique de la scène n’eut que peu d’impact sur moi, ce fût à peine je relevai, prenant cela pour une forme d’humour. J’attrapai le shooter contenant la boisson rouge et le plongea dans un des verres de bière. Le liquide blond pris alors une teinte sombre comme de l’encre qui se diffusait dans l’eau jusqu’à ce que les deux boissons se mêlent entièrement. L’effet était hypnotique.

- Poison ! C’est plus facile de tout risquer quand on n’a rien à perdre.

Je n’avais pas eu la moindre hésitation, peu importait les pseudo-risques auxquels je m’exposais, j’étais prête à tout pour connaître leurs secrets – et pour les révéler –. Je touchais enfin au but, ce n’était pas le moment de reculer. Alex avait pris le second verre de bière mais n’y avait rien ajouté. Je trinquai avec lui et avalai la boisson d’une traite. Je m’attendais à un goût sucré-amer mais il n’en fût rien, le cocktail était immonde. C’était âpre et acide, avec un arrière-goût métallique, j’avais l’impression de boire de la rouille liquide. Je toussai pour camoufler mon dégoût et lui rendis le verre entres les mains. Il esquissa un sourire en coin et me tendit la main pour m’inviter à danser. Je profitai qu’il baisse un peu sa garde pour le questionner en acceptant sa main.

- Ce n’est pas lui qui m’a invitée, n’est-ce pas ?

- Non. Wilfried n’invite personne, il se contente de récupérer les miettes. C’est un charognard, siffla-t-il. Il intercepte juste les invitées qui n’ont pas trouvé leur émetteur.

- Tu ne l’aimes pas beaucoup, constatai-je.

- Je me méfie juste. Tu devrais faire de même.

- Je n’ai aucun conseil à recevoir de toi.

Notre danse ressemblait à un slow, en moins romantique. Nous étions suffisamment proches pour avoir une conversation intime mais pas assez pour traduire une réelle complicité. Nos pas étaient automatiques, robotiques. Lassée de cette comédie hypocrite, je me détachai de lui et parti en direction des coulisses où m’isoler. Derrière le rideau, alors que je pénétrai dans le couloir, il me retint par le poignet. Je me retournai vivement, prête à me dégager mais quelque chose dans son regard était différent. Il avait l’air réellement désolé. Nous restâmes un instant ainsi tandis que j’essayai de jauger son état d’esprit, de percevoir ses intentions.

- Et puis merde ! Soufflai-je.

Je tirai d’un coup sec vers moi pour attirer Alex qui ne m’avait pas lâchée. Je plaquai mes lèvres sur les siennes sans lui laisser le temps de réfléchir. Moi-même, d’ailleurs, je n’étais pas sûre d’avoir réfléchis mais c’était le seul moyen d’être fixée. Depuis le temps qu’il m’envoyait des signaux contradictoires, il était temps pour moi de réagir, il fallait bien que l’un de nous deux fasse un pas de plus. Jusqu’à présent, j’avais toujours pensé qu’il ne faisait que jouer avec moi pour me charrier mais petit à petit le doute avait réussi à s‘immiscer dans mon esprit.

Je me retrouvai donc là, derrière le rideau, à savourer le goût de sa bouche insolente. Contre toute attente et à ma grande surprise il ne me repoussa pas, au contraire, il répondit à mon baiser. Il entrouvrit l’accès et sa langue vint à la rencontre de la mienne. J’eus le souffle coupé et mon cœur loupa un battement. J’avais la sensation que le temps s’était arrêté, plus rien n’existait autour de nous. Je n’entendis plus la musique, plus les voix des invités. Il glissa sa main dans ma nuque et agrippa mes cheveux. Je n’y croyais pas. À contre cœur, je nous séparais de quelques centimètres pour reprendre mon souffle. Il appuya son front contre le mien, ses yeux encore clos.

- Enfin, souffla-t-il.

Si c’était un rêve, je priai pour ne jamais me réveiller. Encore essoufflée, je le jaugeai du regard. Il souriait. Un sourire franc et sincère. De son autre main, qui n’avait pas lâché mon poignet, il m’attira plus profondément dans le couloir puis m’embrassa de nouveau. Je lâchai un hoquet de surprise lorsqu’il me porta soudainement comme si je ne pesai rien, j’enroulai mes jambes autour de sa taille et mes bras autour de son cou. Tout en continuant notre baiser langoureux, je le sentis se mouvoir, il se déplaçait sans que je ne sache dans quelle direction.

Ce ne fût que quelques instants plus tard, lorsqu’il me reposa au sol, que je réalisai où il m’avait emmenée.

Nous étions dans une chambre sans fenêtre, simple, à peine meublée. La pièce disposait seulement d’un lit à baldaquin en son centre et d’un miroir face à celui-ci. Rien d’autre. Pendant une fraction de seconde, je m’interrogeai : que faisait cette chambre dans un bâtiment de théâtre ? Pourquoi un miroir mais pas de fenêtre ? Où était le reste des meubles ? Mais au final peu m’importait, je ne m’attardai pas plus longtemps sur ces détails et repris mon échange avec Alex. Je passai mes mains sur son torse remontant jusqu’à ses épaules et fit glisser sa veste au sol. Il me fit reculer jusqu’au lit et me bouscula pour m’y allonger puis il glissa au-dessus de moi dans une démarche féline. Je profitai de cette position pour passer mes mains dans son dos et lui retirer son T-shirt. Je me redressai légèrement pour accéder au nœud du corset dans mon dos, maudissant déjà Sarah d’avoir élaboré ce système ; mais pour sa part, il ne lui fallut que quelques secondes pour m’en défaire. Il remonta le jupon et passa la robe au-dessus de ma tête. Je décollai mes lèvres des siennes pour laisser passer le vêtement, Alex laissa s’échapper un léger grognement de frustration puis revient à la charge. Nos mouvements devenaient de plus en plus appuyés, plus vifs, presque bestiaux. Je sentais ses mains enserrer ma taille, j’entendais sa respiration devenir plus profonde et tout mon corps réagissait au moindre de ses gestes. Ma peau frissonnait au contact de la sienne et la chaleur irradiait de mon ventre. Je le sentais se mouvoir sur moi tandis qu’il parsemait mon corps de baisers, mordillant ma chair de temps à autres. L’humidité laissée par sa langue et ses lèvres retraçait son parcours. Il m’arracha quelques gémissements qui l’encouragèrent à continuer.

Lassée qu’il me fasse languir, je lui signifiai mon impatience par quelques mouvements de bassin plus prononcés. Il ne tarda pas à y répondre en se redressant, il s’assit en tailleur et me releva d’un bras. J’étais désormais assise sur lui, ma poitrine contre son torse et mes jambes de part et d’autre de ses hanches. Dès lors, le reste de la soirée ne fût plus qu’un feu d’artifice de plaisir. Je me délectais de cette sensation divine. Nos corps enlacés ne formant plus qu’un l’espace d’une nuit. Nos ébats durèrent quelques heures, lui ne semblait jamais fatigué ; moi jamais rassasiée. J’attendais de vivre cet instant depuis si longtemps sans trop y croire, même mes plus grands fantasmes n’étaient pas à la hauteur de cette nuit.

D’abord moi au-dessus puis en-dessous, face à face ou dos à lui… Il me dirigeait et j’obéissais. Petit à petit, je devins plus entreprenante. Nous changions de positions comme de rythme ne permettant aucun répit à l’autre et je ne mis pas longtemps à comprendre l’intérêt du miroir face au lit. Il n’y avait rien de plus excitant que de l’admirer se délecter de mon propre corps, de voir son corps luisant de sueur et son visage déformé par le plaisir que je lui procurais. Les mots n’étaient plus utiles pour nous comprendre. Nos corps brûlants de désir et couverts de sueur se répondaient machinalement. Alors que je me retournai encore une fois sur le ventre, il se positionna à califourchon sur mes fesses et je sentis sa langue glisser le long de ma colonne vertébrale de bas en haut.

Soudainement, une douleur vive et lancinante dans mon omoplate me paralysa, une douleur semblable à deux aiguilles chauffées à blanc qui me traversaient de part en part. La souffrance était insoutenable mais ne dura qu’un instant, ensuite ce fût la sensation de brûlure qui m’arracha un hurlement déchirant comme si ma peau prenait feu.

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