CHAPITRE 13

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Après deux jours d’angoisse insoutenable, il ne me restait plus que quelques minutes à patienter avant notre petite escapade. Je ne savais pas ce qui m’attendait mais j’étais loin d’être sereine. De plus, Kayla avait beau être bienveillante avec moi, j’étais toujours mal à l’aise en sa présence. Et l’idée de passer une après-midi entière aux côtés d’elle et sa sœur, aussi froide qu’un iceberg, ne m’enchantait pas.

Midi et demie sonna, je me rendis immédiatement à l’entrée du lycée à la fin de mon dernier cours. Là, les membres de l’Élite étaient séparés en deux groupes : les garçons sur le parking, autour de la voiture de Dimitri et les filles juste à côté des grilles. Je conclus rapidement que la gent masculine n’était pas conviée à mon initiation. Toutefois, à mon grand soulagement, les deux sœurs n'étaient pas seules à m’attendre. D’autres filles étaient présentes et parmi elles, Eva, qui avançait déjà vers moi les bras ouverts. Je n’eus pas le temps de réagir qu’elle m’enlaça dans une étreinte chaleureuse et réconfortante.

- Bonjour Eva, articulai-je entre ses seins, lâche-moi tu m’étouffes.

- Heureusement que tu n’as plus besoin de respirer pour vivre alors.

Elle recula de quelques pas et m’observa attentivement. Pendant une fraction de seconde, je cru percevoir une lueur de fierté traverser son regard.

- T’es vraiment devenue très belle. Il ne reste plus qu’à mettre tout ça en valeur, première étape : shopping !

- Quelque chose ne va pas avec mes vêtements ?

- Tu as un style intéressant, il faudrait que tu l’affirmes plus, maintenant. Tu pourrais te mettre plus en valeur si tu portais autre chose que des T-shirt informes et des vieux jeans boyfriend.

Je haussai les épaules et levai les yeux au ciel. J’avais l’impression d’entendre Sarah. Il m’arrivait de porter des tenues plus travaillées, mais pour aller en cours je préférais être plus couverte pour ne pas me faire remarquer. Même le sweat de l’Elite qu’ils m’avaient fourni n’était pas à ma taille : il m’arrivait aux cuisses et les manches dépassaient largement de mes mains. Mais ce n’était pas pour me déplaire, j’étais plus à l’aise ainsi. Comme camouflée ou protégée par cette barrière de tissu.

Eva sembla saisir mon tourment puisqu’elle y répondit sans que je ne prononce le moindre mot.

- Fais-moi confiance, il est temps que tu te vois comme nous te voyons.

- Et comme il te voit… ajouta Kayla qui s’était approchée dans mon dos en pointant Alex du doigt.

Gênée, je ne répondis rien et baissai les yeux. Résignée à les suivre. Je n’avais jamais fait de shopping sans ma meilleure amie, c’était comme si je lui faisais une infidélité. Mais si elle avait été présente, je savais par avance qu’elle n’aurait pu qu’acquiescer, elle serait sûrement ravie que je reprenne ma garde-robe en main.

Et en un instant, les filles m’avaient jetée dans une voiture pour me conduire au centre commercial. C’était une énorme tour qui était le point central de la ville, elle s’étendait du niveau moins cinq au niveau quarante-neuf. Elle comportait plus d’une vingtaine de boutiques différentes et des restaurants. Le niveau zéro étant entièrement consacré à la seule grande surface de ville.

Même si celle-ci détonait avec l’architecture de notre petite ville, elle présentait plusieurs avantages. Le premier d’entre eux étant qu’elle répondait à tous nos besoins sans que nous ayons besoin d’aller dans une ville voisine. Le second, non négligeable pour un vampire, était qu’elle ne comportait aucune fenêtre : dans les souterrains comme à la surface, les murs étaient recouverts de gigantesques écrans pour offrir une immersion complète au client.

Ce fût le début d’une course infernale, elles se ruaient dans chacune des boutiques et débarquaient en trombe pour dévaliser les rayons. Je les suivais, incertaine, tandis qu’elles me balançaient dans les bras des tonnes d’articles dont je n’avais que faire.

Lorsque le tas de vêtements dépassaient largement ma hauteur, elles m’envoyèrent dans une cabine d’essayage. Eva me donnant ses directives depuis l’autre côté du rideau.

- Commence par mettre les bas noirs avec la jupe rouge. Et en haut, tu mets le crop-top.

- T’es sûre ? hésitai-je, je ne suis vraiment pas certaine…

Elle s’invita dans la cabine avec moi, alors que j’étais en sous-vêtement. Elle me saisit par les épaules pour me tourner vers le miroir.

- Regarde-toi.

- Je me regarde.

- Non, insista-t-elle, tu te vois, je veux que tu regardes.

En effet, malgré ma métamorphose, je n’étais toujours pas à l’aise avec mon propre reflet. J’avais conscience d’avoir des courbes plus harmonieuses mais de là à me trouver séduisante, je ne me faisais pas à l’idée.

Pourtant, quand je restais là à me regarder sans bouger. Je ne décelais aucun défaut, aucun complexe. Si ce n’était pas moi, j’aurais sans doute trouvé cette fille jolie.

- Pourquoi notre physique change tant après la métamorphose ?

- C’est un trait issu de l’évolution, un héritage génétique. Quand tu deviens prédateur, tu uses de ce leurre pour attirer tes proies.

- Donc on devient attirants pour séduire les humains et s’en nourrir.

- Tu as tout compris.

- En quoi c’est différent du pouvoir d’Alex ?

- Même si la totalité d’entre nous est à l’apogée de sa forme après la métamorphose, Alex est le seul à avoir suffisamment de sex-appeal pour déclencher une réelle fascination chez sa cible.

- Un manipulateur quoi, lâchai-je.

Elle esquissa un sourire mal dissimulé et lâcha son emprise.

- Habille-toi, on ne fait que commencer et il reste encore un tas de chose à faire avant ce soir.

- Ce soir ?

- Tu verras.

Légèrement plus confiante vis-à-vis de mon propre corps, j’enfilai donc la première tenue qu’elle m’avait conseillée. Il s’agissait donc de bas noirs en nylon qui m’arrivaient à mi-cuisse, une jupe en cuir rouge et T-shirt court noir uni. J’ouvris le rideau sous une pluie de compliments de la part de toutes mes consœurs.

Kayla m’indiqua ensuite un autre ensemble. Cette fois, plus en accord avec mes tenues habituelles. Elle m’avait conseillé de superposer un collant résille avec un jean troué accompagnés d’un chemisier blanc à col et une veste en cuir à clous.

- J’adore celle-ci !!

- Trop sage, rétorqua la fille aux cheveux courts que j’avais vue à la réunion.

Elle parlait rarement, je ne connaissais d’ailleurs toujours pas son nom, mais ses remarques étaient toujours bien ciblées. Comme si elle économisait chacune de ses paroles pour ne dire que ce qu’elle estimait utile. Elle avait un style androgyne qui malgré tout, n’enlevait rien à la féminité qui émanait d’elle. J’étais curieuse de connaître sa proposition… Et je ne fus pas déçue. Elle m’invita à porter un pantalon en cuir moulant et un débardeur de la même matière avec un corsage au niveau de la poitrine. Très osé. Même si j’adorais le résultat, je n’étais pas sûre d’assumer les regards qui se tourneraient vers moi à l’instant où je sortirais dans cet accoutrement.

Les essayages continuèrent ainsi jusqu’à ce que tout le monde s’accorde sur un look. Elles ne se privèrent pas au passage, d’acheter toutes les tenues précédentes sans mon consentement. Est-ce qu’elles dépensaient vraiment tout ça pour moi ?

Elles s’accordèrent finalement, au bout de la cinquième boutique, sur un body transparent noir sur lequel était dessiné un squelette des côtes au bassin, entrelacé de roses ; avec une fermeture à glissière le long de la colonne vertébrale et d’une jupe plissée à carreaux aux teintes rouges pour rappeler la couleur des fleurs. En transparence on pouvait apercevoir ma brassière en dentelle et en guise d’accessoire je portais une ceinture en forme de chaînes, un collier en argent avec des menottes en pendentif et des bagues surmontés de crânes en acier reliés à mon bracelet par des chaînes à chaque doigt.

- C’est pas un peu too much ? m’inquiétai-je.

- Non, c’est parfait ! répondirent-elles, toutes en chœur.

Je devais bien admettre que j’étais à l’aise. Je me sentais à la fois forte et sexy, débordante de confiance en moi.

- Vous ne m’avez toujours pas dit en quel honneur je devais porter ça ? J’ai bien compris que ce n’était pas pour aller en cours…

Elles échangèrent un regard mais ne répondirent rien. Pitié, faites que ce ne soit pas mes apparats funéraires. Si je devais vraiment être enterrée, j’aurais choisi des habits plus appropriés et plus pratiques. Heureusement, elles ne m’avaient pas forcée à porter des chaussures à talons et je gardais mes bonnes vieilles Dr. Martens.

Plusieurs heures étaient passées mais nous sortîmes avant le crépuscule. Le vent s’était levé et la pluie s’abattait à grosse goutte. Je m’arrêtai un instant sur le parking. Je fermai les yeux et retirai mes lunettes de soleil puis levai la tête en l’air en prenant soin de garder ma capuche et respirai profondément l’odeur du goudron mouillé. Depuis ma transformation, j’adorais les jours de pluie. Les épais nuages filtraient une partie des UV nous permettant de ne pas être éblouis par la luminosité, bien qu’ils soient encore agressifs pour notre peau. Cette odeur, le bruit des voitures dans les flaques... Toute cette ambiance me rappelait mon réveil vampirique. Le premier jour de ma nouvelle vie. Tout cela me paraissait déjà si loin, c’était comme se souvenir d’un rêve. J’avais encore du mal à croire que tout cela était réel.

Je rejoignis le petit groupe de filles qui m’attendait à la voiture. Désormais, j’étais plus enthousiaste pour la suite du programme. Dans la voiture, je profitai des vitres teintées pour me changer et enfiler ma tenue nouvellement achetée.

Après une bonne vingtaine de minutes de trajet, Kayla se gara sur un petit parking en terre à l’entrée d’une forêt. Entre temps, le soleil s’était définitivement couché et je pouvais enfin retirer le sweat de l’Élite et mes lunettes de soleil. Je descendis du véhicule, impatiente de découvrir ce qui m’attendait.

La lumière déclinante et l’humidité ambiante créait un épais brouillard à la cime des arbres et le vent faisait bruire les dernières feuilles de la saison. Autre avantage à être morte-vivante, je ne craignais plus le froid, en fait je ne le sentais même plus. Je regardai autour de moi, à part la route déserte, aucune construction à l’horizon. Nous étions au milieu de nulle part, probablement aux abords de la ville si nous ne l’avions pas quittée. L’ambiance était mystique. Je frémis. J’étais née à Halloween, adepte de films d’horreur et le glauque n’avait aucun secret pour moi, pourtant je n’avais jamais demandé à être l’héroïne de mon propre thriller. Pourquoi fallait-il qu’on m’enterre ? Et si je n’arrivais pas à ressortir à temps ? Allais-je passer l’éternité là-dessous, avec les vers pour seuls colocataires ? Je préférais encore renoncer à l’immortalité.

Eva passa son bras autour du mien d’un côté et Kayla de l’autre, elles me guidèrent à travers les arbres. Silencieusement je les regardais toutes unes à unes. Après tout, si c’était un rituel d’initiation, elles avaient toutes dû en passer par là. Et aucune d’entre elles n'avaient l’air traumatisée, au contraire elles étaient même enthousiastes. Si elles avaient pu le faire, alors moi aussi. Hors de question de pleurnicher ou de paniquer. Je n’avais jamais été faible, ce n’était pas le moment de le devenir maintenant que je possédais une force surhumaine. Je me redressai et accélérai le pas pour m’adapter à leur rythme.

Arrivées à une clairière au centre des bois, nous nous arrêtâmes, un trou avait été creusé au milieu d’un cercle de pierres. Un trou bien trop petit pour moi. Il faisait environ la circonférence d’une roue de vélo pour moins d’un mètre de profondeur. Allaient-elles me brûler et mettre en terre mes cendres ? Ou me démembrer ? Impossible, ma fin serait définitive. Je m’interrogeais encore quant à son utilité quand j’entendis un bruit de craquement venir d’en face. Automatiquement, je me mis en position de défense, tous crocs dehors, je sentis mes ongles pousser et se déformer pour devenir de véritables griffes acérées. J’avais réagi par réflexe, sans réfléchir, c’était pourtant une posture qui m’était inconnue mais je me tenais malgré tout prête à bondir sur quiconque approcherait. Ça tombait bien, je mourrais de faim. Un repas chaud avant ma sépulture n’était pas de refus.

Le brouillard était tombé presque au ras du sol et nous enveloppait, ma vue était brouillée mais je percevais une ombre approcher dans notre direction. Ignorant totalement mes camarades, je reculai doucement pour m’enfoncer dans la forêt. À pas feutrés, dans un silence absolu mais néanmoins à une vitesse fulgurante, je fis le tour de la clairière pour apparaître dans le dos de l’intrus.

C’était un homme grand et musclé, d’une cinquante d’année, vêtu d’un costume en soie. Trop bien habillé pour une simple ballade en forêt. J’étais à deux doigts de l’attraper pour planter mes crocs dans sa nuque mais il se retourna vivement et saisi mon poignet. Sous le choc et stoppée dans mon élan, je jetai un regard inquiet à mes amies qui n’avaient pas bougé, elles affichaient une mine mi-surprise, mi-amusée.

- Vous ne m’avez pas menti les filles, déclara l’homme, elle est discrète. C’est la première fois qu’on m’approche de si près à mon insu.

- Maître, sautèrent-elles ensemble en faisant une révérence.

Maître ?! Une vive douleur me fis sortir de ma torpeur, les griffes de mon interlocuteur s’enfonçaient dans la chair de mon avant-bras et du sang commençait à perler sous ses doigts. Je mis quelques secondes à réaliser que mes pieds ne touchaient plus le sol, il me soulevait d’une main sans le moindre effort. Une lueur sadique traversa son regard avant qu’il ne me fasse retomber au sol comme un vulgaire chiffon.

Ma plaie cicatrisa instantanément mais mon égo était piqué au vif. Je me relevai et rejoignis les rangs, penaude. Tout cela m’avait coupé l’appétit. De son autre main, l’homme avait apporté un carton qu’il n’avait même pas lâché. Il s’approcha de notre petit groupe. Une à une, mes comparses ajoutèrent un objet dans la boîte. Lorsqu’il passa devant moi, je constatai qu’il s’agissait de certains de mes effets personnels : une robe en laine, des photos de moi enfant, mon invitation à la Mascarade et d’autres babioles dont je n'avais plus l’utilité...

- Eh mais c’est à moi tout ça !

- Plus maintenant, lâcha le Maître, tout ceci représente ton ancienne vie. Nous sommes là pour enterrer l’humaine que tu étais.

Il avait prononcé le mot humaine avec tellement de dégoût, son aversion non dissimulé pour l’espèce me fit froid dans le dos. Il jeta le contenu du carton dans le trou et prononça quelques mots en latin.

- Sit flamme infernal consumat te esse.

Mon niveau en latin proche de zéro, je n’avais pas la traduction exacte. Cependant, certains mots transparents me mirent la puce à l’oreille. Sans le moindre briquet, le moindre accélérant, il fit naître des flammes de la terre en un claquement de doigts. Le feu de joie pris rapidement de l’ampleur mais resta confiné au centre du cercle de pierre. Je voyais les doigts de l’homme s’agiter pour faire danser les flammes et bientôt mes affaires ne furent plus qu’un tas de cendres.

- De la pyrokinésie ?

Kayla et Agathe acquiescèrent d’un signe de tête.

- Je te présente notre Maître, annonça fièrement Agathe, il est père de tous les vampires. Nous lui devons tous une obéissance et un respect inconditionnels.

Inconditionnel ? C’était mal me connaître. Même l’amour a l’égard de ma propre famille n’était pas tout à fait inconditionnel. Et ce type n’avait en rien mérité ma dévotion, bien au contraire, j’éprouvais pour lui une méfiance totale. Je voulais bien admettre que j’avais tenté de l’attaquer à la première occasion mais je ne faisais que me défendre face à une potentielle menace. Lui, en revanche, n’y était pas allé de main morte -sans mauvais jeu de mot- et n’avait pas hésité à user de sa force nettement supérieure pour me mettre à terre. Il aurait simplement pu me stopper mais il a pris un réel plaisir à me blesser, je l’avais vu dans son regard.

Il laissa les flammes mourir et les filles s’attelèrent à reboucher le trou. Lorsque ce fût fait, je me sentis libérée d’un poids, plus légère et plus sûre encore. J’étais enfin prête à abandonner mon ancien état pour devenir vampire à part entière. Toutes mes anciennes problématiques me parurent alors bien futiles. J’avais finalement trouvé ma place, auprès de ceux que je méprisais auparavant. Pour autant, je ne renonçais pas totalement à certaines de mes attaches. Je croyais encore en une certaine cohabitation. Nous étions peut-être des prédateurs, mais nous n’étions pas des animaux. Révéler le secret de l’Elite, renverser le pouvoir et mettre en lumière leurs écarts de conduite : tout cela ne pouvait pas avoir lieu. Désormais j’étais des leurs et pour la sécurité de tous, il valait mieux que cela reste ainsi.

Comme s’il lisait dans mes pensées, l’homme me lança un regard entendu.

- Bien, maintenant place à la fête, déclara-t-il.

- Troisièmes et dernière étape, se réjouit Eva.

- Votre vie ne résume qu’à des soirées ? demandai-je

- Imagine, répondit Kayla, pouvoir te livrer à tous les excès sans aucun effet néfaste. Boire de l’alcool à flot sans jamais être ivre, fumer du tabac sans danger pour ta santé, consommer n’importe quelle substance psychotrope sans jamais être accroc…

- Le but de l’immortalité, continua la garçonne, c’est justement de pouvoir profiter des plaisirs de la vie pendant l’éternité.

Je les écoutais passivement tandis que nous nous dirigions vers la voiture.

- Notre existence n’est pas vaine, nous avons une mission. C’est une lourde responsabilité, corrigea Agathe visiblement excédée, les soirées ne sont là que pour nous soulager et décompresser.

Sa sœur et les autres filles levèrent les yeux au ciel. Apparemment, elle était la seule à se prendre au sérieux.

- C’est quoi cette mission, tout le monde en parle mais personne ne m’a dit de quoi il s’agissait.

- Tu le sauras bien assez tôt, ponctua Eva, ce soir c’est ta soirée alors profite.

Nous sautâmes dans la voiture et Kayla démarra en trombe en montant le son de la radio au maximum. Elle fila en direction de la périphérie, je ne m’étais encore jamais aventurée aussi loin. À travers la fenêtre, je regardai le paysage défiler, découvrant une zone qui m’était totalement étrangère.

Nous avions quitté nos quartiers résidentiels et notre centre-ville en effervescence pour se retrouver le long de vieux immeubles en brique, délabrés et à l’abandon. La plupart avait les vitres cassées ou des structures en métal rouillé.

Nous arrivâmes finalement devant une grande chapelle gothique. L’extérieur ne payait pas de mine ; l’architecture et les vitraux étaient en bon état mais la végétation avait envahi les pierres, un lierre grimpait le long du mur recouvrant la façade en quasi-totalité et la mousses étouffait l’ardoise du toit. Même le cimetière adjacent sur la droite ne semblait plus entretenu depuis des années et seule la muraille qui l’entourait tenait encore debout, malgré quelques traces d’effondrements de-ci de-là. Kayla coupa le contact, en descendant de la voiture je pris le temps d’admirer l’édifice quelques instants.

- Je te présente notre QG, annonça Eva.

- Le point de rassemblement et lieu d’accueil de toute l’Elite, précisa Agathe.

- Vous n’aviez pas plus cliché comme bâtiment ? plaisantai-je.

- Tu sais bien qu’on aime faire dans le spectaculaire, répondis Kayla en passant son bras autour de mes épaules.

Je pénétrai dans la bâtisse le sourire aux lèvres, curieuse de découvrir ce qu’ils avaient bien pu faire de cet ancien lieu de culte. Je m’attendais à de la végétation du sol au plafond et du vieux mobilier couvert de poussière au milieu des ruines. Tel ne fût pas le cas. Je ne pourrais dire ce qui me frappa en premier tant la surprise m’avait hébétée. La nef centrale avait été entièrement rénovée, l’architecture d’origine avait été préservée tout en offrant un espace accueillant avec des cloisons, de la tapisserie et un parquet moderne.

L’espace avait entièrement été agencé en boîte de nuit : des platines étaient installées sur une estrade au niveau du chœur et un bar longeait le mur au niveau du collatéral. Tout l’espace jusqu’à la croisée du transept était une gigantesque piste de danse. Au niveau des poutres : des enceintes, spots lumineux et autres stroboscopes étaient suspendus. Depuis l’entrée, j’arrivais à percevoir deux escaliers monter depuis chaque bras du transept.

J’étais déjà impressionnée par l’aménagement de cet espace mais je n’avais pas manqué de remarquer l’isolation. En effet, de l’extérieur un calme plat régnait aux alentours, seuls quelques chants d’insectes ou hululement d’oiseaux trahissait leur présence ; mais à l’intérieur, l’ambiance était bien différente. Les basses résonnaient à en faire trembler les murs, les corps échauffés s’agitaient sur la musique et les innombrables voix des personnes présentes se mêlaient dans un brouhaha inintelligible. Les odeurs d’alcool, de sueur et de tabac parvinrent à mes narines. Je voyais toute une foule se déhancher dans des chorégraphies langoureuses, s’embrasser et se mordre… Je remarquai rapidement, à l’odeur de sang et au son de certains cœurs battant la chamade, qu’humains et vampires partageait ce même sanctuaire en toute quiétude. Les mortels offrant leur sang en échange d’une dose de venin. J’étais tétanisée par ce spectacle, pas tant effrayée mais étonnée voire indignée au point de ne plus être capable de réagir. Eva me chuchota à l’oreille.

- Le venin a des effets psychotropes et anesthésiants, en plus d’un puissant pouvoir amnésiant. Beaucoup d’humains viennent ici pour profiter d’une soirée de débauche avant de tout oublier.

- Le problème, poursuivit Kayla à mon autre oreille, c’est qu’il est aussi très addictif. Ils reviennent souvent sans savoir pourquoi, simplement parce-que leur corps les a guidés ici en quête d’une dose de venin.

- Le GHB du vampire quoi, supposai-je, ça vous permet d’avoir une source illimitée de sang chaud, donné de leur plein gré sans qu’ils en aient le moindre souvenir. Et en plus, ils viennent en redemander.

Alex ne tarda pas à nous rejoindre et les filles m’abandonnèrent pour se mêler aux festivités.

- Ne sois pas si négative, tu fais officiellement partie des nôtres maintenant, bienvenue, susurra-t-il. Je te fais visiter ?

Il me guida ensuite vers l’un des escaliers. Les deux se rejoignaient à l’étage formant un petit balcon au-dessus du déambulatoire, ce qui offrait une vue plongeante sur tout le club. Là, deux portes en bois faisaient face à chacun des escaliers. Il m’entraîna dans celle de droite.

J’entrai dans un magnifique bureau aux allures de manoir gothique. Alex ferma la porte derrière nous et le bruit de la fête fût considérablement étouffé, même pour notre ouïe fine. Comme dans la salle privée de l’école, les murs étaient aménagés en gigantesques bibliothèques, un salon avec des sièges et méridiennes en cuir ou velours capitonné trônaient au centre de la pièce. Dans un coin de la pièce, sur ma droite, un espace de détente avait été mis en place avec un billard, un flipper, un babyfoot et un minibar. Dans un autre angle, c’était un vieux piano qui se tenait fièrement en cette place. Un rideau noir séparait l’espace salon du reste de la pièce. J’en avais le souffle coupé, c’était vraiment superbe.

Alex m’accompagna ensuite dans la pièce voisine. Cette seconde porte menait à une salle de bain resplendissante, aux sol et plafond en carrelage noir. Au fond de la pièce se trouvait une baignoire à pattes de lion et en face de celle-ci une cabine de douche. Le mobilier était en marbre blanc et doré, un miroir baroque était accroché au-dessus du lavabo.

- Fais comme chez toi, m’invita-t-il.

Nous quittâmes la pièce et je redescendis vers le dancefloor. En silence, je déambulais dans les locaux, m’imprégnant de cette ambiance de discothèque qui n’était pas pour me déplaire. À vrai dire, je mourrais de faim, je n’avais rien avalé depuis un moment et les effluves de sang qui flottaient dans l’air me tournaient la tête. Guidée par la musique et envahie par la légèreté, j’invitai mon compagnon à danser. Notre chorégraphie dura quelques chansons, j’en perdais la notion du temps. Son corps contre le mien, ses mains qui me tenaient, son souffle dans mon cou… Ce petit jeu de tentation allait rapidement devenir une habitude à ce rythme. Alors que je dansais contre son torse, une autre personne vint se coller à mon dos. Je lançais un regard par-dessus mon épaule pour constater qu’il s’agissait d’un jeune homme de dix-huit ans tout au plus. Il était torse-nu et avait le crâne rasé, sa peau métisse et ses yeux clairs semblaient briller sous la lumière des projecteurs. Je me retournai totalement, pour faire face à ce nouveau partenaire de danse, tout en gardant Alex contre moi. Prise entre ces deux hommes, je me laissai enivrer par l’atmosphère. Le garçon tendit son bras par-dessus mon épaule en direction d’Alex. L’intéressé ne tarda pas à planter ses crocs dans son poignet, le jeune homme bascula la tête en arrière dans un gémissement de plaisir. Lorsqu’il eut terminé, Alex le libéra et approcha ses lèvres encore ensanglantées des miennes. Je m’approchai pour m’en saisir mais il se retira.

Saisie par l’excitation du moment, je laissai libre cours à mes envies et l’entrainai dans un coin plus tranquille, sous l’escalier. J’emprisonnai ses lèvres des miennes, un baiser auquel il répondit instinctivement. Il m’assit sur la rambarde en un clin d’œil et ses mains remontèrent le long de mes cuisses jusqu’à mes fesses. Grâce à notre vitesse surhumaine, nous passâmes de l’escalier au balcon puis il m’entraîna jusqu’au bureau sans jamais cesser de m’embrasser. Je m’assis sur le billard et l‘invitai à me rejoindre. Il ne se fit pas prier et ne tarda pas à s’immiscer entre mes jambes. Entre deux baisers fiévreux, nous nous arrachions nos vêtements. Il passa sa main dans mon dos et je sentis ses griffes me lacérer la peau et ses crocs plonger dans mon cou. Cette fois-ci, la douleur ne fût pas fulgurante, au contraire elle était même délicieusement excitante. Je sentais son venin parcourir mes veines et je l’entendis déglutir à chaque gorgée. Chacun de ses mouvements m’arrachait un gémissement, chacun de mes gestes provoquait un grognement satisfait de sa part. Mon corps s’enflammait à son contact, je sentis une vague de chaleur m’envahir de l’entre-jambe au visage. Il m’allongea sur la feutrine verte et se hissa au-dessus de moi. Ses doigts glissèrent dans mon intimité tandis que je me délectais de cette sensation. Puis il se retira, m’arrachant un grondement de frustration, aussi bestial qu’inattendu. Il faisait ressortir mes instincts les plus primaires et les sensations décuplées par le vampirisme ne faisaient qu’accentuer ce tourbillon de plaisir. Je n’eus pas le temps de réagir qu’il me retourna d’un tour de main. La pointe de mes pieds touchait à peine terre tandis que mon buste s’écrasait sur la table de jeu. En un instant, je le sentis se glisser en moi. Nos voix s’accordèrent dans nos cris de plaisir, j’oubliai où je me trouvai et tout ce qui avait bien pu se passer ces dernières heures. Mon corps se mouvait en harmonie avec ses vas-et-viens. Nous atteignîmes l’orgasme ensemble, comme s’il ne s’autorisait à lâcher prise qu’une fois à l’apogée de mon propre plaisir. En sueur, il s’écroula à mes côtés. En me redressant, je constatai des brûlures sur mes coudes et mes avant-bras provoquées par le frottement du tissu. Heureusement que je cicatrisais vite. J’avais effectivement remarqué que ses gestes étaient moins doux qu’auparavant, il ne me traitait plus comme une petite chose fragile.

- J’ai besoin d’une douche, déclarai-je, tu m’accompagnes ?

Il se releva d’un bond et m’accompagna jusqu’à la salle de bain. Tandis que je faisais couler l’eau pour remplir la baignoire, Alex se tenait face au miroir, l’air perdu dans ses pensées. Je m’approchais doucement dans son dos et passai mes bras autour de sa taille pour caresser son torse. En apparence, il réagit à peine mais je pu sentir un frisson le parcourir.

Je lui jetai un regard dans le miroir face à nous mais il semblait toujours dans ses pensées. Je me reculai un instant et mes yeux se posèrent sur ses omoplates. Une multitude de petites taches blanches recouvraient sa peau. De minuscules cercles. Intriguée, je posai mon index sur l’une d’entre elles, j’écartai alors mes doigts et cherchait à en rejoindre une seconde avec le bout de mon majeur. Je réitérai avec chaque stigmate et constatai qu’elles allaient toujours par deux. Toujours espacées de la même distance d’environ trois centimètres. En prenant encore un peu de recul, je vis que son dos en était recouvert.

Je ne mis pas longtemps à comprendre de quoi il s’agissait.

- Des cicatrices ? Sur un vampire ?

Ma question le fit sortir de ses tourments. Il se tourna vers moi.

- Quand tu deviens un vampire, toutes les marques disparaissent : hématomes, vergetures, cicatrices… Ta peau redevient aussi lisse et douce que celle d’un bébé. La seule qui restera à jamais est celle de la morsure. Celle qui t’aura transformée. Et comme tu peux le constater, pour ma part j’ai servi de goûter à une horde de vampires assoiffés.

Il avait prononcé sa dernière phrase avec humour sans réprimer son rire. Personnellement, elle me brisa le cœur. Je le bousculai pour prendre sa place devant le miroir.

- Attends, ça veut dire que j’en ai une aussi ? demandai-je en me contorsionnant pour voir mon dos.

- Pourquoi crois-tu que je ne t’aie pas mordu dans le cou ? J’ai veillé à choisir un endroit légèrement moins visible.

- Facile à dire, quand tu n’es pas une fille qui porte régulièrement des dos-nus.

- Ça se voit à peine. Tous les vampires en ont une, certain plus visible que d’autres c’est pourquoi ils les cachent par des tatouages ou du maquillage par exemple.

- Tout s’explique.

En effet, je n’avais pas manqué de remarquer que la plupart des vampires que j’avais croisés portait des tatouages, des pièces plus ou moins grosses et plus ou moins visibles selon les individus. Quand j’étais en Seconde, je croyais que l’Elite se prenait pour un gang de motards.

En quête d’un moment de détente bien mérité, je pénétrai dans l’eau suivie d’Alex. Tous deux assis face à face dans la petite baignoire, nous échangions quelques banalités. Ensuite, je me rhabillai tranquillement tout en observant la beauté majestueuse de la pièce.

- C’est vraiment magnifique.

- C’est ici que tu vivras désormais.

- Pardon ?

Ma réponse ne signifiait pas tant ma surprise mais j’avais peur de ne pas avoir bien entendu. Mon interlocuteur m’adressa un regard insistant. De toute évidence, mon ouïe ne m’avait pas trompée.

- Tu plaisantes j’espère. Non, je refuse. Et mes parents ?

- Tes parents ? répéta-t-il d’un ton agressif, suis-moi.

Il m’agrippa le poignet fermement et me guida jusqu’au second escalier. Des tableaux étaient accrochés sur le mur qui longeait les marches. Il me lâcha et ouvrit les bras en leur direction, m’invitant à y jeter un œil. Dans l’incompréhension la plus totale, je m’avançais prudemment en lui offrant un regard interrogateur, les sourcils froncés.

Je m’approchai pour regarder les tableaux un à un. Il s’agissait de cadres photos, toutes datées d’années différentes. Sur les images qui défilaient, j’observai différentes personnes en train de boire et s’amuser lors de fêtes semblables à des soirées étudiantes. J’avais beau me concentrer, je ne voyais pas le message caché, je ne comprenais pas où Alex voulait en venir.

Les photos allaient des plus vieilles en bas de l’escalier au plus récentes. Soudain, l’une d’entre elles attira mon attention, je me stoppai net. Celle-ci datait du 30 octobre, dix-sept années auparavant. Elle représentait trois couples dans les bras l’un de l’autre, dont les trois femmes étaient enceintes jusqu’au cou. Ils portaient des tenues aux couleurs fluorescentes et des jeans taille basse. Chacun d’entre eux avait un verre à la main ; un shot d’une boisson vert-blanchâtre. L’Elixir !

- Alors ? m’interrogea mon ami, qui avait remarqué mon trouble.

Je pointai du doigt l’une des trois femmes, blonde décolorée aux yeux verts.

- C’est ma mère… soufflai-je

Il pointa à son tour une seconde femme, brune, elle.

- C’est la mienne, ajouta-t-il avant de baisser son doigt vers son gros ventre, et là c’est mon petit frère.

Mon regard était comme fou. Mes pupilles s’agitaient dans les sens. Aucun détail de cette photo n’échappait à mon attention. Je cherchais le moindre indice qui m’aiderait à comprendre cette situation. J’avais la désagréable sensation que plus je m’approchais de la vérité, plus elle m’échappait. Je ne connaissais déjà pas la véracité des légendes qui avait bercé mon adolescence mais je ne connaissais même pas ma propre histoire non plus, de toute évidence.

Comme pour combler un silence trop lourd ou apaiser le vent de panique qui me gagnait, Alex apporta des réponses à mes questions silencieuses. Comme s’il percevait mon trouble.

- Le venin contenu dans leur boisson leur a fait perdre tout souvenir, mais ils étaient des habitués de cette boîte.

- C’est impossible. Ils m’ont dit avoir emménagé dans cette ville après ma naissance.

- Ils ne s’en souviennent sûrement pas. On les a manipulés, on a altéré leur mémoire. On suppose qu’ils ont goûté au sang de vampire ce qui aurait provoqué la croissance fulgurante des bébés et entraîné l’accouchement. Vous êtes nés ce soir-là, tous les trois, ici.

Je clignai des yeux sous le choc, bouche-bée.

- Vos parents vous ont vendu contre l’ivresse du venin, poursuivit-il. Ils ont passé un pacte, une dose de venin contre leur bien le plus précieux.

Je n’étais pas sûre de pouvoir assimiler plus d’informations. Mais il continua ses explications. Il me raconta qu’après notre naissance, nos parents furent libérés de l’emprise du venin et sevrés définitivement après avoir promis de nous offrir quand le temps serait venu. Je déglutis en entendant cette histoire, réprimant la nausée qui me bloquait la gorge.

- Tu appartiens à l’Elite depuis toujours.

- Pourquoi moi ? Et pas Sarah, ni même ton frère ?

- C’était le plan, mais c’était sans compter sur notre libre-arbitre à tous.

Il me raconta ensuite, que la façon dont nous avions tous évolué avec les années avait mené à la situation que nous connaissions actuellement.

- J’ai tout fait pour intégrer l’Elite il y a un an : j’ai rééquilibré mon alimentation, j’ai fait du sport, j’ai affirmé mon style et j’ai commencé à me faire remarquer… Finalement, ça a payé. Et inconsciemment, j’ai pris la place de mon frère. Lui et Sarah se sont bien intégré à la vie humaine et aucun talent particulier n’a été décelé chez eux.

- Mais moi si, continuai-je, plus j’essayais de vous fuir et de disparaître et plus j’attirais votre attention.

L’ironie du sort me fit esquisser un sourire mauvais.

- Oui. Mais il n’y avait pas que ça. Sans avoir de preuve, on pense que le sang ingéré par ta mère, en plus du venin, t’aurait dotée de certains traits vampiriques.

- Comme ?

- Ton addiction à la caféine, tes insomnies, ta sensibilité accrue au monde qui t’entoure… Ton incapacité à bronzer, se moqua-t-il.

Je le bousculai légèrement mais cette note d’humour fût la bienvenue à travers ce torrent de nouvelles accablantes.

- Mais qui a orchestré tout ça ? Et pourquoi ?

- C’est ce qu’on cherche à découvrir. Tu n’es pas sans savoir que nous chassons pour réguler l’espèce humaine et maintenir l’équilibre entre nos races.

- Hm hm, acquiesçai-je en serrant les dents.

- Eh bien il existe d’autres groupuscules de vampires, autrefois dominant, qui ne cherchent que le pouvoir. L’Elite arrive tant bien que mal à les tenir à distance du territoire mais ils restent bien présents à l’extérieur de la ville. On ne sait pas qui les dirige mais on pense que c’est un ancien membre de l’Elite, probablement le même qui a asservi tes parents à l’époque.

Je ne réagissais pas. Si j’avais besoin de respirer pour vivre, j’aurais sans doute perdu connaissance tant je retenais mon souffle.

- Je sais que ça fait encore beaucoup de choses à assimiler, mais plus que jamais, on a besoin de toi ici.

- Laisse-moi le temps de réfléchir, d’accord ?

- Cette soirée est faite pour ça. Tu as jusqu’au lever du soleil pour prendre ta décision.

- Pourquoi ne me laisser qu’une nuit ?

- Une nuit c’est le délai que nous avons pour te convaincre, pour te montrer ce à quoi ta vie pourrait ressembler si tu nous rejoignais.

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