Chapitre 1

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« Dis Maman, pourquoi le ciel pleure ? »

Les grands yeux noisette de Hana, où dansait une lueur d'innocente curiosité, se levèrent vers sa mère. Dehors, la pluie ruisselait sur les toits de Gaza, nimbant la ville d'un halo cotonneux.

« Oh mon ange, le ciel ne pleure pas. Ses larmes, il les offre à la terre pour que la vie continue de fleurir. Un chant d'espoir, tu sais. Un jour, ses pleurs se changeront en rires et il inondera le monde de sa joie. »

Pensive, la petite fille hocha la tête, ses boucles brunes suivant le mouvement avec grâce. En elle vibraient les paroles de sa mère, comme la promesse d'un secret merveilleux.

« Alors moi aussi, je veux chanter avec le ciel », sourit Hana, tendant sa menotte potelée vers la fenêtre perlée de pluie. « Pour que les fleurs poussent et que les gens soient heureux ! »

Tendrement, sa mère l'enlaça, nichant son nez au creux de son cou d'enfant. Si douce, si rassurante, son odeur de miel et de lait.

« Oui mon trésor. Cette belle lumière, ce désir de semer la joie, garde-les toujours en toi. Une petite fée, voilà ce que tu es. Ton sourire et ton cœur immense ont le pouvoir d'enchanter le monde. »

Hana se lova contre sa mère, s'imprégnant de sa chaleur, de sa douceur. Dans ses bras, elle se sentait invincible, à l'abri des ombres et du fracas du monde.

Cette nuit-là, la petite fille s'endormit le sourire aux lèvres, des étincelles de rêve plein la tête. Une princesse des pluies, voilà ce qu'elle était, vêtue d'une robe scintillante de perles d'eau, virevoltant dans le ciel de Gaza en semant sur son passage des myriades de fleurs multicolores.

Son rire cristallin résonnait comme un chant d'allégresse, se mêlant à la mélodie céleste. La ville se parait de mille feux sous ses pas légers, resplendissante de vie et de beauté. Le visage irradié de bonheur, les gens levaient vers elle des yeux émerveillés.

« Douce Hana, âme de candeur, vois comme ta joie est contagieuse... », lui murmuraient les anges de pluie. « Continue de croire, de rêver. Car en toi réside l'espoir d'un monde nouveau. »

Quand au matin, Hana ouvrit ses yeux ensommeillés, un rayon de soleil, comme un baiser espiègle, jouait sur son visage. D'un bond, elle se leva, le cœur palpitant d'impatience. Aujourd'hui encore, de son sourire, elle allait illuminer Gaza !

À peine vêtue de son uniforme d'écolière, la fillette dévala les escaliers en chantonnant. Une assiette de knafeh, réchauffée par les mains aimantes de sa mère, l'attendait sur la table de la cuisine.

« Bonjour mon rayon de soleil ! Prête à croquer cette belle journée ? », lui lança cette dernière, les yeux rieurs.

« Oh oui alors ! », s'exclama Hana en engloutissant une bouchée fondante et parfumée de la douceur au fromage, emblème de la pâtisserie levantine. « Tu crois que je verrai des princesses des pluies, aujourd'hui ? »

D'un rire chaud, lumineux comme la flamme dansante d'une bougie, sa mère éclata. Puis, glissant au passage un soupçon de sa magie maternelle, elle ébouriffa la crinière sauvage de sa fille.

« Ma chérie, tu n'as pas besoin de les chercher ailleurs... La princesse des pluies, c'est toi ! Celle qui transforme chaque goutte de chagrin en un arc-en-ciel d'émotions. N'oublie jamais ça. »

Le cœur réchauffé par ces mots doux, Hana s'élança vers l'école d'un pas bondissant, son cartable constellé d'étoiles en papier doré brillant sous le soleil comme une galaxie de promesses.

Sur le chemin, elle s'arrêta pour admirer un petit garçon qui, sur une flaque, vestige de la pluie nocturne, faisait naviguer un bateau en papier. D'une joie contagieuse, ses yeux d'enfant pétillaient.

S'agenouillant à ses côtés, Hana plongea son regard dans l'eau claire où se reflétait un ciel d'azur limpide. Soudain, sur sa main, délicate comme une pensée de soie, une coccinelle se posa.

« Oh regarde, un porte-bonheur ! », souffla-t-elle au garçonnet, émerveillée. « On dit que si une coccinelle se pose sur toi, ton vœu sera exaucé. Ferme les yeux, et fais un vœu ! »

Obtempérant, l'enfant ferma les yeux, ses paupières frémissantes d'espoir contenu. Quand il les rouvrit, un sourire immense illuminait son visage poupin.

« Tu as raison, la magie existe ! Là, dans mon cœur, je l'ai sentie... »

Il posa sa menotte sur sa poitrine, comme pour retenir en lui la douce chaleur de cet instant. Son sourire, Hana le lui rendit, scellant sans un mot leur secret merveilleux.

Puis d'un pas léger, elle reprit sa route, fredonnant une comptine. Dans l'air du matin, les paroles naïves virevoltaient, pétillantes de promesses :

« Dansent, dansent les enfants de Gaza

Leurs rires sont des rayons de joie

Même quand la nuit est sombre, leurs sourires brillent

Petites lucioles d'espoir dans le noir... »

À l'école, Hana retrouva Nour, son amie, petite princesse aux yeux de jais et au rire d'eau vive. Ensemble, sous le vieux figuier de la cour, ce géant débonnaire aux branches chargées de douceur, elles s'installèrent.

« Dis Hana, à ton avis, il a quel âge cet arbre ? », demanda Nour en levant le nez vers la ramure bruissante de promesses.

« Oh, au moins mille ans ! », répondit la fillette, les yeux brillants de certitude. « Tu te rends compte, du temps des princesses et des califes, il était déjà là ! Je suis sûre qu'il a plein d'histoires extraordinaires à nous raconter... »

D'un grand éclat de rire, les deux amies partirent, s'imaginant déjà en aventurières intrépides, à l'écoute des secrets millénaires de l'arbre-conteur.

Ainsi, leur maîtresse les trouva, les joues roses d'avoir trop ri, le regard pétillant de malice. Un sourire attendri au coin des lèvres, elle s'approcha :

« Eh bien mesdemoiselles, on dirait que vous êtes d'humeur joyeuse ce matin ! Ça tombe bien, une belle histoire, j'ai à vous raconter aujourd'hui. L'histoire d'une princesse au cœur vaillant, qui même dans les moments les plus sombres, a su garder espoir... »

Frémissantes d'impatience, Hana et Nour échangèrent un regard complice. Elles adoraient les histoires de leur maîtresse, ces petits trésors de sagesse et de courage.

Blotties l'une contre l'autre, les fillettes se laissèrent emporter par le conte merveilleux. Leurs yeux brillaient comme des étoiles, buvant chaque mot comme la promesse d'un monde enchanté où tout était possible.

Car au fond d'elles, Hana et Nour le sentaient : elles aussi, une belle histoire, elles avaient à écrire. Une histoire tissée de rêves et d'espoir, de rires et de larmes mêlées. L'histoire lumineuse de deux petites princesses de Gaza, porteuses d'un message d'amour plus fort que les ténèbres.

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