chapitre 1-5

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À peine quittait-on la pièce, et bien qu’elles parcouraient de toute leur force l’ensemble des parois du bâtiment médiéval, on n’entendait plus les notes graves de l’instrument. Chaque onde, aussi grave et puissante soit-elle, se décomposait au fur et à mesure de sa progression dans le sonateur de granite leucocrate, signe de sa richesse en quartz. Chaque cristal qui le composait, de quartz surtout, mais aussi de micas et de feldspath, scindaient l’onde en de multiples particules indépendantes. On ne pouvait les percevoir à l’oreille humaine, seuls quelques animaux particuliers en avaient la capacité. Si on ne pouvait en percevoir le son, les hommes qui en avaient la connaissance, ceux qui avaient été éduqués pour cela et dont la sensibilité avait été entrainée et modifiée, pouvaient en ressentir les effets.

Une douce sensation, telle une caresse intérieure m’envahit au fur et à mesure de mon ascension. Il faut dire que j’étais en plein milieu, sur le lieu d’émission même, là où les ondes protectrices avaient leur plus grande magnitude. Ils passeraient plusieurs jours avant que ne s’estompe cet apaisement intime et profond et ce bien être quelque peu artificiel ; et parfois même gênant dans mon cas. On ne peut parfaitement libérer toute la violence parfois nécessaire dans un état pareil de relaxation : c’est antinomique ! Cependant la protection qu’elles nous offraient contre les pouvoirs du haut mal était bien supérieure à cet inconvenant.

Arrivé en haut l’effet ondulatoire était à son apogée, et depuis les sens de mon corps enivrait jusqu’à mon esprit. J’eus une pensée pour l’Ange Sombre : lui, il allait souffrir cette nuit. Sa sensibilité, celle des êtres doubles, n’était pas la même que la nôtre. Je descendis par la corde dans un état second, une délicieuse ivresse endogene qui cependant ne mettait pas en péril mon équilibre et mon assurance. Bien au contraire, j’appréciai ce moment où je glissais dans l’Éther le long de ce merveilleux monument, dans la brise fraiche de la nuit, entouré des étoiles du ciel et des lumières de la ville. Quelques minutes plus tard, sans bruit, j’ouvrai et je refermai délicatement la porte de bois et je m’éloignai en trottinant pour rejoindre mon appartement avec la satisfaction d’un devoir parfaitement accompli.

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