Mirage d'hiver Part 12
Loukïan pataugeait dans la mer glaciale qui refroidissait peu à peu son métabolisme. Il regardait le jeune homme dans les airs qui imitaient les ailes des oiseaux avec ses bras. Loukïan s’apprêtait à s’expliquer avec lui, mais en un battement d’œil, celui-ci avait totalement disparu du lieu. Très vite, le Dompteur De Flammes remonta sur Larias et observa de son œil de lynx les alentours, mais rien à faire, le jeune homme, c'était complètement évaporé.
- Jasm… il n’existe pas la même légende que l’Illusionniste, mais en mec ? demanda Loukïan qui yeux plissait, regardait les moindres recoins, afin de voir s’il verrait une quelconque ombre.
- Euhhh… non, je ne crois pas, pourquoi ? répondit-elle en réfléchissant, sa main robotisée était sur sa lèvre et les yeux regardant dans les airs.
- Ce type a disparu comme un fantôme. Ce n'était pas normal. Un esprit, peut-être ? murmura Loukïan en s’approchant d’elle.
- Et un beau et mystérieux jeune homme qui comblerait ton cœur, ce serait pas mal, non ? lança-t-il en s'accoudant au gouvernail, les sourcils dansants malicieusement.
- Non mais ça ne va pas la tête ! s’exclama Jasmine. Après 10 ans passés auprès de Fain et de son foutu équipage, tu crois qu’un gars va me faire renoncer à ma liberté ? Il peut lécher mes bottes ou venir du fond de l’univers, je m’en fiche ! Même s’il est Roi d’une foutue Terre Promise, c’est non ! Je suis bien seule, et c’est grâce à toi, Loukïan. Merci… T’es malade de penser que j’allais tomber dans les bras du premier abruti et te laisser affronter Kalionna en solo ! T’as une fièvre hypothermique ou quoi ?
- Hah… hah… t’es drôle quand tu t’y mets, Jasm, rigola Loukïan. Ça n’existe même pas ce genre de fièvre ! Je ne pensais à rien de précis, c’est juste que… qu’après m’être fait avoir comme un bleu, j’aurais bien aimé te rendre la pareille.
Il restait affalé sur le gouvernail, la tête levée vers elle, tandis qu’elle s’agitait comme une furie devant les déclarations du Dompteur De Flammes qui lui semblaient absurdes.
- Ce que tu as fait avec Fain c’est déjà énorme, souffla Jasmine en regardant son Capitaine.
- Je n’hésiterai pas à recommencer. Personne ne mérite d’être asservi. Homme, femme… même un dromadaire ! C’est injuste, dégueulasse… servir un être aussi immonde que Fain… j’aurais dû le laisser crev…
Il s’interrompit d’un coup, il semblait attrister, perdu dans ses pensées. Son regard glissa sur le bois du gouvernail, il le toucha du bout de son index, puis remonta doucement sa vision vers sa Navigatrice.
- Il y a un truc qui me trotte dans la tête depuis Filandia… marmonna-t-il en se redressant lentement.
- Oui ?
- Quand on était dans le manoir… Ce que… ce que tu avais dit à Aramis… que j’avais… j’avais… des atouts idéaux pour… continua en bégayant Loukïan qui rougissait et détournait le regard pour ne plus être confronté à celui de la Navigatrice.
- Ohhhhhh ! Tu parles du moment où j’ai dit que t’avais ce qu’il fallait là où il fallait, et qu’Aramis était frustré d’en avoir une petite ? C’est de ça ?
- O… oui… c… c’était vrai ? questionna-t-il, se dandinant de tout son corps, gêné par la question.
Face à lui, Jasmine rigolait. Il était tellement rouge que son feu brûla toute l’entièreté de ses cheveux, lui faisant une crinière.
- J’ai juste cherché ce qui pouvait le rendre fou. J’ai sorti ma peste intérieure, comme Laïla. Mais… si je devais choisir entre finir ma vie avec sa tête de lézard ou toi, hmm… je crois que je prendrais quand même le lézard, dit-elle en riant.
- T’es sérieuse ? T’as senti l’haleine de ce type et t’as vu sa gueule immonde ?
- Ah bahhh là oui ! T’as vu ta tronche quand t’as rougi ? T’aurais fait 3 cm de plus et nos voiles auraient brûlé vifs…
- Jasm, t’es vraiment une peste parfois, marmonna-t-il.
- Peut-être… Loukïan tu es mon Capitaine, tu es un très bon Capitaine, j’ai confiance en toi et on tes ordres, si tu me dis d’énervé un type pour nous sortir de la merde, je le ferais, si je dois employer la manière forte pour te sortir d’une situation ou une femme folle essaye de te manipuler pour te ramener dans les fins fonds de l’océan, je le ferais ! expliqua calmement Jasmine.
Il baissa les yeux.
- Tu le pensais… un peu ? murmura-t-il, incertain.
- Hmm… y avait un peu de vrai. T’es un gars impulsif, maladroit… et immonde avec ton seau de pisse !
- Je devais le mettre où ?!
- À la mer ! Comme tout le monde ! rigola-t-elle en se plaçant à sa hauteur.
- Vu comment il a volé… à mon avis, il a fini quelque part, plaisanta-t-il en cachant son rire derrière une main.
Il descendit tranquillement les escaliers et alla s’asseoir sur la tête du dragon. Le voilier reprit sa route, voguant vers l’inconnu. Jasmine tenait la barre, concentrée, tandis que Loukïan observait les lieux… et que Rifuzuka dormait toujours.
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