Eau contre feu qui va gagner ? Part 2
Alors que les deux jeunes hommes s’affrontaient avec violence, le restaurant en plein air se transformait petit à petit en champ de ruines. Boules de feu étaient au rendez-vous, laissant derrière eux un chaos spectaculaire. Les cristaux de glaces gelées transperçaient les tables et la cabine en bois et fondaient sur les clients tels des piques hostiles.
Les sets de couverts, pris dans l’intensité du combat, avaient littéralement fusionné avec les tables, tandis que la fine porcelaine explosa et se fragmenta sous l'onde de chocs, se transformant en une poussière blanche éparpillée dans le chao.
Un combat faisait rage. Enzo glissait sur sa glace qu’il façonnait sous ses pieds. Sculptant au passage d’innombrables œuvres spectaculaires, qui ne t’ardaient pas de ravir les clients. Loukïan, pour sa part, projetait ses flammes ardentes, en direction du Charmeur. Son magma, désormais activé, remodelait les sculptures du cuistot. Celles-ci se teintèrent peu à peu de bleues, de rouges, dans un dégradé de violet. Leurs pouvoirs mêlés donnaient l’illusion qu’ils façonnaient, à eux deux, de véritables cristaux de fluorite.
Un véritable combat aérien faisait rage entre les deux hommes, Loukïan s’aidait de ses mains et fouettait l’air à l’aide de son feu pour pouvoir voler dans les airs et faire face à Enzo. Le cuistot, quant à lui, sautait dans les airs, virevoltait et se réceptionnait grâce à son don et à son agilité hors norme. Le sentier terreux était désormais vêtu d’incroyables et surprenantes sculptures d’une 15ène de mètres.
Perché sur les hauteurs de la colline en forme de cheminée, dominait le village d’Hérygna, un lieu paradisiaque où mythologie et fantaisie régnaient dans une somptueuse harmonie, un endroit qui donnait vie à ses légendes en tout genre grâce à leur peuplade qui avaient accumulé d’innombrables savoirs.
Le restaurant familial des Miota, était l’un des meilleurs restaurants du village. Il pouvait accueillir une vingtaine de personnes sur sa terrasse, ouverte uniquement en saison chaude. Heureusement, il vivait à Hérygna là où la température restait toujours aride et agréable.
Le père d’Enzo, alerté par le vacarme, sorti furieux, il surgit de sa petite cabane en bois, située à gauche de la cuisine ouverte, puis de son imposante silhouette, il se mit à courir.
- Voilà le daron qui se ramène, pensa froidement Jasmine. Le chef légendaire, taux de destruction 98 %, pour une entrée magistrale validée.
- Tu penses qu’il va leur mettre une raclée ? questionna la démone, qui, panier en main rempli de billets, calma les enjeux à l’arrivée du patron et s’approcha de son amie d’enfance.
- Non, vu la tranche qu’il tire, il va surement leur apprendre à faire des lasagnes, ironisa la Cyborg.
- Ah ouais ? sortit naïvement la démone.
Jasmine lui lança un regard froid et blasé.
L’homme tout rondouillard et imposant malgré sa petite taille de 1m69, sorti furieusement de l’établissement, ses jambes martelaient contre le sable avec détermination. Son visage, fatigué et durci par des années de travail, affichait une expression froide et implacable. Sa mâchoire carrée était serrée, et ses yeux bleu roi, perçants comme des lames de glace, foudroyaient la scène entre son fils et ce touriste qui n’avait rien à faire là.
Horrifié et étonné de voir son fils capable de maitriser l’un des pouvoirs interdit et banni de la terre des hommes, il s’élança contre lui, observant son restaurant avec écœurement, il ne restait que ruine et désolation. Les chaises étaient pour la plupart renversées, brûlées ou glacées. Ses fidèles clients demeuraient cachés dessous les tables paniquées, tandis que d’autres regardaient les sculptures de glace du Charmeur : le chaos régnait en maître dans son restaurant et ça, ils en avaient horreur.
Fou de rage, le vieil homme courut chercher une énorme spatule en bois dans sa cabane. Il revint en trombe vers son fils. De sa longue spatule, il donna un violent coup derrière les chevilles de son fils, ce dernier perdit l'équilibre et tomba dans les airs. Ne pouvant se rattraper, il cria.
Énerver et furieux, Eligio, le père d’Enzo, pointa sa longue planche vers le ventre du cuistot. Il le reçut de plein fouet, lui coupant le souffle d’un coup.
Le patron jeta furieusement Enzo contre le sol, puis l’injuria, le frappa à la tête à plusieurs reprises, avant de s’en prendre à son fessier et de finalement lui asséner un coup violent au visage.
Enzo tomba au sol, effrayé par cet homme qui ne l’avait jamais autant frappé auparavant. Il tenta de se défendre du mieux qu’il pouvait à l’aide de ses avant-bras qu’il avait renforcés de glace. Mais, rien à faire, sa glace se brisa sous les impacts que son père lui donna. Le mal était déjà fait, on n’avait rien de temps, le Chef du restaurant l’avait entièrement soumis par la force.
Son père déposa sa longue spatule sur sa jugulaire, puis il la pressa de sorte à ce qui ne puisse plus respirer ni bouger.
- Cretino ! hai distrutto il mio ristorante! porca miseria ! Enzo ! (Crétin ! tu as détruit mon restaurant ! bordel de merde ! Enzo !) invectiva son père qui cherchait à lui décapsuler la tête comme en décapsule une bouteille.
- Chiedo... scusa... Non volevo... Scusami, padre... (Je… suis désolé… Je ne voulais pas… Pardon, père...) murmura-t-il, suffoquant, tout en tentant d’écarter la planche de sa gorge.
Face à la rage naissante de son père, Enzo se paralysa, il resta dans l’incapacité de faire le moindre mouvement, plongeant une nouvelle fois dans ses souvenirs, encore une jeune femme, de la neige, un cri, un petit garçon, un flocon taché de rouge, s’accentuant dans se souvenir encore incompréhensible des voix de rabaissement.
- Espèce d’imbécile ! Tu aurais dû la sauver !
- Non, non, laissez-moi ! Je sais que vous n’êtes que des voix dans ma tête, pensait Enzo en pleine crise de folie qui se tenait les cheveux et dissimulait son visage derrière ses avant-bras.
La panique gagna rapidement le Charmeur, qui, plongé dans ses douloureux souvenirs, peinait à respirer.
Entendant malgré elle les pensées d’Enzo, le cœur de la Nephilim se serra, son souffle se coupa, les larmes aux yeux, elle s’avança vers le jeune cuistot. En se tenant la poitrine, elle s’approcha lentement du Charmeur à terre, puis, délicatement, elle posa l’une de ses mains glaciales sur l’épaule d’Enzo et souffla calmement :
- Hé... Enzo… ça… ça va ? Cal… Calme-toi, tout va bien, tu n’as rien à craindre, respire doucement, tu es en sécurité, renvoya la démone qui le prit par la poitrine avant de l’enlacer dans ses bras.
- Laissez… laissez-moi ! hurla Enzo de sa voix pleine d’émotions.
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