Eau contre feu qui va gagner ? Part 4

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Rifuzuka attristée, suivie discrètement Enzo de loin, elle s’inquiétait pour lui. Cheminant dans les bois, le Dompteur De Glace restait songeur. La tête dans le flou, il avançait sans trop savoir où aller. Son vieux sac de molleton de militaire sur une de ses épaules, il marchait à travers le bois, sans trop faire attention à ce qui l’entourait.

Ce fut, lorsque la Néphilim piétina accidentellement une brindille, qu’il se rendit compte qu’il était suivi depuis son départ du restaurant. En un instant, il reconnut les pas doux et légers à peine perceptibles que faisait la démone.

  • Ma… ma Belle ne t’en fais pas pour moi, ton beau et valeureux chevalier de glace va très bien, retourne au village, tu vas te perdre dans ses bois, informa Enzo en se retournant et regardant les alentours.

  • Je n’irais nulle part, Enzo, je m’inquiète pour toi. Te laisser seule avec autant d’émotions accumulées, ce n’est pas bon… Je refuse de m’en aller ! expédia la démone en sortant des bois et lui faisant face.

Enzo soupira doucement. Il aimait sa douceur, mais il avait besoin d’air.

  • Ma Belle, je comprends ton inquiétude, mais je t’assure, pour le moment, j’ai juste besoin d’être seul, expliqua calmement Enzo, qui lui caressa tendrement le visage avec la paume de sa main. J’ai l’habitude de ce genre de situation, ne t’en fais pas, mais j’ai besoin de marcher, juste un peu. Me ressourcer avec la nature. Laisse-moi un peu. Je te reviendrai, promis ! Ne te fais pas un sang d’encre pour moi, ton valeureux et tendre chevalier de Glace sera toujours là pour toi, mais en attendant, ma Belle, garde la tête froide, d’accord ?

  • D’a… D’accord… murmura Rifuzuka, la gorge nouée.

Après cette phrase, elle repartit au restaurant, là où les habitants aidaient du mieux qu’il le pouvait Eligio Miota. Ce dernier, toujours dans un état de choc et réalisant peu à peu qu’il avait perdu son investissement de toute une vie, partit se réfugier dans sa cabine qui restait encore intacte comparée à son restaurant.

Rifuzuka interrogeait par ses agissements, le suivi discrètement. Enfermer dans sa cabine, l’homme d’âge mûre contemplait le portrait d’une jeune et douce femme, les yeux noisette, une peau douce avec des cheveux blanc légèrement rosés. Il regardait ce portrait dépiter.

  • Angela. Ma belle Angela. Ma douce Angela. Pardonne-moi, mon amour, de ne pas avoir su être l'homme de tes désirs. Quant au père que je suis devenu… tu en aurais honte. Pardonne-moi chérie, mais… notre fils mérite mieux. Bien mieux ! Je lui ai enseigné l'art de la cuisine, l'art des saveurs, mais l'art d'aimer, je ne peux pas l'enseigner. Mon amour, chaque jour passé loin de toi me glace le cœur. Comment pourrais-je lui enseigner un art que j'ai oublié depuis si longtemps ? renvoya Eligio dans sa langue natale, qui laissa couler quelques larmes sur le portrait de sa femme.

Rifuzuka qui l’observait devant la porte, ressentit sa peine. Une douleur ardente qui lui coupait le souffle à chaque respiration, un pincement au cœur si intense que la douleur ressemblait à une main accompagnée d’un gant rempli de pique. Une sensation de corps qui tombe, un sentiment de tristesse intense, une envie que chaque jour soit le dernier, plus aucune volonté ni envie de continuer, un vide accompagné de douleurs morales et physiques, voilà ce qu’endurait le père d’Enzo. Face à un tel chagrin émotionnel le sang de la démone se glaça. Jamais elle n’avait ressenti un tel appel à l’aide, un tel désespoir provenant d’une personne.

Elle s’avança en direction du Chef, puis lui renvoya doucement :

  • Je… je me permets de vous déranger… commença difficilement la démone.

  • Tu… tu es l’une des personnes qui accompagnent mon bon à rien de fils… Que viens-tu faire ici ? Toi et ta sale bande avez ravagé mon restaurant ! Et tu as le culot de venir te pointer devant moi ! Qu’attends-tu de moi, que je t’accueille à bras ouverts et que j’accepte tes excuses ? Bon sang ! Sciocchina ! (Idiote), accusa le patron en faisant rouler les R et chantonner la phrase.

  • Écouté monsieur Miota, je… je tenais à vous présenter personnellement mes excuses, je comprends au combien que la situation dans laquelle vous vous trouvez est très difficile à vivre, c’est pourquoi monsieur, je me permets de vous donner une petite part afin de vous aider financièrement à rénover votre établissement, expliqua calmement la démone qui déposa délicatement le panier débordant de billets sur une petite table carré en bois présente dans la pièce.

En posant l’objet sur la table, Rifuzuka releva la tête. Son regard se figea sur un étrange objet en forme de croix, intriguée, elle observa son sang face à ce crucifix en verre coloré et doré, cloué au mur, se glaça.

Intriguée, elle monta sur la table remplie de différents papiers et de babioles en tout genre, puis, Rifuzuka tremblait. Pas de froid. Pas de peur. De rage. Une rage noire, ancienne, comme un feu oublié sous la cendre. Elle s’approcha du crucifix, et dès qu’elle le toucha, ses yeux virèrent au rouge vif. Son cœur battait à un rythme inhumain.

Elle sauta au sol et examina attentivement cet étrange objet. Elle le tourna et le retourna, puis l’observa avec plus ample attention. La silhouette en métal de ce dernier brillait de mille éclats, elle releva les yeux vers Eligio.

Son regard, chargé de haine en direction du père d’Enzo, paralysa ce dernier. Très vite, les cheveux noireaux de la démone se tintèrent de mêmes couleurs que ses yeux.

Sans un mot, elle reposa doucement le crucifix sur la table et, dans un élan fulgurant, elle fonça sur lui, tel un fauve enragé. La violence de son assaut fut telle qu’elle le plaqua contre le mur, lui coupant le souffle et l’empêchant de bouger, d’agir.

  • VOUS VOUS RENDEZ COMPTE DE CE QUE VOUS AVEZ FAIT ? beugla-t-elle un animal sauvage, la démone, qui frappa violemment son poing droit sur le mur, en montrant les crocs devant sa proie.

  • Mais lâche-moi, ça ne va pas bien dans ta tête ? Je… je ne vois pas de quoi tu parles ! se défendit le père du Charmeur, en bégayant et en tentant de repousser la furie de la démone.

  • Ohhh non, non, non, mon coco, vous n’allez pas vous en tirer de la sorte, croyez-moi ! hurla de nouveau la démone en le pointant du doigt. Elle le lâcha brutalement, passa une main fébrile dans ses cheveux et se mit à faire les cent pas dans la pièce, submergée par une rage de colère.

  • Mais… Je… je ne vois pas de quoi tu parles, informa l’homme qui fit un pas vers Rifuzuka, afin de calmer sa folie meurtrière.

  • Arrêtez de faire l’idiota (l’idiot). Le crucifix derrière moi… il n’appartient pas à cette époque ! La conception est bien trop différente, bien trop spécifique ! Il est poli, fabriqué dans des matériaux si différents, sans compter que la soudure est soigneusement appliquée, il n'y a aucune imperfection, ce style de fabrication n’existait pas avant, pfff… l’an 2000, de plus, votre femme… je ne comprends pas ! Je ne comprends pas ! tenta-t-elle de comprendre, tournant dans la pièce à la recherche d’une explication rationnelle.

Comment cet homme avait-il pu avoir un crucifix datant des années 2000 ?

  • Vous avez voyagé dans le temps ? C’est la seule explication rationnelle ! Vous êtes un Remodleur Temporel ? souffla Rifuzuka surprise, qui semblait avoir trouvé la réponse.

Un rire nerveux échappa au Chef.

  • Non ! Mais de quoi tu me parles, Remodleur Temporel ? Tu es tombé sur la tête, petite ? répliqua-t-il en riant, moquant l’idée qu’une telle chose soit possible.

  • Alors expliquez-moi COMMENT UN OBJET DATANT DU DÉBUT DES ANNÉES 2000 SOIT EN VOTRE POSSESSION ?

Il n’eut pas le temps de répondre que la démone, à bout de nerf, rouvrit un de ses portails, le ramenant tout droit en Enfer. Elle en sortit un écarteur. Elle lui retira son énergie et le posa tranquillement sur l’instrument. Une fois posé et attaché, elle remit son énergie.

Attaché tel un sacrifié sur une longue planche en bois dure, ses poignets et ses chevilles restait impossible à bouger, seul restait possible pour lui, bouger sa tête afin de voir toutes les tortures que s’apprêtait à lui donner Rifuzuka.

  • AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH ! Mais qu’est-ce que tu fais ? questionna Eligio paniqué, qui regardait de droite à gauche afin de se libérer de ses liens.

  • Je vous éduque Monsieur ! NE VOUS AVISEZ PLUS JAMAIS, AU GRAND JAMAIS DE MENTIR À LA FILLE DU ROI DES DÉMONS MOUHAHAHAHAAHAHHAHAHAHA, renvoya Rifuzuka qui actionna le levier.

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