Jasmine et Loükian cherchaient d’arrache-pied Rifuzuka, sur chaque recoin de l’île, mais en vain, ils revinrent au restaurant familial des Miota, dépités. Là où la glace fondait à vue d’œil sur le sol poussiéreux du sentier, qui humecter le sable, de sorte à créer d’innombrables tâches d’un irrégulier contraste. Les plus petites sculptures créées par le Charmeur avaient entièrement fondu, sous l’aride soleil qui battait, quant aux plus grandes, elles se dressaient encore de leur stature, embellissant le lieu ravagé par le feu et la glace.

Le village d’Hérygna s’étalait sur une longue et dense colline, les demeures se voyaient séparées par un, deux ou même trois kilomètres, voire plus encore pour certaines. Toute l’île d’Hérygna restait entièrement plongé dans un désert de forme ovale, les maisons et les auberges s’avèrent particulièrement compliquer à dénicher, tout le village rester engouffré sous des kilomètres de sable dorée.

L’endroit regorgeait de végétations en tout genre et seul un sable fin recouvrait le sol sur plus d’une centaine de kilomètres. Qui plus est, la chaleur aride de l’air du midi, mélangée au sable brûlant qui se soulevait sur leurs pas, rendait l’endroit difficilement respirable. Même la dense forêt, qui les entourait, semblait ondoyer tel un mirage. Au point qu’il lui était impossible de rafraîchir la zone, n’aurait-ce été que de un ou deux petits degrés.

• Tu… tu penses qu’elle est retournée en Enfer ? demanda Loukïan, mains croisées derrière son crâne, regardant Jasmine à sa droite du coin de l’œil.

• F… franchement… pour être honnête avec toi, lorsque j’ai rencontré Rifuzuka, elle était chargée de détruire le monde. Son père lui-même le lui avait ordonné. Malgré tout, elle ne l’a jamais écouté et préférait passer le plus clair de son temps à protéger chaque habitant de Filandia, affranchi Jasmine d’une voix douce et calme, tout en mirant le sol à ses pieds.

Loukïan tourna toutefois la tête en sa direction, sourire en coin, curieux d’entendre la suite de cette histoire radoter par sa Navigatrice.

• Sous ses aspects démoniaques, elle possède un cœur tendre. Si… si son souhait avait été celui de repartir en Enfer, elle l’aurait déjà fait depuis longtemps. Au lieu de ça, elle a préféré apporter son appui au genre humain, quitte à se mettre elle-même en danger en cas de besoin. Beaucoup n’ont jamais remarqué les efforts et tout ce qu’elle a accompli. D’ailleurs, la première fois que je l’ai rencontrée, elle était en train de… elle s’arrêta.

Plongée dans ses souvenirs, Jasmine se revit, bien des années plus tôt, où un orage violent faisait rage. Le tonnerre grondait, la tempête déverser sa fureur dans la forêt ou elle marchait. Le vent hurlait entre les arbres. Âgée de tout juste 6 ans, elle avançait à tâtons, perdue dans l’obscurité des bois de la nuit, du mois de janvier.

Les intempéries malmenaient chaque recoin et chaque pas en avant augmentait le danger. Terrifiée par les sangliers, qui rodaient dans les bois et grommelaient de-ci de-là, tout autour d’elle. Ainsi terrorisée, elle grimpa dans une vieille cabane en bois, perchée sur pilotis, et s’obstina à pousser la porte pour la refermer. En manque de force, elle dut appuyer son dos contre et s’aider de ses jambes fluettes. Là où elle se rendit compte que les planches intérieures se restaient tachées de sang frais.

Trop tard ! Les gonds grincèrent et, sous une rafale qui traversa l’abri, la porte se referma d’un coup pour la piéger. Face à elle, deux yeux rouge sang posés sur elle, depuis une zone d’ombre. Un éclair éclata à l’extérieur et illumina l’intérieur de la cabane, tout comme ce monstre, inerte, dressé face à elle.

Il bondit contre elle…

Jasmine revenue à elle lorsqu’elle entendit des hurlements à répétition provenant de l’intérieur du restaurant.

Elle et Loukïan se jetèrent un regard complice, puis, ils coururent aussitôt à l’intérieur. Là, ils découvrirent le père d’Enzo, attaché sur une table, ainsi que Rifuzuka, scotchée par un ruban gris épais de toute part. Elle était également saucissonnée et assise sur le sol sans qu’elle ne puisse faire le moindre mouvement, au risque qu’Enzo ne la congèle.

• Mais… mais qu’est-ce qui se passe ici ? hurla aussitôt Loukïan, fou de rage, fixant Enzo et laissant la colère éprouvée tout à l’heure monté à nouveaux en lui.

Ses cheveux s’embrasèrent face au regard du Charmeur et il restait bien décidé à en découdre avec lui, qui tenait un étrange objet en métal dans ses mains.

Un objet en forme de croix, orné d’un contour en or, d’une structure en argent avec des bouts de verres éclatant rappelant les vitraux des églises. Le crucifix était d’une telle beauté qu’il semblait d’un éclat surprenant. Ornée de diamants posés sur les quatre coins, elle avait des ramures ressemblant à des queues de baleines, au centre de celle-ci un homme planté par ses mains et ses pieds dans un matériau en argent.

• Donc… si je comprends bien ce que tu me dis… ma maman est une sorte de voyageuse temporelle ? demanda Enzo, en tournant la croix dans sa main droite tout en regardant la démone assise au sol.

Rifuzuka acquiesça de la tête, afin de répondre positivement à sa question.

• Ça… ça explique… ses… nombreuses absences… souffla-t-il en souriant à la Néphilim face à lui.

Très vite, il se fit interrompre par Loukïan, qui courra vers lui, le prit en plein élan par la taille et le plaqua brutalement contre les lattes en bois au sol avant de lui faire face et de grogner contre lui, des flammes sortant de sa bouche prêtes à brûler le visage d’Enzo. Celui-ci essaya de le repousser avec ses avant-bras pour ne pas finir par carboniser.

Voyant la sauvagerie de Loukïan, Rifuzuka paniqua, les yeux grands écarquillés, elle fixait les deux hommes à quelques centimètres d’elle.

Jasmine, face à l’impulsivité de son Capitaine, hurla de toutes ses forces afin de l’arrêter :

• LOUKÏAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANNNNNNN !