Les yeux grands écarquillés et horrifiés par une telle scène, Le Charmeur tourna sa tête par à-coups, apeuré, il se concentra sur le malfrat qui avait saucissonné son père. Choqué et ahuri de voir, un doux et agréable regard, lui faire face, celui de la démone. Sourire jovial montant jusqu’aux oreilles, elle s’affalait sur le levier pour torturer davantage Eligio Miota et débloquer le maudit mécanisme. Le regard d’Enzo, passait de son père à la démone, ainsi de suite. Bloqué face à une telle scène, improbable, il ne savait quoi faire et quoi en penser, c’est pourquoi il resta bouche bée et ne put que souffler :

• Euh… mais qu’est-ce qui se passe ici ?

• Mmh ? Ah ! Tiens, Enzo ! Te voilà, j’aurais besoin de toi. Prends le gros bâton derrière toi, tu vas lui donner des gros coups dans le bide ! Tu verras, ça va te défouler après ce qu’il t’a fait et il va morfler le petit vieux, crois-moi, MOUAHAHHAAAHAHAHAHAHHAHA, s’exclama la démone d’un ton excité, en dénouant le nœud qui avait bloqué le coulissage des cordes.

Aussitôt délivrée, elle tira d’un coup sec, puis, posa son coude sur le levier pendant qu'Eligio suffoquait sur la table en bois.

• Mais… mais non ! Arrête… expulsa-t-il faiblement, ahuri Enzo, en laissant tomber son sac au sol et en courant à toute allure vers la démone.

Il la bloqua par la taille, puis, agrippa l’un de ses poignets avec sa main dominante, afin qu’elle ne puisse plus bouger. Ce fut toutefois sans compter sur la témérité de la démone qui, en prenant élan, tenta de lui sauter sur l’épaule. Aussi rapidement qu’elle, il la prit au dépourvu et stoppa net sa seconde main, avant de la pousser en arrière pour la plaquer de toute sa stature contre le mur.

• NON ! Ça suffit, ma Belle ! Maintenant, tu te calmes, ordonna Enzo en lui offrant son fameux sourire.

Elle tenta de lui donner un violent coup de crâne au menton. Ce qu’Enzo esquiva de justesse avant de l’adosser une nouvelle fois contre le mur.

• Mais t’arrête, espèce de folle, tu crois quoi ? en ria le Charmeur.

Elle se défendit, puis alors que sa main gauche fut libre, elle prit appui sur sa deuxième main et sauta de tout son poids contre Enzo. Le Charmeur se retourna puis, l’attrapa au vol par la taille, il la tira vers lui, pour qu’elle ne puisse plus actionner ce levier, qui faisait perdre son âme à son pauvre père.

Frappant des poings et des pieds, l’aspect démoniaque de Rifuzuka reprit le contrôle sur son apparence humaine. Elle feula et essaya de griffer le visage du cuisinier écartelé.

• Enzo, lâ… lâche-moi ! Ton père a…

• Arrête ! hurla Enzo à des dizaines de reprises, paniquée devant la puissance de la démone, qui perdait peu à peu sa prise sur sa taille.

• Il est allé… voir ta mère et… est parti dans le futur pour rapporter ce crucifix ! expliqua la démone, reprenant peu à peu ses esprits, tandis qu’elle perdait de l’énergie et du souffle.

• WHO WOW WOOOOW ! On va se calmer la Folle à lier ! Tu dis n’importe quoi ! répliqua aussitôt le Charmeur en la lâchant.

• Non ! Les matériaux utilisés pour ce crucifix n’ont pas été inventés. Pas avant l’an 2'000 en tout cas, lança la démone en se mettant sur la pointe des pieds pour se placer à sa hauteur.

• Ce… ce crucifix appartenait à ma mère ! répondit Enzo en bloquant le buste de la démone et lui renvoyant une pichenette sur le front. Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir de remballer ton engin de torture, la Folle à lier, et tu vas libérer mon père, c’est vrai qu’il a plus de défauts que de qualités, mais quand même, le transformer en ficello c’est un peu trop, là.

• Attends… si je comprends bien, tu es en train de me dire que ta mère a voyagé dans le temps ?

• j’en sais rien. Ce n’est pas possible… de voyager dans le temps ! affirma le polymathe qui semblait détenir d’innombrables connaissances, face à Rifuzuka.

• Sauf pour les démons, les anges et certaines personnes nées avec des pouvoirs qui permettent de remonter dans le temps. D’ailleurs, beaucoup de gens confondaient les Voyageurs du Temps et Les Remodleurs Temporels… Enfin, t’as ceux qui voyagent dans le temps — passé, présent, futur — et t’as ceux qui voyagent dans les airs et défient donc le temps, expliqua en parlant vite la démone qui bougeait ses mains.

• On t’a déjà dit que tu avais le corps plutôt chaud ? souffla Enzo d’un coup, en s'approchant de Rifuzuka avant de lui caresser délicatement la joue de son index.

• Euhhh, non jamais ! Mais concentre-toi Enzo ! C’est important ! balbutia la démone, un peu gênée, qui retira la main de ce dernier avant de regarder son autre membre posé sur son buste.

En bloquant le haut de son buste, Enzo, sans le vouloir, avait glissé sa main sur la poitrine de la démone. Pourtant, dans l’altercation, ni lui, ni elle ne sans n’étaient rendu compte, un moment gênant pour les deux, qui ne savaient plus où se mettre.