Toujours coincés dans la petite cabane en bois, Jasmine, Loukïan et Eligio se regardaient dans le blanc des yeux. Un peu mis à l’écart, Eligio s’approcha du portrait de sa femme, tombait sur sa face avant par les secousses de la bande du Capitaine Enflammé, la vitre non cassée, il la redressa et observa en touchant de son doigt le visage d’Angela.

Alors que la Navigatrice et le Dompteur de Flammes s’apprêtaient à partir, ils se firent arrêter par le père d’Enzo, qui, plongé dans le portrait de sa femme, leur dit :

• Veilliez bien sûr lui, quand il viendra, car il viendra, il fera tout pour vous… prenez soin de lui… c’est mon unique fils, et malgré les apparences, c'est un bon petit gars, un guerrier, un vrai Miota, il accomplira d’énorme chose, mais pas en restant sur les Terre d’Hérygna … comme tu l’as dit, Enzo est un bon polymathe… c’est le meilleur de l’île, ce don particulier, il l’a hérité de sa mère… Ce don est rare, extrêmement rare. Même si cette île est réputée pour abriter le savoir des mythologies et des légendes, ses connaissances n’ont pas perduré dans le temps. Seulement une poignée de jeunes se sont intéressés à notre culture, à ses différents mythes… Enzo est le seul à avoir atteint un niveau comme nos ancêtres le détenaient, expliqua de son fort accent le père du Dompteur de Glace, en touchant de son pouce dodu le visage angélique de son épouse.

Loukïan écoutait avec attention les propos du Chef cuisinier, il sentit la tristesse gagner le paternel d’Enzo, son cœur à chaque mot prononcé semblait se serrer, sa voix se fragiliser à la perte de son fils, mais non loin d’être égoïste, Eligio, faisait ça avant tout pour que son fils, soit épanoui et heureux. Les propos de ce dernier étaient durs chargés d’émotions la tristesse l’envahissez et pourtant ce père à la carapace d’acier aux paroles tranchant, restait inquiet et souci de l’avenir de son enfant, se tenant à peine sur ses pieds Eligio avancer doucement vers Loukïan, qui vit la souffrance de cet homme, une douleur qui le toucha énormément :

• Monsieur Miota, soyez rassuré, si Enzo décide de nous suivre dans cette aventure, son don sera utilisé à bon escient, il est hors de question de mon vivant que ses pouvoirs soient mal utilisés ou exploités, je vous fais la promesse que cela n’arrivera pas, tenta de rassurer Loukïan.

• C’est vrai, ne vous en faites pas m’ssieur, Enzo sera entre de bonnes mains. Loukïan est gaffeur, c'est juste, mais c’est le meilleur pour protéger ses compagnons. Il ne lui arrivera rien, soyez-en certain renchéri la Cyborg pour soutenir son Capitaine.

Un long silence s’installa, l’homme de carrure massive se retourna, fit grincer le bois de sa petite stature, il jaugea tour à tour les deux jeunes face à lui, puis, dans un soupir, il se mit à sourire :

• Vous ne m'avez pas l'air trop débile, vous deux… Même si mon restaurant en paie fortement les dégâts, je sens que mon fils est en sécurité avec vous…

• Il le sera et il va accomplir de grandes choses, monsieur, je peux vous le garantir, rajouta Loukïan déterminé et confiant de ses dires.

Le Chef Miota s’approcha de Loukïan avec difficulté puis déposa l’une de ses mains sur l’épaule de ce dernier, il lui renvoya un chaleureux rictus, réconfortant et sorti tout droit du fond du cœur :

• Tu as un bon fond, petit, souffla Eligio.

Monsieur Miota, retira sa main puis s’apprêta à partir de la petite cabane.

• Bon, on fait comme pour partir d’ici ? demanda le Dompteur de Flammes en tournant son regard vers sa Navigatrice, qui restait bras croisés, pied droit posé sur l’un des murs au loin, en observant la scène entre lui et Eligio.

• La meilleure chose à faire serait de trouver un charpentier de marine… mais étant donné que l’île nous est totalement inconnus il faudrait en savoir davantage… excusez-moi m’sieur Miota, existe-t-il des charpentiers navals ici à Hérgyna ? s’informa Jasmine en regardant l’homme qui s’apprêtait à sortir de la pièce.

• NON, à ma connaissance, nous n’en avons pas, bonne chance, petite pour vos recherches, en attendant, sortez et fouté moi le camp de mon restaurant ! hurla aussitôt le chef du restaurant.

Jetés dehors comme des malotrues, Jasmine et Loukïan se regardèrent choquer, avant de sentir la porte derrière eux frapper l’encadrement avec violence et claquer avec brutalité contre les tampons. Les yeux grands écarquillèrent, ils restaient tous deux surpris par le changement de comportement radical du Chef cuisinier. Ils tournèrent synchroniquement leur regard, puis, ils revirent droit devant eux, et, toujours dans un état second, ils partirent à leur droite et sortirent de l’auberge des Miota.

• Eh bah dis donc, il n’est pas commode ce type… renvoya pour briser le silence Loukïan.

• C’est clair… un peu plus et je pense qu’on aurait été son futur gigot, renchéri en riant Jasmine.

• Gigot ? Tu déconnes ? il nous aurait servis sur ses pizzas, la spécialité du Chef Miota.

Ils se mirent tous deux à rire, en marchant sur le sol sableux, les sculptures d’Enzo dominaient le lieu, les rayons de la lune qui frappaient les monuments faits en glace et les lueurs argentées créaient des reflets de vagues ondulées sur la terre de l’île.

• Bon ! On n'a plus trop le choix, va falloir retrouver Rifuzuka et repartir avec son bateau bancal… avoua non chaleureux Loukïan en prononçant les u de manière francophone.

• Non mais tu déconnes ? Son bateau est 3 x mieux que ta vieille barque ! Et part pitié ! Arrête de prononcer de manière francophone ! D’un, ce n’est pas juste et de deux, c'est moche, ça s’écrit Rifuzuka mais ça se lit Rifouzouka tu vois ? expliqua Jasmine en prenant les devants et partant devant Loukïan.

• En attendant… ma barque à durée énormément de temps comparé au bateau qui à même pas fait quelque jours… défendit Loukïan.