Sans un bruit, sans le moindre signe de vie Part 2
Elle le fixa avec peine puis se redressa toute tremblante, elle agrippa du bout de ses phalanges le rebord du navire. Épuisée, la fatigue se marquait sous ses yeux, sa peau était glaciale, elle peinait à se maintenir droite. Sans pour autant la toucher, Enzo restait derrière elle, parait à la rattraper si elle venait à flancher. Il sentait la chaleur de la jeune femme à quelques centimètres d’elle, il respira l’odeur de rose et d’amande de la jeune démone.
- Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-il en lui chuchotant dans son oreille.
- Le bateau… je… je ressens tout, ce qu’il ressent tu te rappelle ? On a chuté, je… je les ressentis… d’autant que maintenir, les planches et les énergies ainsi c’est… c’est très… dur... Ça me demande énormément, et je n’ai pas l’habitude… mais, ils ont besoins de moi pour garder le bateau à flot donc… souffla-t-elle en se reposant contre lui.
- C’est pareil quand tu lis dans les pensées, n’est-ce pas ? questionna-t-il, en regardant le haut de son crâne, alors qu’elle restait allongé sur son torse.
- Oui… les ressentis de chaque penser et de chaque émotions… ça peut être lourd… Parfois, je me sens épuisée, J’ai de la chance de maitriser mon don et donc, de ne pas toujours ressentir ça tout le temps… Mais, c’est la seule façon d’être utile en vers les humains… afin de leur apporter un peu de bonheur tu comprends ?… Pour ne plus être une erreur ou être inutile…renvoya-t-elle en levant sa tête et fixant Enzo derrière elle.
Enzo observa ses yeux fatigués, son souffle irrégulier, sentant son cœur se serrer. Il posa une main sur son épaule et une autre sur sa taille, non pour l’attirer, mais pour lui offrir un soutien silencieux.
- Tu n’as pas à faire ça, ma Belle. Chaque être mérite sa place. Ne te torture pas… Ton grand cœur pourrait te perdre si tu restes si dure envers toi-même. répondit-il en lui embrassant le franc et lui ceinturant le ventre, pour la maintenir droite.
- Enzo… toi qui connais énormément sur les légendes, sais-tu comment les Néphilims naissent et quel est le sort qu’on réserve aux mères de celles-ci ? questionna-t-elle en se redressant petit à petit.
- Oui… tu es une fille d’un roi démon et d’une femme humaine… Après la disparition des Êtres Supérieurs, les démons ont perdu la moitié de leurs membres avec les Anges-Déchus, ils se sont installés et ont courtisé des femmes humaines sur la Terre Des hommes, d’un amour fou et irrationnel se créa, les Néphilim, des êtres mi-homme mi-démon capable de rivaliser avec des Dieux… Mais la mère… meurt après l’accouchement… souffla-t-il difficilement en lâchant la taille de la jeune démone, son regard passionné par son récit s’attrista à la fin.
- C’est… c’est pour ça que je t’ai aidé à l’Auberge, que je savais ce que tu ressentais… bien sûr, je n’ai jamais connu ma chère mère… mais je ne me pardonnerai jamais d’avoir tué la femme qui m’a portée neuf mois dans son ventre, celle qui m’a donné un amour incandescent. Elle était dotée d’une âme pure, d’une douceur inégalée, d’un amour si puissant qu’il fit chavirer celui du Roi des démons de Zéformane. Alors, oui, quand j’ai vu ton état à l’Auberge, j’ai ressenti ta douleur enfouie dans ton cœur… J’ai simplement voulu t'aider, pour que tu ailles mieux, pour apaiser ta douleur, tes peines, tu comprends ? Je n’ai jamais voulu te tourmenter ou pénétrer dans ton intimité…
Songeur, il regarda les planches du voilier. Attristé par les mots qu’employait la jeune femme présente face à lui, il la fixa difficilement puis lui avoua :
- Ma Belle, promets-moi une chose… commença-t-il difficilement.
Elle le regarda d’un air innocent, intriguée par ce qu’il s’apprêtait à lui dire.
- Promets-moi que tu ne liras plus dans mes pensées. Tu n’as pas à porter ma douleur, ni à m’en libérer. Ce sont mes souffrances… et je dois apprendre à vivre avec, seul.
- D’a… d’accord, murmura-t-elle, le regard baissé.

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