Sans un bruit, sans le moindre signe de vie Part 3
Un long silence s’installa entre les deux, qui se regardaient dans les yeux. La demande qu’Enzo venait de lui faire l’avait profondément surprise : elle qui, de nature aidante, se devait de ne pas l’aider, cela la déstabilisa.
- Bon, tu m’excuses, ma Belle, mais je vais réveiller les deux autres, renvoya le Charmeur de Glace, en lui frôlant l’épaule lui donnant un clin d’œil et partant en direction de la cabine.
Pendant ce temps, la jeune femme, qui reprenait peu à peu du poil de la bête, décida de partir explorer les alentours. Elle sauta dans l’eau glaciale et constata la longue cascade au loin, celle qu’elle avait ressentie et qui l’avait réveillée, en plus de lui faire perdre son énergie. Puis, elle se rapprocha en marchant en direction du rivage.
Arrivée sur le sable glacial et doux, elle resta terrorisée lorsqu’elle vit face à elle d’énormes ombres qui ressemblaient à des corps humains défigurés : le corps fin, les mains levées vers la tête de forme ovale, des cheveux partant en pagaille… Confrontée à de tels monstres surnaturels, la panique gagna la jeune démone, celle-ci se mise à hurler d’une voix stridente.
Effrayé par le cri de la démone, le gentleman bondit à toute vitesse en direction de cette jeune femme, puis, arrivé sur le pont, il guetta les environs et regarda en direction du sol, là où il aperçut Rifuzuka, épouvantée, montrant du doigt d’étranges ombres noires, bougeant de gauche à droite.
- Hahahahah, bah quoi, la Folle a Lié ? Ne me dis pas que tu crains que ses palmiers ne t’agrippent ou ne te mangent toute crue ? C’est vrai… ils risqueraient de te poursuivre avec leurs racines qu’ils porteraient à leur taille, nargua le bourreau de cœurs en regardant les ombres que pointait la jeune démone, tout en rigolant du sort de la malheureuse.
Un premier temps surpris, Rifuzuka retourna sa tête, puis regarda avec attention les monstres d’une quinzaine de mètres qui restait face à elle.
- Pff ! N’importe quoi ! répondit-elle, vexée, en réalisant ce que c’était. Bras croisés, les joues gonflées, elle lui tourna le dos, en tapant le sol sableux du pied.
- Rohhhh, ma Belle ne te vexe pas ! Il ne faudrait pas que tu aies de ride sur ton jolie et doux minois, ça serait dommage de gâcher une aussi belle beauté ! avoua-t-il, d’une voix envoutante en la regardant et déposant son coude sur le plat-bord de l’Arias 2.0 ainsi que sa joue dans sa main. Mais franchement, regarde ce qui t’a fait peur choupette, je suis convaincu qu’à Zéformane y a des créatures beaucoup plus flippantes que ça…
En entendant les cris stridents de la démone, Loukïan et Jasmine se réveillèrent en sursaut. Sortant de deux chambres opposées, ils se tapèrent mutuellement la tête.
¾ Aïe ! firent-ils d’une même voix, en se frottant le front avant de se fusiller du regard.
Ils se dirigèrent d’un même élan vers la droite, là où une porte blanche les attendait. Très vite, le ton monta.
- Laisse-moi passer ! ordonna Jasmine, bondissant par-dessus l’épaule de Loukïan.
- Non, laisse-moi ! Je suis le Capitaine, je dois lui porter secours ! C’est mon devoir ! protesta-t-il, la prenant par la taille pour atteindre la poignée.
- Peut-être, mais… c’est mon amie ! répliqua la Navigatrice en lui renvoyant un coup de shuriken dans la main avant de lui marcher sur le dos.
- AIIIIIIIIIIIIIEUUUUUUUUUX, non mais ça va pas la tête ?? C’est mon membre d’équipage, donc mon devoir ! répondit-il d’une voix étouffée, tentant de se relever malgré la douleur.
- Mon amie ! répéta Jasmine, poignée en main.
Elle tourna la poignée et ouvrit la porte. Loukïan, libéré du shuriken, se jeta aussitôt derrière elle. Ils s’engouffrèrent dans l’ouverture étroite, se bousculant, se poussant, s’arrachant presque les cheveux.
- Laisse-moi passer ! grogna le Capitaine en la repoussant d’un coup de hanche.
Jasmine se cogna violemment le front contre le cadre de la porte. Furieuse, elle lui fit un croche-pied. Loukïan s’écroula tête la première sur les planches, pendant qu’elle profitait de l’occasion pour le dépasser.
- Tu ne t'en tireras pas comme ça ! menaça-t-il en lui attrapant la cheville.
Déséquilibrée, Jasmine dégringola les marches, mais Loukïan ne s’en sortit guère mieux : ils roulèrent tous deux sur le pont, se chamaillant comme deux enfants.
- Lâche prise, espèce de morveux !
- Non, toi lâche prise, morveuse toi-même ! répliqua Loukïan en lui tirant la langue, tout en pivotant pour la bloquer.
Alerté par le vacarme, Enzo détourna le regard. Il observa, ahuri, les deux zigotos roulés dans sa direction.
Lorsqu’ils se redressèrent enfin, essoufflés, ils aperçurent Rifuzuka sur l’île.
- Attends… mais qu’est-ce qu’on fout là, nous ? demanda Loukïan, tout en relâchant Jasmine coincée sous ses aisselles.
- On a probablement dérivé ! conclut la futée Jasmine, en remettant ses mèches en place.
- Pas con, renvoya Loukïan.
- Eh ! Loukïan tu fouettes, se laver, ça existe, heinnn !

Annotations
Versions