Sans un bruit, sans le moindre signe de vie Part 11
Ils se mirent à table, mastiquant en silence. Se regardant tour à tour, sans dire le moindre mot, la réaction qu’avait eue auparavant Loukïan revenait hanter le repas. L’atmosphère demeurait pesante, mais le plat goûteux et savoureux du Cuistot restait exquis, ce qui ne tarda à raviver le petit groupe.
- Mmh, c’est super bon Enzo, waahhh, 3 x meilleur qu’une pizza, j’adore trop t’as des doigts de fée, complimenta jovialement la démone, qui savourait le ceviche.
- C’est vrai, c’est hyper bon, et j’adore comment tu l’as grillé ! renchérit Loukïan qui n’en fit qu’une bouchée.
À la vue de ses compliments et de leur plat terminé, le jeune Cuistot, fut rempli d’émerveillement. Lui qui d’ordinaire n’était bon qu’à causer des problèmes à son père, à mettre trop de saveur dans ses plats, venait à lui seul de raviver quatre personnes sans qu’ils ne rechignent. Une douce chaleur agréable vint réchauffer son cœur de glace. Il se remémora les paroles de sa mère, des mots puissants, forts, qui surent lui redonner confiance :
- Je t’aime mon enfant, je suis fière de toi…
Le souvenir de sa mère revint en sa mémoire, ses courts cheveux d’un blond blé, lui caressant le visage, et tombant sur ses yeux d’enfant. Sa petite main froide et douce qui lui pinçait la joue droite. Sa chaleureuse voix envoûtante et aimante qui raisonnait dans la petite maisonnette en bois. Son tendre baiser sur le front, qu’elle lui faisait lorsqu’elle était fière de lui. Un acte profond qui lui rappelait à quel point elle l’aimait, qu’il comptait à ses yeux et à son cœur. Elle le voyait comme le meilleur. Dans ses humbles vêtements blancs de soie, son odeur de lilas et de vanille dominait la pièce quand elle était là, ses moments-là, lui revenaient en mémoire et, sans qu'il s'en rende vraiment compte, ce doux et agréable souvenir le fit sourire.
Lui qui avait l’habitude de ramasser des assiettes encore remplies, il sentit pour la première fois la puissance de sa cuisine, l’enseignement de son père, l’amour et la patience de sa mère, le fort sentiment de se sentir utile envers ses équipiers, l'envahissait. Pour la première fois, il n’avait pas l’impression d’être un poids, mais d’être une personne de grande utilité, ce qui augmenta son estime de lui.
- Merci pa’, merci ma’, je vous aime, se mit-il à penser en regardant sa noix de coco.
Rifuzuka, bien qu’elle eût promis, avait entendu toutes les pensées du Charmeur. Touchée par son souvenir, elle le regarda un court instant, moment de pause, où le Charmeur releva la tête et vit son sourire angélique, ce qui ne tarda pas à la trahir :
- Oh ! La vipère ! T’as encore lu mes pensées ! s’énerva aussitôt Enzo, en prenant une bouchée du ceviche.
Elle pouffa de rire, mit sa main devant son nez et avoua :
- Oui, je dois bien l’avouer, mais celui-ci était très agréable, je n’avais jamais ressenti ça auparavant…
Face aux propos de la jeune démone, il se mit à rougir, et mangea rapidement son plat, tout recroqueviller sur ce dernier.
- Oulala, Enzo a des pensées très, très agréables, renvoya pour le taquiner Loukïan qui se mit à lui donner des coups d’épaule.
- N'imp… N’IMPORTE QUOI ! se défendit-il.
- Mmmh… Le connaissant, il a sûrement dû penser à nos petites culottes qu’il a rêvé toute la nuit de voler ! renchérit Jasmine, en finissant son bouillon et en déposant violemment sa noix de coco sur la table.
- Attends… t’as… t’as fait quoi ? demanda aussitôt Loukïan en tournant son regard vers le Dompteur de Glace.
- Att… Attends… Lou… Loukïan ! C’est pas ce que tu crois, se mit à trembler Enzo.
- T’as trois secondes pour courir… 1…2…3 !
Il se mit à courir derrière lui et à lui renvoyer des petits coups de flammes sur son postérieur.
- Non mais Loukïan, pas mon POSTÉRIEUR MERDE !

Annotations
Versions