Sans un bruit, sans le moindre signe de vie Part 12
Une fois leurs plats respectivement terminés, chacun vaqua à ses occupations. Jasmine de son côté, face à la mer, bronzait, lunettes noires sur les yeux, un bouquin à la main, elle lisait un livre sur la navigation et les changements climatiques.
Enzo, quant à lui, débarrassa la table, aidé par la démone, puis il partit. Les pieds dans l’eau, il tenta à nouveau d’attraper du poisson, non pas avec un harpon, mais bel et bien une canne à pêche qu’il avait fabriquée préalablement avec du bois et du fil.
Loukïan pour sa part, se mit à l’écart, culpabilisant sur ce qu’il venait de faire au Charmeur de Glace, il partit, loin d’eux, escaladant une petite colline. Il s’installa à sa pointe, celle-ci ressemblait à un crochet, puis ainsi face à la mer et au vide, il se mit en tailleur, souffla et médita.
Tout paraissait calme et paisible, la vie des tropiques, le vent agréable et l’eau tapant contre les rochers, rendaient ce lieu paradisiaque. Du moins, jusqu’à ce qu’un orage éclate et frappe les arbres.
Un incendie se déclencha. Alarmée par ce puissant coup de tonnerre, Jasmine, se releva.
- Non, mais c’est quoi ce bordel ? bafouilla-t-elle ahurie en fixant la forêt derrière elle.
Enzo se retourna.
- Ohhh, ce n’est pas bon ça !
Loukïan pour sa part, qui dos aux arbres, perdit sa concentration. Surpris, il ouvrit brusquement les yeux, sentit de la chaleur s’émaner derrière lui, ainsi qu’une puissante explosion. Il se redressa, perdit équilibre, et chuta de la colline.
- AHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH… Aïe… aïe… bah… Ça, ça ne fait pas du bien… s’avoua-t-il, alors que sa tête avait heurté un petit rocher, les bras en croix, l’oreille allongée sur la pierre, il s'était mordu la langue dans sa chute. Son corps restait déformé en forme de S allongé, tandis qu'il tremblait de tous ses membres.
Là dans l’eau, qui ruisselait, il vit à travers la paroi liquide que la forêt face à lui semblait danser derrière un voile translucide, dans des flammes qui jaillissaient de toute part. Créant dans l’eau des éclats qui serpentaient ci et là de couleurs chaudes. Le calme régnait dans ce lieu, mais très vite, quand il revint à la surface, le chaos domina l’île d’Ohroma.
Il vit, dans ce chaos, Jasmine qui, déterminée, dicta que faire à ses co-équipiers.
- Aller ! Plus vite les gars, faut arrêter le feu ! Enzo crée une rempare de glace ! Rifuzuka et moi on va essayer de renvoyer de l’eau dessus.
La jeune femme tapa un code sur son avant-bras, elle déclipsa par la suite son poignet robotique, puis, renvoya un jet d’eau dans la forêt. Rifuzuka fit des allers-retours avec un seau. Quant à Loukïan, trempé jusqu’aux os, il se redressa difficilement, posant l’une de ses mains sur son genou.
Le lieu était sombre, froid. Face à lui, les flammes dansaient, il courut à grande vitesse, sauta par-dessus la muraille glaciale du Charmeur, là où il prit appui, de sa main, avant de passer par-dessus.
D’un pas déterminé, insouciant du danger, il s’élança dans la forêt. Il courra sans s'arrêter, esquivant les débris des arbres qui volaient en éclats. Sauta contre les troncs d’arbres, il se mit sur des branches et analysa le lieu afin de déterminer où avait frappé la foudre. Puis, quand il la vit, il plongea dans les flammes tête la première, bien décidé à les arrêter. Ainsi, à l’intérieur de la tempête aride, le jeune homme souffla. Il ferma les yeux, puis, avança ses deux mains face aux dangers.
- Aller Loukïan, mon grand, va falloir assurer !
Ses mains se remplirent d’une texture charbonneuse, très vite au centre de ses paumes un trou se créa, un vide grisâtre qui aspira l'air des flammes. En position de cavalier, Loukïan resta là, entourée part cette barrière brûlante, il puisait dans son énergie afin d’aspirer le feu.
Mais plongé depuis plus de 20 minutes dans la taverne aux mille éclats, il commença très rapidement à tousser, l’air autour de lui, empoisonné ses poumons. Très vite ses mains se mirent à trembler.
- Eh bah alors Loukïan ? On arrive plus à maintenir son pouvoir ?, nargua la voix du jeune enfant, qui semblait rôder autour de lui.
- LA FERME ! ordonna-t-il alors au jeune bambin.
- Il ne faudrait pas que ça finisse comme la dernière fois, mon Loulou, rajouta-t-il.
Un puissant flash revint en sa mémoire. Un souvenir douloureux qui le replongea dans son passé. Là où, face à son jeune regard, il vit trois enfants gisant sur le sol, allongés près d’un mur. Leurs corps n’étaient plus que des ombres brûlées, figées dans une posture tordue, comme s’ils avaient tenté d’échapper aux flammes. Leur peau, craquelée, pendait par endroits, effritée comme une terre morte. Le noir de la cendre se mêlait à un rouge profond, celui de la chair qui avait fondu avant de se figer.
Il revint à lui, un brin désemparé. De ses mains, il commença à trembler, comme hypnotisé par ce souvenir, il ne se rendit pas compte du lieu où il se trouvait. Très vite regagné par la toux, il mit son avant-bras devant sa bouche. Mais, toussant à s'en faire exploser les poumons, il dut abandonner le lieu. À moitié conscient en raison de l’émanation de la fumée, il repartit du bois.
Sortant après 10 minutes de course, il renvoya :
- On se barre, C’EST UN ORDRE !
En un instant, l’île s’embrasa, elle sombra dans les flammes les plus fougueuses. Poussés par l’urgence, ils regagnèrent leur embarcation et reprirent la mer. Loukïan, dans sa course, prit Jasmine par la taille. Enzo, d’un pas agile et félin, monta sur L’Arias 2.0, jeta l’échelle, aida Rifuzuka à monter, ainsi que Jasmine. Ils remontèrent l’ancre et s’en allèrent à vitesse grand V.

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