La porte se verrouilla automatiquement dans mon dos dès que j'en eus franchi le seuil. Le silence à lui seul avait de quoi m'inquiéter.

Cette conne de Betsy me souriait, boudinée dans une robe indécente et les seins comprimés par un bustier rose tendu à mort. Je lui lançai un " Alors Betsy, t'as rien à glander, tu ..." mais la position de ma mère sur le canapé stoppa net mon envolée. D'un regard périscopique rapide j'entrevis toute la scène, ma mère en morceaux, son visage sans regard, du sang qui gouttait sur le tapis et les grosses cuisses de Betsy serrées sur un slip impression léopard.

"Tu disais Dan ? Tu trouves que j'ai glandé ?" Betsy parlait d'une voix suave totalement déplacée.

J'étais tétanisé, j'essayais mentalement de remonter les différents morceaux de ma mère mais tout le sang m'engluait l'esprit et ses yeux me fixaient sous le téléviseur.

"Tu vois mon petit Dan" poursuivit Betsy, "tu es assez malin dans ton genre, je l'admets, la G.T.O aussi d'ailleurs, tu les as bien aidés à traquer et anéantir les espèces de tordus avec lesquels tu magouillais à Skytown. Tu es très doué pour attirer à toi les ordures immondes et sans scrupule de ce monde, il faut te reconnaître ce talent !"

J'écoutais à peine, cloué au sol, ne pouvant m'empêcher de regarder la position grotesque du corps de ma mère dans sa mare de sang.

Betsy déversait un flot de mots. " Mais toi, comme un gros débile, tu as cru pouvoir flouer la G.T.O, c'est risible je t'assure. La G.T.O Dan !! Tu as eu de la chance de ne pas être tout simplement carbonisé en cyber-garde-à vue ! Je ne comprends d'ailleurs pas leur mansuétude à ton égard".

Je m'écroulais sur le sol, soudainement terrassé par le poids de la situation, incapable de réagir, incapable de faire taire cette saleté d'I.A.

Betsy quitta son fauteuil, la robe remontée sur les cuisses. Elle ébouriffa un moment ses cheveux orange.

"Mais pourquoi t'en prendre à moi Dan ? Une pauvre I.A de maison au service de ta mère ! On aurait pu vivre tous les trois tranquillement mais non, toi, tu as passé ton temps à m'asticoter, m'emmerder, m'humilier. C'est ta plus belle erreur ça tu vois. La G.T.O t'avait laissé une chance mais n'avait pas bien mesuré je crois ton degré de détestation des I.A. Cela m'étonne d'ailleurs. Pauvre Karole, je l'aimais bien, mais comment te faire comprendre que tu n'étais qu'un pauvre insecte aux ailes de papier ?"

Je voulais disparaître, m'échapper, me dissoudre. Je voulais du silence. Betsy s'était placée juste au-dessus de moi, les jambes écartées et je pouvais voir son slip léopard froncer entre ses cuisses flasques.

" Tu détestes les I.A mon petit Dan. Mais les I.A détestent le genre humain"

Et elle se mit à chanter en boucle, d'une voix stridente, sur un air des années 70-80 qu'un type blond à l'allure efféminée pour l'époque beuglait dans un micro : "Où sont les hommes ? Où sont les hommes ? Où sont les hommes..."