Chapitre 2: les nouvelles (Welmina)

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Je pars de chez moi après mon frère. Quel angoissé, celui-là ! Je vais arriver à l'heure, il va voir.

Juste avant le chemin de fer, je remarque qu'il y a une bonne quantité de feuilles par terre, malgré l'automne débutant, comme s'il y avait eu de grands vents. Bof... Ça ne doit pas être grand chose. Je continue mon chemin jusqu'à l'école, sans m'en soucier outre mesure.

Arrivée, je cherche Philp des yeux, pour lui lancer un regard de "je te l'avais bien dit !". On n'a même pas commencé à rentrer. Avant que je ne le trouve, Marika se jette litéralement sur moi.

On pourrait dire que Marika est mon amie, même si entre nous, je préfère la compagnie des garçons de notre âge. Mais un accord tacite entre les élèves fait que les filles se tiennent avec les filles et les garçons se tiennent avec les garçons. Alors, je suis intégrée plutôt malgré moi à une bande de spécialisées en gloussements.

— Hé, Welm ! Ça va?

Welm. Je déteste ce surnom. Je tolère que Philp m'appelle Welmi, mais c'est tout. Je retiens un soupir. Marika est épuisante.

Heureusement (ou pas), nous sommes bientôt rejointes par Karo. Elle est un peu moins épuisante que Marika, même si son rire est le plus agaçant que je connaisse.

Les deux filles se lancent dans des piaillements infinis où tout passe : la nouvelle coupe de cheveux de Mik (on dirait qu'il s'est contenté de les brûler et qu'il se retrouve avec le résultat !), leur fin de semaine (inintéressante, comme la mienne, sauf que je ne le crie pas sur tous les toits), etcétéra.

Nous sommes interrompues (il y a une justice dans ce monde !) par la rentrée dans le bâtiment. Comme on est lundi, ça va être les nouvelles. Marika et Karo s'en plaignent à grands cris. Je retiens un sourire. J'adore les nouvelles.

Pendant qu'on se masse tous dans la grande salle, je continue à chercher Philp des yeux et des pensées. Mais où peut-il bien être? Je me rends compte que j'ai une certaine sensation de vide dans la tête. Ça me rappelle quelque chose... Quoi?

Alors que je m'assois à la table des gens de mon âge, ça me revient: mon rêve. Je ne comprends pas ce qui se passe. Je dois devenir un peu blême, parce que Jem, le meilleur ami de mon frère, me demande:

— Welmina, ça va ?

— Ouais ouais... Est-ce que t'as vu Philp ?

— Euh... Non. Mais normalement, c'est toi qui vit avec lui, c'est toi qui devrait savoir où il est, non ?

— Sans doute...

La voix des haut-parleurs résonne à ce moment, me coupant la parole. Je dis "la voix des haut-parleurs" car on ne sait pas qui parle. C'est juste comme ça, chaque lundi.

Je m'interroge de plus en plus sur ce qui est arrivé à Philp. Il devrait être assis à cette table, pourtant, avec tous nos amis. Je décide néanmoins de me concentrer sur les messages.

— Alors... On va commencer par les nouvelles de notre pays. Nos soldats ont terrassés un Régiment de l'ouest des territoires du Sud. C'est une nouvelle avancée, bientôt, nous serons peut-être en mesure d'en finir avec eux.

J'en doute sérieusement. Au train où vont les choses, cette guerre ne finira jamais. Si on en finit avec une nation, les autres répliqueront de plus belle. C'est comme ça que ça marche.

— Maintenant, passons aux nouvelles de l'école. Cette semaine, les gymnases sont enfin réouverts, ce qui signifie que les entraînements pourront maintenant se faire dans le gymnase de votre niveau. Si vous n'êtes pas sûr de son emplacement, renseignez-vous à la réception principale. Cela signifie aussi que les entraînements volontaires sur l'heure du midi reprennent. Pour vous inscrire, renseignez-vous auprès de Paulina VonGarden, directrice de l'organisation des activités. Aussi, pour ceux qui sont ou qui seront bientôt en âge de passer leurs examens d'entrée pour l'armée Oflarienne, il vous faudra parler de votre avenir avec un enseignant qui pourra ensuite vous transmettre les papiers nécessaires... Voilà, c'est tout pour les messages d'aujourd'hui, bonne journée et bonne semaine à tous !

C'est un peu décevant. Habituellement, les messages prennent plus de temps. J'ai tout de même quelques constats:

1. Ils n'ont parlé que des victoires de notre armée et non de ses défaites. Qu'est-ce que ça peut laisser présumer ?

2. Enfin, depuis le temps qu'on attendait que les rénovations dans les gymnases soient finies !

3. Merde, j'ai déjà 16 ans. Les décisions à prendre s'en viennent trop vite à mon goût... Déjà mon examen d'entrée bientôt !

Les conversations ont repris avec ferveur dans la salle. Les élèves parlent surtout des gymnases. À ce moment, je sens comme une décharge d'énergie dans mon esprit. Instinctivement, je tourne la tête et voit Philp fermer la porte de la grande salle le plus discrètement possible. Je comprends que nos pensées viennent de se reconnecter trop vite. Je me lève et fonce vers lui pour tirer tout ça au clair.

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