Je pousse la porte de la maison de mon père, le cœur lourd.
L’air est froid, presque figé, malgré l’odeur de tarte aux pommes qui flotte dans la cuisine.

Thomas est assis dans le salon, le regard rivé sur son téléphone. Il ne relève même pas la tête quand j’entre.
— Salut, dis-je doucement.
Il marmonne un « Hey » sans enthousiasme.

Mon père est là aussi, mais il évite mon regard. Il s’affaire à mettre la table, ses gestes mécaniques.
À côté, ma belle-mère parle sans vraiment attendre de réponse.
— Alors Lina, comment ça va à l’école ? Tu vas bien t’intégrer cette année, hein ?
Je hoche la tête sans rien dire.

Le silence s’installe, lourd, presque palpable.
Mon père répond à peine aux questions de sa femme, lançant quelques mots distraits.

Thomas continue de jouer avec son téléphone, coupé de cette ambiance étrange.

Je me sens comme une étrangère dans cette maison qui devrait pourtant être la mienne.

Après le dîner, je remonte les escaliers sans un mot, serrant les poings pour ne pas craquer.

Dans ma chambre, les larmes finissent par couler, silencieuses mais brûlantes.
Je ferme la porte derrière moi, laissant tomber tout ce poids.

Je suis là, mais je me sens seule comme jamais.