Évanescence 1

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Des gouttes de pluie tambourinent sur le toit de la voiture, rythmées par le souffle d'un vent faible. À l'intérieur, Clayd commence à émerger d'un sommeil agité, ses yeux s'ouvrant peu à peu sur un monde apocryphe. Il est garé devant une barrière, au-delà de laquelle s'étend une grande forêt remplie d'arbres. La météo est calme. Un brouillard fin enveloppe un horizon voilé par un ciel gris et nuageux.

Clayd pose sa main droite sur son front : un geste d'épuisement, de doute, d'inquiétude. Les événements sont réels. Il le sent.


Mais pourquoi ?

Par qui ?

Comment ?


Quelque chose cherche à le briser de l'intérieur. À détruire sa psyché. Une force invisible pousse contre sa volonté, grignote son essence, veut le conduire à la limite de lui-même. Il ne comprend pas. Mais sa résolution est claire :


Il doit savoir.


La fatigue, la peur... tout se lis dans son regard. Dans sa respiration saccadée. Ses mains tremblent. Quelque chose, au-delà de la perception de la réalité, le manipule. Se joue de lui. Tant d'événements se mélangent dans sa mémoire : l'apparition de cette jeune femme au Q.G. du Lys Brisé, cet homme, Rowl, qui connaît son passé, le surveille, détient des preuves accablantes sur son ancienne vie, le pacte .

il a donné son âme pour elle, pour cette femme qu'il a servie pendant des années, les entités... qui savent qui il est, au point de prendre l'apparence de sa femme. Et ce Jardin, en dehors du monde... Cette femme qui lisait ce récit. Cet homme, Erevane...

La peur de Clayd devient insoutenable. Il ne se contient plus. La douleur enfouie dans son cœur devient un cri. Il hurle. Encore et encore. Se frappe le visage de ses mains fragiles, abîmées par le temps. Frappe son front contre le volant. Puis il sort de son véhicule.

Il perd totalement le contrôle. Il hurle, s'effondre, frappe le sol, pleure sans fin. Une scène presque théâtrale, marquée par la brume, révélant un homme seul, livré à ses démons. Dans un regain d'instinct, il reprend ses esprits. Il court du côté passager, récupère son pistolet cybernétique. Il s'avance lentement vers la barrière en bois, contemple la vue devant lui, pointe l'arme contre sa tempe.

— Si la mort est la seule chose qui peut me libérer... qu'il en soit ainsi.

Il appuie sur la détente. Le bruit est sec. Le silence qui suit, est glacial.

Et


Un voile noir engloutit son champ de vision.


Clayd l'a fait. Il a abandonné toute quête de rédemption. Il a cessé de chercher à comprendre. Il a choisi la fin. La mort, comme seule issue.


2076.


Une alarme stridente résonne. Un bip sonore agaçant. Les yeux de Clayd s'ouvrent brusquement. Il est dans sa voiture. Il regarde autour de lui. Le tableau de bord. Son téléphone posé, en train de recharger. Son regard dérive vers le siège passager : son pistolet cybernétique y repose.

Il lève lentement son bras droit, ajuste le rétroviseur. Il se voit. Il transpire. Son regard est vide. Ses yeux, rouges. Mais quelque chose a changé. Il est plus jeune. Sa barbe a disparu. Moins de rides. Ses cheveux... légèrement plus longs.

Il touche son visage. Lentement. Incrédule. Il approche encore du miroir, scrute ses traits de plus près. Il lâche prise. Se laisse tomber en arrière, effondré sur son siège. Un regard perdu fixe le pare-brise. Là, une main dessinée dans la buée. Une empreinte humaine.

— C'est moi qui ai fait ça ? murmure-t-il, perdu.

Il tend le bras droit. Pose lentement sa main sur la marque. Mais à l'instant précis où ses doigts effleurent le verre... un vent violent souffle. L'intérieur de la voiture craque. L'air devient dense. Clayd retire sa main, brusquement. Il récupère son pistolet, le glisse dans son manteau. Il scrute son poignet. Sa montre est éteinte.

— Elle n'a plus de batterie... murmure-t-il, abattu.

Il sort du véhicule, difficilement. Sa main gauche repose sur la portière. Il lève les yeux vers le ciel. Ses yeux... remplis d'une mélancolie qu'il ne comprend pas. Une émotion inexplicable le traverse. Il se retourne, regarde la route noyée dans la brume. Mais elle reste visible.


Il s'approche de la barrière, pose ses deux coudes dessus, contemple le vide au loin.

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