Le ciel étouffait sous un voile brumeux, et devant eux, la frontière vibrait d'une lumière de doutes. Le groupe est pris dans une fouille des plus profondes. Clayd est appelé à avancer son véhicule devant un marquage au sol, afin de scanner tout ce qu'il transporte, ainsi que son corps. Le processus est le même pour tout le monde.

Mais Clayd ressent un malaise étrange, une sensation qui le ronge, une incompréhension qu'il n'arrive pas à cerner. Il tourne la tête vers le soldat qui l'observe, prêt à intervenir au moindre geste suspect. Les drones de sécurité survolent l'entrée. Sa montre émet un léger bourdonnement.

En face, le groupe attend toujours la réponse des soldats postés aux barrières. Soudain, une alarme se déclenche brutalement : le scanner a détecté des armes dans le coffre du véhicule. Immédiatement, des hommes en armes encerclent la voiture, armes pointées.

La panique monte. Un soldat dans la tour de commandement fait un geste discret de la main. À la surprise générale, l'alerte est annulée. Les soldats abaissent leurs armes comme si rien ne s'était passé.

Clayd, témoin de la scène, ne comprend pas.

— IA... c'était quoi ça ?

— J'en ai pas la moindre idée, Monsieur.

Clayd voit un des hommes parler à Marks à travers la fenêtre conducteur. Deux minutes plus tard, le cortège reprend son mouvement.

Mais au moment où Clayd s'avance, un autre soldat frappe à sa vitre :

— VOUS ALLEZ SUIVRE LE DRONE. IL VOUS GUIDERA AU BUREAU DE RÉGULATION ET D'IDENTIFICATION D'OCULUS CITY, À L'ACCUEIL-CENTRAL VOUS AVEZ COMPRIS ?

— Oui, murmure-t-il.

Le cortège reprend son cours. Le groupe passe enfin la frontière. Une immense mégapole s'offre à eux, digne d'un film de science-fiction. Le soleil du matin éclaire les méga-tours colossales.

L'intérieur du bâtiment est glacial. Non par la température, mais par l'atmosphère pesante. Des caméras miniatures suivent chaque mouvement depuis les plafonds. Des gardes cybernétiques, implants apparents, veillent immobiles. À l'accueil, une femme derrière une épaisse vitre blindée, plongée dans ses écrans holographiques saturés de données.

Un bip sonore résonne. Le drone escorteur disparaît dans une alcôve. Un agent armé hurle.

— EN LIGNE, IMMÉDIATEMENT ! AUCUN MOUVEMENT SUSPECT !

Arnaud passe devant, suivi de Sophy, Marks, Damians, Lucie, et Clayd.

Chacun fixe droit devant lui, scanné par les capteurs biométriques.Lucie, juste devant Clayd, se retourne discrètement.

— T'es pas... stressé ? Tout ça... c'est beaucoup, non ? murmure-t-elle.

Clayd esquisse un sourire nerveux.

— Ça aurait pu être pire, répondit-il bas.

Il jette un regard autour, méfiant, puis ajoute.

— Mais qu'est-ce qui s'est passé tout à l'heure à la frontière ? Comment ils nous ont laissés passer avec... ce qu'on transporte ?

Un soldat derrière eux fait un pas menaçant.

— Silence immédiat. Dernier avertissement.

Lucie lance un regard agacé à Clayd avant de chuchoter.

— Je t'expliquerai après...

Le temps s'étire dans une tension insoutenable. Puis le nom de Clayd clignote sur un panneau lumineux.

— Attenborough Clayd. Avancez.

Il inspire profondément, ses bottes claquant sur le sol métallique, et s'avance jusqu'à la vitre blindée. La femme relève enfin la tête. Ses yeux gris acier, froids comme des lames, s'ancrent dans les siens. Un scanner oculaire traverse la vitre et balaie son visage.

— Bienvenue au Bureau de Régulation et d'Identification, déclare-t-elle d'une voix monotone, presque synthétique.

— Dossier d'immigration numéro OCX-TRV-481396 en cours d'activation.

Des interfaces holographiques surgissent.

— Nom complet : Clayd Attenborough ?

— Oui.

— Âge estimé : 40 ans. Statut : réfugié civil temporaire. Implant cybernétique : partiel, sans agrément officiel. Niveau de dangerosité : B1, sous surveillance modérée.

Clayd serre les poings discrètement.

La femme continue, implacable.

— Vous êtes ici pour finaliser votre transition au statut de Citoyen Résident Temporaire. Cela impliquera : un enregistrement biométrique complet, une implantation ou mise à jour de votre carte d'identité numérique, une signature de l'Acte de Conformité au Code Civil d'Oculus City. Un seul refus équivaut à expulsion immédiate.

Elle glisse un petit appareil sous une trappe de sécurité : une plaque d'enregistrement numérique.

— Placez votre main sur la borne. Maintenez 5 secondes.

Clayd obéit. La plaque vrombit doucement, capturant ses empreintes génétiques et la signature de ses implants. L'écran clignote en vert.

— Validation réussie. Signature holographique, maintenant Monsieur.

Un second module surgit. Un halo bleu s'élève, attendant la signature de Clayd. Il trace son nom dans l'air. Les lettres flottent, puis se verrouillent numériquement.

La femme hoche brièvement la tête.

— Votre carte d'identité numérique est active. Vous êtes désormais résident de catégorie C2. Accès restreint aux Districts 2 et 4 jusqu'à nouvel ordre. Vos droits de résidence temporaire sont valables pour 120 jours, renouvelables. Travail autorisé dans des secteurs non stratégiques. Surveillance renforcée via implant traqueur niveau B3. 50 crédits OCX vous sont octroyés. Toute activité suspecte entraînera une désactivation immédiate et votre transfert au Bureau de Sécurité Exécutive. Vive Oculus City, Capitale du Futur. Bonne chance.

Sans un mot de plus, elle renvoie la carte holographique, matérialisée brièvement dans la paume de Clayd. Un bip autorise son passage.

Clayd recule lentement, rejoint Lucie qui l'attend un peu plus loin, bras croisés.

— Bienvenue à Oculus City, Clayd... Enfin... dans la partie visible hein, souffle Lucie.