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Le soleil disparut au-delà de la petite place d’Arrantzale. La brise rafraichissait la fournaise qui régnait derrière les murs épais des maisons de pêcheurs. Quelques murmures commençaient à percer la quiétude du village. J’empruntais la ruelle et longeais le Riberamune, ce grand serpent de pierres qui traversait le hameau et ressemblait à une vilaine cicatrice. Don Paquito, un vieux marin qui somnolait sur sa chaise, sursauta à mon passage.
— Kaixo ! Bixente. Où vas-tu d’un pas si rapide ?
— Je rentre aider ma mère.
— Toi ?
— Je dois garder ma petite sœur, Isabela.
— Ah oui, bien sûr. Viens, approche-toi ! Voyons voir si tu ne peux pas l’aider autrement ?
— Mais, Don Paquito, chaque matin, je ramasse les coquilles des moules sur le rivage. Ensuite, je les écrase, et je revends par sac entier la poudre à la coopérative agricole. Alors que mon père…
— Ton père ?
— Il doit sûrement se promener sur les routes de montagne avec sa camionnette.
— À propos de Luís, je voudrais te dire…
— Quoi donc ?
— Il vous aime énormément, et reviendra bientôt, mais en attendant, Bixente, va trouver Manuel Garcia, le chef des porions à la mine d’Arboleda.
— Aujourd’hui ?
— Non, demain matin, à l’aube.
— Ma mère refusera, je suis trop jeune !
— Allons, ne raconte pas de bêtises, le puits a besoin de petits gars comme toi pour installer l’éclairage dans les galeries. Dis à Manuel que tu viens de ma part.
Je pouffai de rire au moment où Don Paquito se planta dans les doigts la grosse aiguille pour repriser les filets de pêche. Il me lança un clin d’œil, et passa sa main dans mes cheveux.
— Retourne à l’etxea, Joana t’attend. J’irai à la chapelle avec elle tout à l’heure.

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