2.

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2.

Voilà une heure que le soleil s’était couché sur la baie. J’attachais mon regard sur Elaïa qui s’était endormie, recroquevillée, en boule. Une bourrasque soulevait ses cheveux, et sous une voute constellée d’étoiles, sa tresse libérait un parfum de clémentine. Je me penchai sur elle pour caresser son visage long et mince. Son corps tressaillit comme si un frisson l’eut soudainement parcouru. La robe qu’elle portait ce soir flattait sa peau douce et brillante sous un ciel doré. Je me demandais comment j’avais pu être aussi stupide. La fraîcheur nous enveloppait, je décidais d’allumer un feu et je partais ramasser quelques bois morts sur le rivage.

À mon retour je la découvris assise, les bras enlacés autour des genoux repliés. J’enflammai le tas de branchage et l’éclat du foyer étincela sur les eaux du golfe. Elaïa, caparaçonnée sous une étole tissée, toussota avant de me demander :

— Est-il l’heure de rentrer ?

— Rien ne presse mon amour.

— Approche-toi et prends ma main, s’il te plait.

Je m’accroupis et saisis sa main. Je ressentis une sensation de chaleur, au simple va-et-vient de ses doigts entre les miens. Je pensai à ma conduite et à ma bêtise, aussi je m’empressai de lui dire :

— Crois-tu que ton père accepte ma demande de fiançailles ?

Elaïa écarquilla les yeux, son visage s’éblouit d’un coup et folle de joie, elle se jeta sur moi. Au même moment, on entendit les battements d’ailes d’un goéland qui se posait sur le sable. Il poussa un cri strident et sembla nous fixer longuement.

— Bixente, regarde ! l’oiseau nous observe, c’est un bon présage. On raconte que nos ancêtres ont bâti la première maison du village à l’endroit des nids.

— C’est juste une légende.

— Non, Bixente. Tu verras, Abaigar, mon père, recevra le tien. De peur de devoir verser une dot, il se lamentera sur sa vie misérable. Lorsque Luís renoncera aux biens qu’il devrait me léguer, une large fossette lui creusera la joue avec un sourire en coin.

Derrière nous, les quais étaient déserts, Elaïa posa sa tête sur mon épaule. Je ne pus m’empêcher d’ajouter :

— Abaigar, ton père, est aussi pingre que le mien a un cœur d’or.

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