4.

2 minutes de lecture

4.

Une force étrange s’emparait du village d’Algorta par l’une des plus douces matinées de ce mois de mai 1964 comme le parfum d’une première rose illusoire.

Les troupeaux de bétail restaient paisibles sous le soleil à l’entrée de la bourgade alors qu’une soif d’exubérance envahissait les ruelles du petit port. Nos noces approchaient, et Elaïa, avec les yeux qui pétillaient, assise sur une grosse pierre devant l’etxea, épluchait une clémentine pour couvrir sa tresse d’un baume à l’odeur fruitée. Sur la place du Riberamune, de chaque côté, des drapés diaphanes flottaient dans le vent. Elaïa, parée de sa robe qui épousait son buste au point de l’étouffer, se leva. Elle se sentait mal à l’aise depuis que sa mère l’avait aidé à l’enfiler et commença à avoir du mal à respirer. Elle se dirigea pieds nus vers la paroisse du père Orchea. Le prêtre s’était installé sur la chaise en paille à l’ombre du presbytère.

— Père Orchea, ma mère m’a dit que vous vouliez me voir.

— Oui, Elaïa.

Il l’observa qui faisait la moue en soulevant de la main l’ourlet de sa jolie robe de mousseline blanche qui lui sculptait un corps gracile.

— Tu m’as déçue, lorsque j’ai appris qu’à la nuit tombée, tu t’éloignais du village en compagnie de Bixente.

— Mais nous ne faisons rien de mal.

Le père Orchea se cala au fond de la chaise, tandis qu’Elaïa ressentit la douleur atroce du soutien-gorge à balconnet trop serré.

— Eh bien, Elaïa, qu’as-tu à me dire que je ne sache déjà.

— Je vous promets mon père que nous nous promenons main dans la main pour parler de nos noces.

Elle se débattait et voulait relâcher l’agrafe de la bretelle qui lui tailladait l’épaule pour redonner un peu de liberté à sa poitrine.

— As-tu fait l’amour avec Bixente ?

— Oui.

— Et si quelqu’un découvre la vérité ?

— C’est si grave ?

— Allons, jeune fille, que se passera-t-il si les familles l’apprennent, plus aucune ne souhaitera de cette union !

— Vraiment ? Père Orchea, je vous en prie, personne ne doit être au courant.

— Ne t’en fais pas Elaïa, personne n’en saura rien, je te le promets, déclara le prêtre du village en pointant de l’index la bretelle de gauche trop serrée. Dis à ta mère de reprendre la couture juste ici.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Julen Eneri ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0