13.

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13.

Cela faisait trois semaines que la cafardeuse m’épiait le long du chemin du vaisseau de pierres. Trois semaines qu’au chant du coq, elle venait rôder autour de la bâtisse d’Eneko, qu’elle se tapissait derrière la pile de bois et qu’elle guettait. Pourquoi cette vipère espionnait-elle chacun de mes gestes ? Elle s’appuyait des coudes sur les bûches et passait le peigne dans sa tresse tout en balayant d’un œil inquisiteur la demeure.

Ce matin, Jaime, l’ermite se lavait et se rinçait au puits d’enfer, le bas d’une gorge étroite et profonde, à l’endroit, où l’eau n’était plus agitée. Entre ses gros doigts boudinés, il regroupait ses cheveux blancs en une mèche lisse, qu’il terminait par un chignon. Tandis qu’il enfilait ses sandales, il entendit le bruit sourd de bottes qui résonnait comme un tambour le long du sentier. Il grimpa le chemin en boitant, aidé de sa canne, et rejoignit l’ermitage, pour y découvrir une colonne de soldats. Le moine s’approcha de l’officier, avec un ventre en forme de barrique, qui tenait son fusil en bandoulière.

— Comment vous portez-vous, mon père ? demanda le lieutenant sans lui serrer la main.

— Ça va, ça va.

— C’est agréable de se promener dans les montagnes par une si belle journée.

— Bien sûr.

— Cela fait trois jours que nous avons reçu un courrier.

— Ah ?

— Soyez tranquille, vous n’êtes pas concerné. Mais nous avons été avertis qu’un jeune homme se cache dans le coin.

— Je ne vois jamais personne par ici. Le chemin qui grimpe depuis la vallée est peu sûr par un temps aussi neigeux, lâcha Jaime qui guettait le sentier.

L’officier approcha sa frimousse ronde du visage de l’ermite.

— Eh bien, moi, j’ai l’impression que ce salopard est venu jusqu’au refuge.

— Il fait froid lieutenant, me permettez-vous de rejoindre la cuisine ? Une chicorée bien chaude serait des plus agréable.

— Bien sûr, mon père.

Jaime s’appuya sur la canne, passa à côté du tombeau monolithique couvert de mousse qui voisinait l’ermitage. Il pénétra dans la vaste salle quand, le soldat, visiblement contrarié par la réponse de l’ermite, reprit :

— Il s’agit du jeune homme qui vit chez le docteur Eneko Eneri.

— Le docteur Eneri vit au village, et non pas ici.

— La lettre indique qu’il vient vous rendre visite chaque semaine.

— Il doit y avoir une erreur. Seul le docteur Andrés monte jusqu’ici.

Le militaire enleva son tricorne et retira sa cape des épaules. Il secoua les flocons de neige d’une main vigoureuse. Le courrier disait que le jeune homme attendait un signe du moine, embusqué derrière le genévrier à la calotte gris-bleu, avant de s’engouffrer dans la bâtisse.

— Bien sûr, mon père. Cependant, tout porte à croire que nous parlons du même homme.

— J’ignorais qu’Andrés était le neveu du docteur Eneri.

— Nous allons vérifier tout ça et je repasserai vous voir.

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