6.

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6.

En fin de journée, Julen passa au ralenti devant la façade de l’église San Francisco de Borja. Son fondateur, le père Rubio reposait dans le cloître à côté de l’édifice de style néobaroque, fleuron de la compagnie des jésuites. Il roulait à bord de la Ford, la vitre ouverte, le visage exposé au froid. Il fit un deuxième passage avant de garer la voiture le long du square. Julen coupa le moteur, scruta les alentours, claqua la portière derrière lui et traversa l’esplanade, une cigarette aux lèvres. Il lança son mégot, et poussa la porte en bois à l’arrière de la chapelle. Il s’empara d’une chaise et s’assit au fond de l’allée face à l’immense croix qui tapissait le chœur de l’église. Il sentit une main robuste s’abattre sur son épaule.

— Ne vous retournez pas Julen.

— Père Pragas ?

— Oui.

Antonio se pencha pour lui glisser à l’oreille :

— Les tenues d’électricien se trouvent dans le presbytère.

— Merci. J’ai une question à vous poser.

— Je vous écoute.

— Qui vous a procuré le matériel ?

— Je connais un technicien de la compagnie d’électricité. L’individu est prêt à servir la cause.

— Et s’il venait à parler ?

— Ne vous inquiétez pas, l’homme est sûr.

Dans le passage central, une vieille femme, en tenue de deuil, laissa échapper un sanglot, au moment de croiser Antonio. Pragas lui rendit un salut discret, avant de poursuivre.

— J’aurais aimé être des vôtres.

— Vous avez fait bien plus qu’il n’en faut, mon père.

— Je viens d’être rappelé à Rome. Qu’en est-il du logement ?

— Tout va bien, j’ai suivi votre conseil. Le concierge de l’immeuble ignore qu’il héberge un commando.

— Qui creusera le tunnel ?

— L’un des nôtres. Il s’agit d’un ancien mineur.

Antonio semblait ronger par le remords de ne pouvoir participer à l’attentat. Il se retourna brusquement au moment où il entendit le claquement de la porte sous la nef.

— En mon absence, qui donnera le signal ?

— Le même homme, il brandira un mouchoir bleu quand le Dodge s’engagera dans la rue Coello.

— C’est parfait mon ami. Faire le mal est parfois nécessaire. Vous allez prendre une vie pour en sauver des milliers.

— Père Pragas, quelle différence cela peut-il faire, le bien, le mal ? Les actions des hommes ne sont qu’un maillon du destin.

Antonio Pragas salua Julen et lui glissa la clé du presbytère dans la poche.

— Bonne chance, mon ami. Une fois les uniformes chargés, déposez la clé sous le pot de fleurs près de la porte.

Julen lança les tenues dans le coffre, s’engouffra dans la Ford et observa le ciel assombri avec des coups de tonnerre qui retentissaient au loin.

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