10.

3 minutes de lecture

10.

Le Galicien et Andoni rejoignirent la fourgonnette garée à l’angle de la rue. Les yeux pointés vers la loge, Iban grimpa sur le toit, délia les sangles qui bloquaient l’échelle. Les deux hommes papotaient lorsqu’un bruit d’un freinage brutal attira leur attention. Un véhicule de patrouille roula au ralenti jusqu’au niveau de la camionnette et s’arrêta. Un policier en uniforme en descendit, fit le tour du fourgon, jeta un coup d’œil rapide à l’intérieur et s’approcha d’Andoni.

— Bonjour, messieurs, que faites-vous ici ?

— Je dois vérifier un câble de téléphone.

— À une heure pareille ?

— Quelle heure est-il ?

— Plus de 19 heures.

— Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas long.

Le carabinier s’apprêtait à demander les papiers aux deux étarras lorsque son collègue l’appela.

— Rafael, remonte, on doit rejoindre le commissariat.

L’homme s’exécuta sans véritable enthousiasme. Un fourmillement s’empara des mains d’Andoni. Il sentit un frisson qui lui descendait de la nuque jusqu’au bas du dos. Il retourna s’asseoir dans la camionnette et essuya une goutte qui perlait sur son front. Quelques minutes plus tard, Julen et Alfred se présentèrent sur le seuil du 104. Andoni soupira, soulagé. Iban trimbala l’échelle sur l’épaule et la plaqua contre la façade. Marinetti, vêtu d’une tenue d’électricien, se hissa jusqu’en haut et commença à dérouler le câble. Julen se dirigea vers la fourgonnette.

— Bon sang, quelle trouille lâcha Andoni !

— Que s’est-il passé ?

— Cela s’est joué à un cheveu.

— Que veux-tu dire ?

— Une voiture de patrouille s’est arrêtée. J’en ai encore des frissons.

— Rassure-toi Andoni, ces gars sont repartis. Demande à Iban de se placer près de la loge et de siffler si le concierge se pointe.

Dix minutes plus tard, des pas résonnèrent près de la porte entrouverte. Le gardien se figea sur le seuil, écarta les bras et se mit à bâiller. Il était trop tard pour qu’Iban siffle sans éveiller l’attention de Felipe. Julen venait de terminer de peindre la lettre C et s’apprêtait à refermer le pot lorsque le concierge découvrit l’échelle contre la façade. Une cigarette à la bouche, il s’approcha de Marinetti. Le señor Cuevas frôla le dos de Julen. L’artificier rabattit sa casquette et cacha son visage.

— Señor, d’ordinaire, je suis prévenu lorsque la compagnie intervient sur les infrastructures de l’immeuble. C’est pour le téléphone ?

— D’habitude, on ne m’envoie pas en mission à une heure si tardive, répliqua Marinetti. Je suis là pour réparer les bêtises de mes collègues.

— Mais le compteur a été changé et l’installation révisée le mois dernier.

— Eh bien c’est du travail bâclé ! lança Alfred.

— Et pourquoi avez-vous badigeonné la façade d’un graffiti ?

— La lettre C en rouge ?

— Bien évidemment, voyez-vous d’autres dégradations sur l’extérieur du bâtiment, interrogea le señor Cuevas inquiet.

— C pour Confiabilidad de la red[1], je dois tout vérifier, ainsi que le compteur.

— Hum, pas de blague mon gars, à ton départ, je ne veux pas découvrir de barbouillage, les propriétaires n’auraient pas fini de me courir après

— À moins d’une explosion dans le quartier, il n’y aura pas une seule souillure sur cette façade, faites-moi confiance.

Le gardien, rassuré, retourna vers sa loge, lorsqu’une carte professionnelle tomba à ses pieds. Il posa la chaussure dessus, la ramassa et la glissa dans sa poche. Il rentra dans la conciergerie en sifflotant, et s’empara de son cahier pour noter « L’un des étudiants fume dans la rue. Un électricien envoyé par la compagnie bien que je n’ai pas été avisé. Carte professionnelle trouvée. Dans la semaine, se rendre chez l’officier de garde au poste du quartier. »

[1] Fiabilité du réseau.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Julen Eneri ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0