3.

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3.

Le lendemain, Antonio voulait prendre le bus qui reliait Ségovie à Madrid. Depuis le village de Pedraza, il jetait un dernier regard sur les murailles de la cathédrale à pointes qui surplombait la sierra. Il attendait l’autocar assis à l’une des terrasses sous les arcades de la place centrale. Il sursauta lorsque le serveur décapsula la bouteille de cola.

— Tout va bien Padre ?

— Oui, oui.

— Souhaitez-vous de la glace pilée ?

— Je m’en fiche, posez le tout sur la table et partez !

— Bien évidemment, Padre.

Antonio but une gorgée lorsqu’il aperçut de l’autre côté de l’esplanade un homme avec une veste côtelée, bien trop chaude pour l’endroit. L’inconnu brisait des noix d’un geste sec et avalait les cerneaux sans quitter des yeux Pragas. Antonio reconnut le moine au trousseau de clés. Le moment était venu pour lui de s’enfuir. Il s’élança d’une course rapide dans la venelle qui bordait la terrasse. Il ouvrit une porte pour s’engouffrer à l’intérieur d’une habitation. Des paniers de linge sale encombraient l’escalier, Antonio trébucha et se ratatina de tout son poids sur les marches. Il glissa en arrière, alla rouler jusqu’en bas, se releva et grimpa en boitillant de la jambe. En haut de l’escalier, il enfonça une porte de service pour déboucher sur un toit plat. Il faisait horriblement chaud. Le soleil brillait au-dessus du monastère. Pragas entendit derrière lui les pas de deux hommes qui couraient. Il referma la porte, attrapa un banc qu’il plaqua en travers de l’ouverture.

La tête vide de toute pensée, Antonio avança vers le rebord de la terrasse, enjamba le parapet et se jeta sur le toit d’en face. Dans un vacarme de tuiles brisées, il traversa la soupente pour se retrouver sur un lit. Une femme effrayée se présenta sur le seuil. Il lui fit signe de se taire en posant l’index devant la bouche. Elle resta immobile sans prononcer un mot. Le visage luisant de sueur, Pragas regarda derrière lui avant de bousculer la señora et de dévaler l’escalier. Il s’engouffra dans un couloir étroit, avec une vieille chaise en paille qui bloquait le corridor. Antonio poussa la porte d’entrée et se retrouva dans une rue animée. Un petit marché de campagne avait pris place de part en part du passage. Il remballa la bure sous la cordelette et se précipita au milieu des habitants.

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