5.
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Quelques heures plus tard…
— Par ici ! On a quelque chose. Nous avons découvert une dépouille qui repose dans les herbes.
Alors que la chaleur du jour était étouffante, le commissaire Federico Royanez vit le corps sans vie d’Alfred Marinetti. L’humidité du marais rendait l’air encore plus malsain.
— J’ai demandé une autopsie, déclara Andrés.
— C’est parfait. Personne n’a déplacé le cadavre ?
— Non, selon toute vraisemblance, l’homme a été abattu de dos, d’une balle dans la nuque, une véritable exécution.
— La balistique nous confirmera cela. Qui nous a prévenus ?
— Le paysan qui vit à l’autre bout du champ, il a entendu une détonation dans la nuit. À l’aube, il s’est aventuré jusqu’au marais et a découvert le cadavre dans les herbes, allongé sur le dos.
— Avez-vous noté son témoignage ?
— Oui, commissaire.
— Quoi de plus sur l’identité de l’homme ?
— Rien pour l’instant, mince, ces damnés journalistes sont déjà là ! Comment va-t-on gérer la presse ?
— Tu sais quoi leur dire, on ne connaît pas la victime, du travail d’équipe, blablabla…
— Bien, je m’en occupe.
— Andrés, attends un peu, que dis-tu de ça, lui demanda Federico en montrant le cadavre disposé les jambes et les bras écartés, avec un couvre-chef sur la tête.
— Aucune idée, commissaire.
— As-tu relevé la mise en scène ?
— Peut-être un simple hasard.
— Si je peux me permettre, Andrés, depuis quand une victime s’effondre avec le béret sur le visage ?
— Qu’est-ce que cela signifie ?
— Que le tueur cherche à semer la crainte.
— Oui, mais pour quelle raison ?
Federico Royanez esquissa un sourire.
— Andrés, te souviens-tu de la déposition du moine lors de l’assassinat de l’amiral Carrero Blanco ?
— J’ai lu le rapport.
— Le père avait dépeint l’un des terroristes, qui paraît ressembler à notre homme.
— C’est exact commissaire.
— S’il s’agit d’une simple similitude, alors nous avons affaire à un fou, mais si celui décrit par le prêtre est bien notre homme…
— Si celui décrit par le prêtre est bien notre homme…
— Le tueur lance un message au reste du groupe. Il n’y aura aucune indulgence de sa part.
Federico Royanez huma l’odeur humide de l’étang, sur lequel un voile de brume commençait à tomber. Il se dit à voix basse :
— Ce crime demeurera muet comme une tombe.
Dans la soirée, Andrés Valdez épluchait le dossier concernant le témoignage du prêtre Antonio Pragas. Il s’était empressé d’avertir Agustín du meurtre d’Alfred Marinetti. Il inspecta la photographie en noir et blanc, celle de l’homme de foi. Une tâche camouflait le côté droit du visage. Tandis qu’il fixait avec des punaises, sur le mur du bureau, le cliché de la scène du crime, un légiste en blouse blanche pénétra dans la pièce.
— Salut Andrés, quoi de neuf ? Toujours plongé dans tes affaires non élucidées.
— Salut, Miguel, tiens ! C’est la photographie d’un témoin.
— Qui est-ce ?
— Le prêtre qui était présent le jour de l’attentat du chef du gouvernement, crois-tu pouvoir éliminer la tâche sur son profil ?
— Je ne suis pas certain d’avoir beaucoup mieux. Je peux toujours essayer. Je ne garantis rien. Ce ne sera pas facile de l’identifier.
— Miguel, c’est important, l’homme a disparu subitement. Depuis, plus rien. Mais le plus étrange, ce moine est un parfait inconnu pour l’église.
— Dans ce cas, que cherches-tu ?
— Le commissaire Royanez pense que le meurtre est directement relié à l’assassinat de l’amiral.
— Une nouvelle affaire ?
— Ouais et pas des moindres.

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