7.
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Le commissaire Federico Royanez pénétra dans son bureau à 7 heures du matin. Avant même de s’asseoir, l’inspecteur adjoint Andrés Valdez apparut avec une tête d’enterrement.
— Monsieur ?
— Oui, qu’y a-t-il ?
— Nous venons de recevoir un document de Pontevedra.
— De quoi s’agit-il ?
Un étrange malaise s’empara d’Andrés qui lui tendit un procès-verbal. Royanez le dévisagea la mine surprise tout en lisant le rapport. D’un coup, Federico lança le dossier sur le bureau et s’effondra dans le fauteuil en poussant un profond soupir.
— Ramène-moi un café s’il te plait. Un double !
Le commissaire fixa de ses yeux noirs l’armoire où étaient rangées les affaires non élucidées. Il inspira une grande bouffée d’air frais et plongea sa tête entre les mains. Il se gratta la nuque au moment où Andrés revint avec une tasse fumante.
— Pensez-vous que cela a quelque chose à voir avec notre dossier ?
— Tout porte à le croire. Nos collègues ont trouvé sur place la même mise en scène, avec les bras et les jambes écartés. Le médecin légiste a relevé trois impacts dans la poitrine et d’après la balistique, l’arme du crime serait un colt python.
— L’arme est donc pareille à celle utilisée pour éliminer Alfred Marinetti.
— Sûrement.
Les cheveux grisonnants en bataille, le commissaire se leva et traversa la pièce. Il retira ses lunettes du veston et les plaça comme un monocle sur le bout du nez. Il récupéra dans le placard un carnet dans lequel il consignait quelques notes. Il jeta un coup d’œil sur le premier meurtre.
— Andrés, donne-moi une cigarette.
— Commissaire, cela fait cinq mois que vous avez arrêté de fumer.
— Peux-tu répéter ?
— Cela fait cinq mois que vous ne fumez plus.
— Cinq, oh, mon Dieu…
— Excusez-moi, mais qu’y a-t-il de surprenant ?
— Andrés, assieds-toi.
— À votre place ?
— Oui. Tu es bien assis ? Te souviens-tu de la déclaration du prêtre ?
— Bah…
— Antonio Pragas a parlé de cinq etarras. Marinetti en haut de l’échelle, le gars avec la bicyclette, celui qui conduisait l’Austin Morris, l’homme au volant de la Ford Mustang et enfin l’individu appuyé contre le réverbère qui a balancé sa casquette au sol.
— Ah !
Federico qui s’était entre-temps rassis à sa place en bousculant au passage l’inspecteur adjoint reprit d’un ton bavard.
— Alfred Marinetti et maintenant Iban Garcia.
— Oui c’est bizarre.
— Au contraire, notre tueur ne va pas en rester là. Nous n’en sommes qu’au début, je te rappelle que le groupe comportait cinq meurtriers.
Comme obsédé, Royanez se releva pour tourner autour de son bureau. Il mordilla la monture de ses lunettes entre les dents et heurta du coude la lampe qu’il rattrapa au vol. le commissaire s’enfonça dans ses pensées comme s’il était seul dans la pièce. Il alluma la cigarette offerte par Andrés et aspira une longue bouffée. Au bout de quelques secondes, il tapa sur l’épaule de l’inspecteur adjoint.
— On doit concentrer notre enquête sur ce prêtre, ce moine est la clé du mystère.

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