6.
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Andrés Valdez fut le premier à arriver au bureau. Au moment de s’asseoir, il découvrit un procès-verbal en haut de la pile de paperasse qui encombrait la table. Il commença à lire l’en-tête et fut surpris par le nom de la victime.
— Oh merde !
Il quitta sa chaise, claqua la porte en sortant, traversa la rue et se dirigea vers une cabine téléphonique. Il décrocha, glissa quelques pièces et composa un numéro. Au ministère de la Marine, à la troisième sonnerie, Agustín s’empara du téléphone.
— Diga ?
— C’est moi, Andrés, lâcha l’inspecteur en écrasant son mégot au sol.
— Oui, qu’y a-t-il ? Pourquoi chuchotes-tu ?
— Excuse-moi. Ce matin je viens de tomber sur un nouveau rapport.
— Rien de grave ?
— Le procès-verbal arrive tout droit de Ségovie.
— Je n’aime pas ta façon de donner les informations au compte-gouttes, accélère !
— Près de la rivière Eresma, la police a découvert un cadavre, celui d’un moine du monastère del Parral.
— Et alors ?
— L’homme n’était autre que le prêtre Antonio Pragas, celui que nous recherchions.
— Écoute Andrés, je ne peux pas venir te rejoindre, on se retrouve tous ce soir à la taverne.
La scène décrite dans le procès-verbal évoquait une mort violente, une exécution d’une balle dans la nuque. Le corps avait été traîné jusqu’au bord du cours d’eau, laissant derrière lui, deux longues traces, celles des bras, dans la boue. La dépouille gisait avec le visage recouvert par un pan de la bure, les bras et les jambes écartés.
Le commissaire Federico Royanez bondit de sa chaise et renversa la tasse de café sur son pantalon à la lecture du rapport. Il appuya le front contre le mur et envoya un violent coup de poing contre la cloison. Andrés recula de quelques pas. Un silence pesait dans la pièce. Federico se tourna vers son adjoint.
— Nous tenons la troisième victime, la seule qui pouvait nous amener au reste du groupe. Et pas une seule piste sérieuse !

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