4.

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4.

Agustín, Alejandro et l’inspecteur Valdez avaient loué une maison dans la rue voisine de la plage des corsaires. Andrés fit sienne l'idée de rejoindre l’équipe du colonel Roldán lancée à leurs trousses. Ces hommes de l’ombre demeuraient prudents et officiellement, ils passaient un congé sur la côte basque du Labourd.

Dans ces conditions, et même s’il obtenait une rencontre avec ces gars, Andrés se doutait bien qu’ils allaient nier toute participation au projet de venger la mort du chef du gouvernement. Il hésitait à entrer en contact avec eux, bien qu’il possédât un atout, l’adresse du domicile du lion à Anglet. En fin d’après-midi, il s’était positionné près du local des poubelles de la villa des roses de sable, qui servait de cachette aux hommes de la Benemerita. La porte de la bâtisse s’ouvrit pour laisser apparaître un individu qui broyait des coques de noix dans sa main. L’homme aperçut l’inspecteur aux côtés des poubelles, traversa la rue et s’approcha d’Andrés.

— Que fais-tu ici ? Cela fait une bonne heure que tu scrutes la maison.

— Je peux vous guider jusqu’aux hommes que vous traquez.

— Tu nous files ?

— Allons, ne voyez pas les choses ainsi, je détiens un renseignement capital, répliqua Andrés en plissant les sourcils, aveuglé par la lumière rasante du soleil qui se couchait.

— Je ne sais pas de quoi tu parles.

— Où de qui ? Je possède des informations sur Julen Asian, alias le lion.

À croire que ces deux mots venaient de faire mouche. Les yeux grands ouverts et les doigts crispés sur les cerneaux, le colonel Roldán le saisit par le col de la veste.

— Qu’est-ce qui te fait penser que nous sommes à sa recherche ?

— Je te parle de celui qui a assassiné l’amiral.

Le Colonel avala d’un trait les cerneaux de noix, porta la cigarette aux lèvres, aspira une large bouffée, qui lui remplit les poumons, avant de relâcher la fumée vers Valdez.

— Les deux autres abrutis qui t’accompagnent sont au courant de ta venue ici ?

Tout cela paraissait théâtral. L’inspecteur dut se contenter de lâcher un non timide. Il fut soulagé lorsque Ruiz Roldán lui lança un sourire et lui tapa dans le dos.

— Comment as-tu retrouvé notre trace ?

— L’un des vôtres appartient à la garde civile, j’ai été amené à travailler avec la Benemerita sur d’autres affaires, j’ai gardé quelques contacts. Cela fait une paille que je suis au courant de l’existence de votre groupe.

— Où en est l’enquête du commissaire Federico Royanez ?

— Une jeune inspectrice vient de rejoindre l’équipe en charge des investigations. J’ai pris quelques journées de repos. Le commissaire est conscient des liens entre la Benemerita et l’élimination des membres du commando, mais à ce stade, il ne peut rien démontrer.

— Finalement, tu joues sur tous les tableaux. Tu travailles pour le commissaire Royanez, tu mènes la traque avec tes amis et tu viens me proposer de te prendre à nos côtés. Décris-moi à quoi ressemble Julen Asian.

Andrés se passa la main sur la bouille. Le colonel jeta son mégot. Leurs regards se croisèrent. Une bruine fine commençait à tomber.

— Des épaules larges et massives avec des yeux d’un noir perçant, une mâchoire puissante qui impose l’image d’une personne sûre d’elle. Finalement, cet homme serait facile à abattre en pleine rue.

Soudain, des voix se firent entendre depuis la villa. D’un pas nonchalant, l’un des individus fit mine d’arracher la goupille d’une grenade imaginaire avec les dents. Il s’avança sur le perron et s’amusa à lancer l’engin explosif. Il était déjà 19 heures passées. Le colonel soupira et parut énervé.

— C’est bon, la fouine, revient ce soir.

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