7.

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7.

Nous étions dans la nuit du dimanche 17 décembre 1978, alors que je me reposais dans le fauteuil du séjour, Julen, lui, regardait le corps de Karia. Elle dormait paisiblement avec la poitrine renflée et ses longues jambes fines qui glissaient sur le drap. Il mit sa main sur sa hanche et remonta du bas des reins à la nuque. Il crispa les doigts et entama des caresses circulaires. Julen saisit de son autre main celle de Karia et croisa ses doigts avec les siens. Il bascula sur son dos pour se blottir et sentir la peau de celle qu’il aimait qui frissonnait de désir. Julen écarta de ses pieds les jambes de celle qui peuplait ses nuits de fantasme. Il posa sa joue sur l’épaule de Karia et écouta les battements du cœur qui accéléraient. Il commença à presser violemment son bas ventre sur les reins de Karia qui plongea dans une rêverie érotique. Le lion s’empressa de la conquérir alors qu’elle tentait en vain de resserrer ses cuisses humides.

D’un geste brusque, il releva la tête, au moment où il entendit les grognements du chien de garde. D’un bond, il sauta hors du lit et se rua vers la fenêtre. Il se glissa derrière le rideau, l’écarta lentement et balaya d’une œillade l’esplanade de l’église.

— Qu’y a-t-il Julen, lui demanda-t-elle, alors qu’il tapait du poing contre la cloison.

— Rien, encore ce diable de ruby, qui aboie bêtement.

Depuis quelques jours, Julen traquait le moindre bruit suspect et dévisageait les regards des promeneurs qu’il croisait dans la rue.

— Calme-toi Julen, et reviens près de moi.

Le lion garda les yeux fixés sur l’allée un long moment avec le menton appuyé contre le carreau. Un rond de buée commença à se former sur la vitre. Il fut surpris de découvrir sa main moite qui tremblait et sentir son bras qui fourmillait. Saisi d’une panique soudaine, il tambourina à nouveau contre la paroi.

— Ils sont là, je les renifle. Quelle connerie ! Je n’aurais jamais dû rester à Anglet.

Karia tira le drap à elle pour s’en revêtir, se leva du lit et alla se serrer contre lui. Dans une infinie tendresse, elle posa sa joue contre son dos.

— Cesse de t’inquiéter, depuis le mois de septembre, nous n’avons jamais revu ces hommes.

— Cela ne veut rien dire, ils sont là, ils n’ont pas disparu.

Julen bouscula Karia en reculant de quelques pas, la repoussa de la main et retourna se coucher. Il enfouit la tête dans l’oreiller. Les coups de poing contre la cloison me réveillèrent et j’entendis mon ami qui sanglotait. Pour la première fois, il me dévoilait sa peur et peut-être son vrai visage.

— Ce que tu as fait à l’époque, c’est du passé. Tu as été amnistié par le gouvernement espagnol, lança Karia.

— Je ne redoute pas la mort, c’est pour toi que je m’inquiète, s’il t’arrivait malheur, je…

— Craindre pour ma vie ? Mais où vas-tu inventer tout ça ?

— Karia, je mourrai mille fois pour toi.

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