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Dans la soirée, Karia s’attendait à ce que Julen la réconforte, lorsqu’il la rejoignit dans la chambre. Au lieu de quoi, il se mura dans le silence, pour lui déclarer avec l’œil furieux :
— Karia, tu ne devais pas demeurer seule. En mon absence, c’est Bixente qui est responsable de toi.
— Quoi ?
— Tu étais censée rester chez ta mère au village de Bassussary. Cet homme, que t’a-t-il dit d’autre ?
— Que nous devions fuir cette nuit ou demain matin au plus tard.
— C’est un piège, ces gars essayent de me pousser dans leurs griffes.
Karia ne parvint pas à refouler ses craintes, trop inquiète d’avoir mal agi.
— Julen, je suis tellement désolée…
— Nous devons être prudents.
Le lion l’attira contre lui, et l’embrassa sur le front. La maison du pêcheur restait silencieuse. Il posa ses deux mains plaquées sur ses joues et lui glissa un baiser sur les lèvres. La peau musquée de Karia éveilla en lui un désir fou. Il écarta les bretelles de la robe, plongea ses doigts dans le dos pour dégrafer le soutien-gorge. Julen entoura sa paume autour du sein ferme de la jeune femme, tandis que la bouche pulpeuse de Karia s’offrait à lui.
Elle dénoua ses cheveux roux, et s’agenouilla à ses pieds. Comme chaque soir, les rideaux étaient tirés et la lumière jaunie du néon baignait la chambre d’une douce lueur. La taille fine de celle qui hantait ses nuits l’excita. Il sentit ses pulsations qui accéléraient. À son tour, il s’accroupit, l’enlaça de ses bras puissants et éveilla en elle, du bout des doigts, une passion folle.
À l’aube, Julen la regardait qui dormait en posture fœtale, nue sur le drap. Il caressa sa longue chevelure qui ondoyait le long du dos. Il se pencha sur elle et lui murmura :
— Je t’aime mon amour.
Le lion sortit de la chambre, revêtu de son pantalon et d’un pull, se dirigea vers la cour à l’arrière de la maison. Les premiers rayons du jour brillaient, vacillaient et l’éblouissaient. Il resta planté un grand moment devant le parterre de fleurs. La chaleur le grisait, et il y avait bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti une paix intérieure, qui telle une vague de tendresse le submergeait. Du côté nord, il put observer l’épais manteau vert qui montait en rampe douce vers les éperons des montagnes environnantes. Alors que Karia dormait encore, il alluma une cigarette et fut réjoui par cette belle journée qui commençait. Il savait qu’une chose terrible se préparait contre lui, et pourtant, il demeurait serein. Tandis qu’il mordillait ses lèvres, Il tourna brusquement les talons au moment où j’entrais.
— Julen, c’est moi ! Hé ! l’ami, où es-tu ?
— Par ici, Bixente, dans le jardin de derrière.
Je balançai les clés de la Fuego d’une main à l’autre, et le pas léger, pointai mon nez dans la cour. Julen étira les bras dans un bâillement du diable.
— Cours vite réveiller Karia, on quitte Anglet !
Je bondis par-dessus le parterre de fleurs et atterris au ras du visage de Julen. Je m’esclaffai et poussai un cri de joie.
— Pour l’occasion, je disparais pour me raser.
— Bixente, je partirai avec Karia demain matin. Tu retournes seul, aujourd’hui, à Algorta. Tiago va t’aider.
— Que veux-tu dire ?
— C’est ici que nos chemins se séparent. Je te laisse la Fuego, Tiago vient de me louer une Renault 5.
Julen marqua un silence, puis il me sourit, et les mirettes pétillantes m’envoya une redoutable tape sur l’épaule.
— Garde ce qui est bon en toi et oublie toute cette histoire.

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